La préfecture de police de Paris condamnée pour avoir interdit une manifestation des Hijabeuses

10 février 2022 - 10h40 - Monde - Ecrit par : P. A

Le tribunal administratif de Paris n’a pas approuvé la décision de la préfecture de police, interdisant la manifestation organisée par les Hijabeuses pour soutenir le droit des femmes à participer à des compétitions sportives avec le voile.

Les Hijabeuses avaient prévu un match de football mercredi 9 février sur l’esplanade des Invalides. Une date et un lieu retenus sans doute à dessein par le collectif, d’autant que l’Assemblée devait examiner ce même jour la proposition de loi visant à « démocratiser le sport », fait savoir Saphir News, rappelant qu’une autre proposition visant à interdire le port des signes religieux lors des événements sportifs, avait été rejetée par les députés en janvier dernier.

Après le match devant le Sénat, les Hijabeuses ont décidé de manifester près du Palais Bourbon, ce qui n’a pas été vu d’un bon œil par la préfecture de police qui a interdit cette manifestation au nom de « la sécurité des manifestants eux-mêmes » et du « maintien de l’ordre public ». Dans son arrêté, elle a mis en avant la période « pré-électotale actuelle et le contexte international marqué par la lutte contre l’obligation faite aux femmes de porter le voile islamique dans certains pays musulmans tels que l’Iran et l’Afghanistan ».

À lire : France : les « Hijabeuses » manifestent contre l’interdiction du port du voile en compétition

Un argument battu en brèche par les Hijabeuses qui assurent qu’au contraire, leur revendication ne vise qu’à défendre le droit pour toutes les femmes de disposer de leurs corps à leur guise. Le collectif a alors saisi le tribunal administratif de Paris pour contester cette décision dans le cadre d’un référé-liberté. Le juge a tranché mercredi en leur faveur, estimant que la préfecture a porté une « atteinte grave et manifestement illégale » à la liberté de manifester.

Pour ce manquement, le tribunal a condamné l’État à verser 1 000 € aux Hijabeuses qui ont annoncé un nouveau rassemblement devant l’Assemblée nationale dans les prochains jours. « Démocratiser le sport, c’est s’assurer que nos terrains ne soient jamais des espaces d’exclusion mais au contraire, des lieux de rencontre, d’échange, de défis, et de partage », soutient le collectif dans une tribune publiée dans le journal Libération.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Paris - Manifestation - Droits et Justice - Femme marocaine

Aller plus loin

France : les « Hijabeuses » manifestent contre l’interdiction du port du voile en compétition

Les “Hijabeuses” ont organisé mercredi 26 janvier un match de football dans le jardin du Luxembourg, juste devant le Sénat, pour afficher leur opposition au vote d’un amendement...

Voile dans le sport : critiqué, le Conseil d’État met en garde

Le Conseil d’État dénonce les attaques dont il fait l’objet depuis le lundi 26 juin, date à laquelle s’est tenue l’audience d’examen du recours des Hijabeuses contre la...

Le voile dans le sport : Borne s’engage, les Hijabeuses résistent

Le gouvernement français est déterminé à aller au bout de sa démarche d’interdire le port du voile dans le sport, malgré l’opposition du collectif des Hijabeuses.

En France : "les Hijabeuses" veulent aussi jouer au football

Les footballeuses voilées dénoncent la discrimination dont elles sont victimes de la part de la Fédération française de Football (FFF). Celle-ci leur a interdit toute...

Ces articles devraient vous intéresser :

Mohamed Ihattaren risque d’aller en prison

L’avocat de Mohamed Ihattaren, Hendriksen, confirme que le joueur d’origine marocaine est poursuivi en justice pour légère violence envers sa fiancée Yasmine Driouech en février dernier. La date de l’audience n’est pas encore connue.

Cosmétiques contrefaits : une bombe à retardement pour les Marocaines

Nadia Radouane, spécialiste en dermatologie et esthétique, alerte les Marocaines sur les risques liés à l’utilisation des produits cosmétiques contrefaits.

Maroc : les femmes divorcées réclament des droits

Au Maroc, les appels à la réforme du Code de la famille (Moudawana) continuent. Une association milite pour que la tutelle légale des enfants, qui actuellement revient de droit au père, soit également accordée aux femmes en cas de divorce.

Un agriculteur espagnol attaque la famille royale marocaine

Le Tribunal de l’Union européenne a entendu mardi les arguments de l’entreprise Eurosemillas, spécialisée dans la production de semences sélectionnées, qui demande l’annulation de la protection communautaire des obtentions végétales pour la variété...

Le burkini banni dans plusieurs piscines au Maroc

Au Maroc, l’interdiction du port du burkini à la piscine de certains hôtels empêche les femmes musulmanes de profiter pleinement de leurs vacances d’été. La mesure est jugée discriminatoire et considérée comme une violation du droit des femmes de...

Le Maroc confronté à la réalité des violences sexuelles

Les femmes marocaines continuent de subir en silence des violences sexuelles. Le sujet est presque tabou au Maroc, mais la parole se libère de plus en plus.

Un député marocain poursuivi pour débauche

Le député Yassine Radi, membre du parti de l’Union constitutionnelle (UC), son ami homme d’affaires, deux jeunes femmes et un gardien comparaissent devant la Chambre criminelle du tribunal de Rabat.

Sentiment d’insécurité au Maroc : un écart avec les statistiques officielles ?

Au Maroc, la criminalité sous toutes ses formes est maitrisée, assure le ministère de l’Intérieur dans un récent rapport.

Maroc : 30 députés éclaboussés par des affaires de corruption

Au total, 30 députés marocains sont poursuivis par la justice en leur qualité de président de commune pour leur implication présumée dans des affaires de corruption, de dilapidation de deniers publics, de chantage, et de falsification de documents...

L’appel des chrétiens marocains

La communauté chrétienne au Maroc a réitéré, à l’occasion de la célébration de la fête de Noël, sa demande d’abrogation de l’article 220 du Code pénal et de la dépénalisation du prosélytisme.