« Il y a un mois, j’ai eu le rapport favorable pour le regroupement familial à Murcie, j’étais heureux parce que j’allais réunir toute ma famille, mais quand Mohammed a été arrêté, je suis devenu fou », déclare Belkacem, le père de Mohammed, dans un entretien accordé à El Español depuis le Maroc. Père de cinq enfants à qui il envoyait régulièrement de l’argent à Oujda au Maroc, Belkacem, 58 ans, réside en Espagne depuis 30 ans. « L’Espagne, c’est mon deuxième pays », souligne-t-il. Son troisième fils, Mohammed, arrêté pour terrorisme djihadiste, a compromis le regroupement familial prévu pour fin novembre.
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Mohammed était prêt à mourir en martyr pour le djihad, selon la police. Son père a du mal à y croire. « Je ne sais pas s’il a été piégé, je ne sais pas ce qui est arrivé à mon fils. À son âge, il n’a aucune expérience ni vision de la vie : n’importe qui peut le tromper », a-t-il soutenu, défendant l’innocence de son fils. La direction générale de la surveillance du territoire (DGST) du Maroc a alerté en février la police nationale de la présence d’un individu « hautement radicalisé » en Espagne. Les enquêteurs ont commencé à suivre Mohammed, 21 ans, détenteur d’un permis de séjour et qui vivait avec son père à Blanca (Murcie) depuis 2020.
Les agents ont suivi l’activité de Mohammed sur Internet et les réseaux sociaux ces derniers mois. Le jeune homme « n’a pas d’amis » et « n’était pas très sociable », confie une famille marocaine qui vit à côté de l’appartement où il logeait avec son père. « Mohammed était une personne solitaire et très religieuse, il ne manquait jamais la prière du vendredi à la mosquée… On ne le voyait pas sortir faire la fête comme le font les autres jeunes. Sa routine se réduisait à travailler dans les champs, à faire les courses, à prier, à se promener dans le jardin, ou tout au plus à sortir avec son frère, Nasriddin, 18 ans, arrivé à Blanca fin 2021 », raconte la famille marocaine.
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Fin juillet, Belkacem, Mohammed et Nasriddin sont partis en vacances au Maroc. Seuls les deux frères sont rentrés à Blanca, leur père étant resté pour finaliser les procédures de regroupement familial. Pendant cette période, Mohammed « lisait et partageait du contenu extrêmement radical et possédait une énorme quantité de matériel de propagande à caractère djihadiste », ont constaté les enquêteurs, ajoutant que le jeune homme « a ouvertement exprimé son désir de devenir un martyr ». « Mon fils est sérieux et très timide, je ne sais pas ce qui s’est passé », se désole Belkacem.
Le tribunal d’instruction de Madrid a ordonné vendredi le placement en détention de Mohammed pour sa participation présumée avec une organisation terroriste et auto-endoctrinement terroriste. « Je ne sais pas dans quelle prison se trouve mon fils, je veux entendre sa voix, sinon je vais mourir », se plaint Belkacem.