Les profs absents plus de 168.000 jours en 2007

27 mars 2008 - 19h10 - Maroc - Ecrit par : L.A

C’est décidé, le ministre de l’Education nationale s’est engagé à déployer tous les efforts pour lutter contre le phénomène de l’absentéisme chez le corps enseignant. Ce phénomène qui a pris de l’ampleur ces dernières années est même considéré parmi les causes principales de l’échec de notre école.

Le département d’Ahmed Akhchichine envisage, dans ce cadre, de revoir les textes réglementant les procédures d’absentéisme avec comme objectif de se doter des moyens légaux de sanctionner sévèrement les absences irrégulières. Même pour les cas justifiés comme les situations de congés de maladie, le traitement sera changé en appliquant le principe : un service non rendu n’est pas rémunéré. Sur ce volet, le ministère envisage de revenir à l’ancien système qui consiste à défalquer les indemnités de fonction de la solde des enseignants absents.

Selon un responsable de ce département, ce sont les dispositions de la note interne n° 19 du 17 mars 2004, qui régit actuellement les conditions d’absence du corps enseignant, qui facilitent et encouragent en quelques sortes le fléau, surtout par le biais des certificats médicaux. La procédure en vigueur « offre » au fonctionnaire la possibilité de s’absenter 89 jours par an, bien entendu « justifiés », sans qu’ils ne soient retenus sur son salaire. Mais, en attendant l’amendement des textes, la direction des ressources humaines s’active à traiter les prélèvements sur salaires pour les personnes signalées en situation d’absence irrégulière.

En effet, le nombre de jours prélevés au titre de 2007 a triplé par rapport à celui enregistré l’année précédente pour atteindre 168.533 jours contre 68.042 uniquement en 2006. En 2007, plus de 64% des absences sont dus à des mouvements de grèves « non réglementaires ». Le reste concerne les absences non justifiées avec un total dépassant les 60.000 jours.

Par région, la palme de l’absentéisme revient à l’Académie de Meknès-Tafilalet qui occupe la première place avec 67.535 jours, suivie de celle de Rabat-Salé-Zemmour-Zaër qui a enregistré plus de 35.000 jours d’absence. A noter que la part de ces deux académies dépasse les 60% du total des jours d’absence signalés au niveau des 16 académies du pays.

Toutefois, l’impact financier des prélèvements sur salaire suite à ces absences irrégulières est estimé à plus de 17 millions de DH pour 2007 contre 7 millions en 2006. Les services du ministère sont mobilisés pour traiter les dossiers de prélèvements rapidement. En effet, ceux se rapportant aux exercices 2006 et 2007 ont été presque bouclés en janvier 2008. Parallèlement à ce travail administratif, les services du ministre mènent périodiquement, en mai et en novembre de chaque année, des opérations de recensement du personnel enseignant dans les différents établissements scolaires. Le but est d’identifier les personnes en situation irrégulière pour prendre les mesures disciplinaires qui s’imposent. En effet, durant l’année scolaire 2006-2007, ce travail de contrôle a permis de relever 85 cas de personnes qui n’exercent pas leur activité contre 40 cas enregistrés l’année précédente. Toujours dans le même chapitre, il faut noter que le nombre de décisions de radiation prises par le ministère a été de 219 cas en 2007 contre 250 en 2006, selon un communiqué du département de Akhchichine.

Une expérience-pilote

Combattre l’absentéisme des enseignants est un chantier qui nécessite la mobilisation de plusieurs départements ministériels, notamment celui de la Santé. C’est l’avis de Tijania Fertat, directrice de l’Académie de la région de Rabat. C’est dans cet esprit qu’un accord a été établi entre les délégations de l’Education et celle de la Santé au niveau de la région de Skhirat-Temara. Il s’agit d’un travail de coordination pour le traitement et le contrôle des certificats de maladie en vue de lutter contre les abus. Pour ce faire, il a été convenu entre les deux parties que le certificat ainsi que les documents médicaux soient adressés, sous pli fermé, par le directeur de l’établissement scolaire concerné à la délégation de la Santé. Le malade doit, après, se présenter devant la commission médicale dans un délai de 72 heures à partir de la datte d’effet du certificat médical. A défaut, une contre-visite du malade est effectuée dans son domicile. Suite à ces contrôles, et selon la situation médicale de la personne, la commission est habilitée à réduire le nombre de jours d’autorisation d’absence accordés initialement par le médecin traitant.

Source : L’Economiste - Nour Eddine El Aissi

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Administration - Education - Budget

Ces articles devraient vous intéresser :

Marrakech veut en finir avec la mendicité et les SDF

La ville de Marrakech mène une lutte implacable contre la mendicité professionnelle et le sans-abrisme, qui porte déjà ses fruits. À la manœuvre, la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN) et la brigade touristique.

Booking dicte sa loi aux hôtels marocains

La plateforme de réservation en ligne, Booking.com continue de dicter sa loi aux hôteliers marocains, ainsi qu’aux agences de voyages, provoquant d’énormes pertes économiques.

Armée marocaine : une hausse historique du budget pour 2025

Le projet de loi de finances 2025 a prévu un budget de 133 milliards de dirhams pour le ministère de la Défense. Un budget en hausse par rapport à l’année 2024 où 124 milliards ont été alloués à ce département. Ces fonds serviront à l’acquisition de...

Après le séisme, le défi éducatif du Maroc sous les tentes

Après le puissant et dévastateur tremblement de terre du 8 septembre, les enfants marocains se rendent à l’école et reçoivent les cours sous des tentes. Certains ont du mal à s’adapter, tandis que d’autres tentent d’« oublier la tragédie ».

Le Maroc adopte les livrets de famille électroniques

Face à la pénurie des livrets de famille dans certains services d’état civil, le ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit a annoncé l’adoption progressive des livrets de famille électroniques.

Fonctionnaires marocains : des coûts salariaux de plus en plus insoutenables ?

Au Maroc, les quelque 570 917 fonctionnaires publics devraient coûter 180,27 milliards de dirhams à l’État en termes de salaire en 2025, ce qui représente 10,96 % du PIB et près de 53 % de l’investissement prévu. Des dépenses qui pèsent lourd sur les...

Maroc : mise en garde contre les constructions illégales

Abdelouafi Laftit, ministre de l’Intérieur, a apporté des clarifications au sujet des démolitions dans les zones côtières.

Maroc : les gifles toujours présentes à l’école

Une récente enquête du Conseil supérieur de l’éducation, de la formation et de la recherche scientifique (CSEFRS) lève le voile sur la persistance de pratiques de punitions violentes dans les établissements scolaires marocains.

Intoxications en hausse au Maroc : quelles solutions ?

La Fédération marocaine des Droits des Consommateurs s’inquiète après la hausse des cas d’intoxication alimentaire enregistrés dans certains restaurants ces dernières semaines. Elle appelle le ministre de la Santé et de la Protection sociale à...

Maroc : constat inquiétant pour les élèves

L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a publié les résultats du Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA) pour 2022, révélant des difficultés majeures dans l’apprentissage au sein de l’école...