Les experts Guillem Colom, docteur en sécurité internationale, Guillermo Pulido, doctorant en études stratégiques, et Mario Guillamó, diplômé en sciences politiques et en administration, ont alerté dans une étude sur « le réarmement et le renforcement des capacités militaires du Maroc », qui est en concurrence avec l’Algérie et revendique Ceuta et Melilla, après que les États-Unis sous Trump ont reconnu la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental. Ces deux éléments pourraient menacer la paix dans la région du détroit de Gibraltar, estiment-ils.
« Le Maroc a annoncé un plan quinquennal de réarmement dans lequel il a prévu d’acquérir du matériel militaire pour 22 milliards de dollars », rappellent les experts. « L’accroissement concurrentiel des armements d’un pays par rapport à un autre (en supposant qu’ils soient en conflit) engendre une méfiance quant aux intentions offensives possibles et aboutit finalement à une situation de crise », préviennent-ils.
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Le Maroc a déjà acquis avec le financement partiel de l’Arabie saoudite, une vingtaine de chasseurs-bombardiers américains F-16 Block 50/52, et d’autres matériels militaires, soulignent les experts qui ajoutent que récemment encore, « de nombreux moyens militaires ont été acquis par le Maroc afin d’accroître sensiblement son potentiel militaire ». Il s’agit entre autres d’une vingtaine de F-16 Block 70/72 modernes, de deux cents chars de chasse M1-A1 Abrams (dont 162, mise à jour avec les dernières améliorations disponibles), de 24 hélicoptères de chasse Apache AH-64E, etc. Les experts concluent que cette course aux armements risque de conduire à une « instabilité » dans la région et affectera aussi l’Espagne par rapport à Ceuta et Melilla.
La ministre de la Défense espagnole, Margarita Robles, avait indiqué pour sa part qu’elle n’envisageait pas de revoir sa stratégie à l’égard de Ceuta et Melilla malgré le réarmement du Maroc. Il s’agit d’une « affaire interne du Maroc », pays qui mérite le « plus grand respect », avait-elle déclaré à Europa Press. L’Espagne n’est pas seule, sa politique de défense fait corps avec celle de l’Union européenne et de l’OTAN, alors que « le Maroc n’appartient ni à l’UE ni à l’OTAN », avait ajouté la ministre.