Le Maroc, nouvel exportateur de gaz naturel
La région de l’Oriental pourrait débuter dans les prochaines semaines l’exportation de gaz vers l’Europe à partir de Tendrara.
« Petro-Canada, Maersk Oil, Petronas, Vanco, elles sont 28 compagnies pétrolières à prospecter au Maroc. Depuis 2000, date de l’adoption du nouveau code des hydrocarbures, notre pays est devenu plus attractif pour les chercheurs d’or noir. Ce texte a permis de créer un environnement favorable à même d’attirer les compagnies pétrolières. »
De ce fait, le secteur reçoit entre 300 et 450 millions de DH par an, apportés en majeure partie par des opérateurs privés étrangers. “Ces compagnies sont en train de nous aider à constituer des bases de données extrêmement fines sur les différents systèmes pétroliers en offshore et onshore”, souligne Amina Benkhadra, ministre de l’Energie, des Mines, de l’Eau et de l’Environnement..
Pour sa part, l’Office national des hydrocarbures et des mines (Onhym), en tant qu’organisme de recherche, participe avec plus de 50 millions de DH par an. “Cette somme permet de faire les premières évaluations géologiques ainsi que des campagnes de promotion”, explique Benkhadra.
Quasiment toutes les régions du royaume sont concernées par les efforts de prospection. L’activité enregistre un regain d’intérêt pour les bassins on-shore qui sont exploités à presque 80%. L’offshore profond qui semble, du point de vue des études techniques et géologiques, avoir un potentiel, est faiblement reconnu par des sondages. En 2004, les premiers puits offshore ont été sondés avec la compagnie pétrolière Shell au large d’Agadir et d’Essaouira. Malheureusement, ils n’ont pas donné d’informations économiques intéressantes.
Un troisième puits offshore profond réalisé en février 2008 par Petronas au large de Rabat-Salé n’a pas lui non plus rencontré le réservoir. Toutefois, certains indices laissent penser qu’il n’est pas loin et la société est en train de poursuivre les évaluations. Le sondage de ce puits a coûté à Petronas quelque 58 millions de dollars.
Le forage du puits de Shell en 2004, a nécessité, quant à lui, un investissement de 25 millions de dollars. Tous les coûts des campagnes sismiques et des forages ont été multipliés par deux. Les délais ont été rallongés et il y a eu une accélération incroyable des coûts.
Beaucoup pensaient que l’envolée des cours du pétrole allait accroître les investissements du côté de la prospection pétrolière. C’est le contraire qui s’est passé : “Lorsque les prix augmentent, les compagnies pétrolières démultiplient les investissements dans les zones de production où elles vont faire le maximum de bénéfices”, explique Benkhadra. Elles conservent par contre leur portefeuille dans des zones non matures, où il n’y a pas de production massive comme c’est le cas du Maroc.
Tout ceci nous rappelle l’histoire des gisements découverts à Talsint et qui avaient caressé, à un certain moment, le rêve de trouver du pétrole au Maroc. “A Talsint, nous avons bien trouvé du gaz, mais pendant une courte période d’essai”, souligne Benkhadra. Il faut savoir que, dans le processus de prospection, plusieurs opérations successives sont nécessaires (stratigraphie, gravimétrie, sismique 2 D, voire 3D et forage).
Les chiffres annoncés à l’époque devaient rester entre les mains des géologues pour la réalisation des phases successives de production. “C’était une petite société américaine qui était chargée de la prospection dans cette zone”, explique Benkhadra. Elle n’avait pas les moyens de faire des forages de longue durée puis des forages d’appréciation. Elle a vite cessé son activité dans ce site.
Après deux ans de gel sur ce site, des fonds saoudiens sont venus recapitaliser et la société est devenue ensuite Maghreb Petroleum Exploration (MPE). L’entreprise a pris d’autres permis de prospection à 50 km de Talsint, exactement dans la région de Tendrara. Elle a réalisé une sonde sismique 3D sur la base des études géologiques qu’avait fait Lone Star Energy. “Sur la base de cette sismique, des anomalies intéressantes ont été découvertes et l’une d’entre elle a donné du gaz”, explique la ministre. Selon elle, tout cela est en phase d’appréciation.
Malgré les efforts réalisés, le Maroc reste sous-exploré. C’est ce qui explique le fait que les résultats ne sont pas encore au rendez-vous. “Il y a du potentiel au Maroc et rien ne laisse présager qu’il n’y ait pas de pétrole dans notre pays”, explique Benkhadra. D’après elle, seuls les investissements doivent suivre.
Schistes bitumineux : La technique n’est pas encore au point
Avec 50 milliards de barils, le Maroc est accrédité de la 5e position mondiale en terme de schistes bitumineux. Cette ressource est disponible sur trois sites : Timahdite, Tarfaya et Tanger. La valorisation de cette ressource est possible grâce à deux procédés. Son utilisation comme combustible à l’instar du charbon pour produire de l’électricité (l’Estonie couvre 80% de ses besoins à partir des schistes). Le second procédé consiste à en extraire le pétrole et le gaz par pyrolyse. Ce procédé n’est pas encore adapté à l’échelle industrielle.
Un projet semi-industriel existe au Brésil. Initié par la compagnie Petrosix, il permet la production de 4000 barils par jour et l’entreprise est en train d’essayer de le faire passer au stade industriel. Dans ce sens, le Maroc, dans le cadre d’un accord avec le Brésil, va tester les schistes dans les zones de Timahdit pour leur valorisation par pyrolyse.
Pour sa part, une équipe de recherche et développement est en train de se constituer. Elle devrait allier l’OCP pour son expérience dans les grandes exploitations, l’ONE pour le volet production électrique, l’Onyhm pour la partie recherche et développement, ainsi que des universitaires. Cette équipe sera amenée à effectuer des essais pilotes pour essayer d’améliorer les conditions d’exploitation de ces schistes.
Source : L’Economiste - Saad Souleymane Bouhmadi
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