La rumeur selon laquelle le péage sur les autoroutes marocaines aurait augmenté est fausse, vient d’indiquer Anouar Benazzouz, directeur général de la société nationale des Autoroutes Du Maroc (ADM).
Les automobilistes au Maroc n’auraient-ils que des obligations et pas de droits ? La question mérite d’être posée au moment où l’on s’apprête à voter le dernière mouture d’un nouveau code de la route appelé, selon ses auteurs, à régler définitivement les nombreux dysfonctionnements que les conducteurs vivent au quotidien depuis des lustres.
Nonobstant, en effet, l’extraordinaire accroissement du parc automobile national, conséquence indéniable de la hausse du niveau de vie moyen ces dernières années et l’état déplorable de la plupart des voies de circulation urbaine et routière, du fait notamment des dernières et prolongées intempéries, des facteurs « ne varietur » gâchent au quotidien la vie des citoyens qui croient encore que la circulation routière et autoroutière fait l’objet d’une planification et d’une prévision anticipatrices de la part des différentes autorités, départements et institutions concernées.
Le bouchon du siècle !
Quelques exemples illustreront ce triste constat. Ainsi, vendredi 13 (et pour cause !) février, un camion citerne de la société Ziz, transportant plus de trente tonnes de carburant s’est renversé sur l’autoroute dans le sens Casablanca –Rabat entre les échangeurs de Mohammedia et Bouznika, plus précisément à hauteur de Mansouriah. L’accident à eu lieu à 8h 50 le matin. Ce tronçon d’autoroute a été gravement perturbé par un énorme bouchon tout au long de la journée, et il fallait, en moyenne, plus d’une heure et demie aux véhicules pour parcourir la quinzaine de kilomètres séparant ces deux sorties, dans la plus belle des pagailles, avec les véhicules empruntant les voies de dégagements latérales, sinon les bas-côtés, aggravant encore plus la situation. Ce n’est que vers 21h du même jour que la circulation a retrouvé sa fluidité. Comment expliquer cette situation lamentable sinon par l’imprévision, l’incurie, l’irresponsabilité ?
En effet, ce n’est qu’à la hauteur même de l’accident que l’on pouvait voir deux gendarmes, à côté de leurs engins, devisant entre eux, et agitant mollement la main en direction des automobilistes pour leur faire signe d’avancer ! Nulle indication à la hauteur du début du bouchon pour avertir les conducteurs d’un grave et prolongé ralentissement, nul panneau indiquant un rétrécissement de la voie, nulle voiture de la société des autoroutes pour ordonner, avec les responsables de la circulation routière, le trafic !
Pourtant, ADM, qui ne se prive pas de relever les tarifs des péages, aurait dû prendre les mesures nécessaires pour garantir, quelles que soient les causes, la fluidité du trafic. Il aurait été possible, notamment, d’ouvrir la voie inverse à la double circulation, sur deux sens, sur la distance relativement courte affectée par cet accident. On a préféré laisser faire les choses et gravement perturber le quotidien de dizaines de milliers de citoyens qui empruntent chaque jour l’autoroute la plus fréquentée du Royaume !
Œil de lynx …
Ce manque de prévision et de réactivité est rendu encore plus insupportable quand l’automobiliste se rend compte qu’il n’est, en fait, qu’« une vache à traire » pour les pouvoirs publics, à travers la politique tarifaire d’ADM, mais également par la politique de « prévention » matérialisée par la multiplication des contrôles radars par flashage. Impossible de contester les dires du gendarme qui affirme que vous avez dépassé la vitesse autorisée, même si votre véhicule dispose d’un système de réglage de la vitesse. Sa parole vaut de l’or… et vos protestations n’y feront rien ! Le citoyen en vient donc à se demander si ces radars obéissent à la préoccupation de prévention des accidents de la route ou à la nécessité d’emplir les caisses de l’Etat (dans le meilleur des cas..). En effet, entre Fès et Casablanca, par exemple, sur une autoroute qui se distingue par sa qualité et son tracé plutôt rectiligne, ce ne sont pas moins de huit équipes radars qui opèrent et, grâce à la générosité du ciel tout au long de l’automne et de l’hiver, à quelques jours d’un printemps prometteur, en étant le plus souvent « planquées » dans les hautes herbes de la bande centrale pour flasher à tout va.
L’introduction du permis à points au moment où ce dispositif est très largement critiqué en Europe et en passe d’être réformé (en France notamment), l’augmentation sensible du montant des amendes, la mise en place de radars fixes, et les autres innovations du prochain Code de la Route ne serviront sans doute à rien tant que les mentalités ne changeront pas et que les habitudes et les pratiques déloyales seront reprochées à ceux qui ont en charge la sécurité routière dans ses diverses acceptions et dimensions. Le jour où les contrôles seront plus fréquents sur les routes à grand trafic où sévissent taxis clandestins, camions surchargés, autocars et autres transporteurs « borgnes », où les contrôles radar seront destinés à la dissuasion et non à la ponction financière, les promesses, paroles, assurances et garanties de M. Ghellab seront prises au sérieux par nos concitoyens qui perçoivent parfaitement l’immense écart qui existe aujourd’hui entre le discours officiel et la réalité sur le terrain !
Source : La Nouvelle Tribune - Fahd Yata
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