La justice espagnole veut empêcher la libération d’un djihadiste marocain

13 juin 2022 - 17h40 - Espagne - Ecrit par : P. A

Abderrahmane Tahiri (dit Mohamed Achraf), Mohamed El Gharbi, Abdelah Abdesalam, Karim Abdesalam et Lahcen Zamzami sont des djihadistes marocains qui ont continué à endoctriner pendant leur séjour carcéral en Espagne. La justice veut éviter que l’un d’eux, Achraf, sorte de prison.

Les cinq accusés, tous précédemment condamnés pour terrorisme, se sont rencontrés dans diverses prisons en Espagne entre 2014 et 2019. Ils sont accusés à nouveau de crimes d’appartenance à une organisation criminelle et d’endoctrinement terroriste. L’Audience nationale veut accélérer les procédures pour que leur procès démarre début juillet afin d’éviter que l’un d’entre eux, Abderrahmane Tahiri (dit Mohamed Achraf) soit libéré de prison.

À lire : Un Marocain pro-Daech arrêté pour endoctrinement djihadiste en Espagne

Les mis en cause se sont échangés des lettres que la Garde civile est en train d’analyser. Ces textes contiennent des chants utilisés par les organisations terroristes djihadistes pour encourager leurs combattants à poursuivre les missions pour lesquelles ils avaient été arrêtés et condamnés. Le leader du groupe, Achraf, d’origine marocaine, avait été condamné en 2008 par la Haute Cour nationale à 14 ans de prison pour appartenance à une organisation terroriste. Il avait déjà été condamné pour endoctrinement salafiste, djihadiste et takfiriste de la population carcérale musulmane, fait savoir La Razon.

Il est le véritable chef spirituel du groupe. En séjour à la prison d’Estremera (Madrid), il a dessiné le drapeau de DAESH sur certains murs avec des phrases telles que : « Nous sommes les soldats du califat », « L’État islamique, c’est nous ». Il recrutait les détenus et les endoctrinait dans la cour de la prison. « Nous sommes condamnés pour la même chose, nous pensons la même chose, nous agissons de la même manière, nous avons les mêmes idées, les mêmes pensées […], les mêmes affinités et la même idéologie », indiquait-il dans l’une de ses lettres.

À lire : Espagne : procès d’un imam marocain accusé d’endoctrinement djihadiste

Achraf devrait être libéré en octobre 2022 s’il n’y a pas de condamnation. La chambre criminelle de l’Audience nationale veut donc accélérer les procédures pour empêcher ce djihadiste de sortir de prison. Le procès aura lieu du 4 au 8 juillet, assurent des sources judiciaires. El Gharbi (condamné en 2019 à 8 ans), a exprimé en prison son désir de mourir en kamikaze. De son côté, Abdelah Abdesalam (condamné à 10 ans en 2016) exerçait une grande influence sur les autres détenus. Karim Abdesalam et lui avaient créé en 2016 une organisation djihadiste afin d’envoyer des combattants en Syrie.

Lahcen Zamzami, condamné en 2018 à 12 ans, était très discret, mais avait une connaissance beaucoup plus large de la religion. Certains prisonniers l’appellent « frère admirable » ou « cher père ». L’Association des victimes du terrorisme (AVT) et l’association 11M Affectés par le terrorisme, demandent de les condamner pour constitution de groupe terroriste, collaboration terroriste, recrutement et endoctrinement.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Espagne - Terrorisme - Droits et Justice - Prison

Aller plus loin

Canaries : un Marocain condamné pour endoctrinement djihadiste

La justice espagnole a condamné lundi un Marocain à une peine de trois ans de prison en tant qu’auteur d’un «  crime de recrutement terroriste et d’endoctrinement  ».

Espagne : procès d’un imam marocain accusé d’endoctrinement djihadiste

Le procès de Mohamed C., imam marocain de la mosquée Herrera à San Sebastián, dans le nord de l’Espagne, accusé d’endoctrinement djihadiste sur des jeunes et l’un de ses fils...

Accusés de terrorisme en Espagne, plusieurs Marocains acquittés

Faute de preuves suffisantes, la justice espagnole a acquitté cinq Marocains, accusés d’être membres d’un groupe terroriste qui a l’intention de mener des attaques et de faire...

Maroc : À 80 ans, il demande la grâce du roi Mohammed VI

Arrêté à son retour de Syrie, puis incarcéré dans une prison à Meknès en 2018, un djihadiste marocain aujourd’hui octogénaire demande la grâce royale et une réduction de peine....

Ces articles devraient vous intéresser :

Le Maroc frappe un grand coup dans la lutte contre le terrorisme

Une cinquantaine d’individus ont été arrêtés mercredi au Maroc lors d’une importante opération visant des membres présumés de groupes djihadistes.

Corruption : des élus locaux pris la main dans le sac

Abdelouafi Laftit, ministre de l’Intérieur, tente d’en finir avec la corruption et la dilapidation de deniers publics. Dans son viseur, une trentaine de présidents de commune et de grand élus dont il a transféré les dossiers devant l’agent judiciaire...

Maroc : les casinos sous haute surveillance

Dans le cadre de la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, les services compétents du ministère de l’Intérieur ont effectué des missions de contrôle dans sept casinos entre avril et septembre 2024, et démantelé plusieurs...

Décès de Malika El Aroud, « La Veuve noire du Jihad »

Malika El Aroud, condamnée pour terrorisme en 2008, est décédée à l’âge de 64 ans. Cette femme, qui avait la double nationalité belge et marocaine, avait été déchue de sa nationalité belge en 2017 pour avoir « gravement manqué à ses devoirs de...

Tarik Tissoudali condamné

Décidément, la semaine est décidément noire pour Tarik Tissoudali. Après s’être attiré les foudres de son club, La Gantoise, pour des critiques acerbes suite à la défaite contre le Standard, l’attaquant de 30 ans a été condamné vendredi par le tribunal...

Maroc : un ministre veut des toilettes pour femmes dans les tribunaux

Le ministre de la Justice, Abdellatif Ouahbi, s’est indigné face à l’absence de toilettes pour les femmes dans les tribunaux, ce qui selon lui constitue un « véritable problème » pour les détenues.

Sentiment d’insécurité au Maroc : un écart avec les statistiques officielles ?

Au Maroc, la criminalité sous toutes ses formes est maitrisée, assure le ministère de l’Intérieur dans un récent rapport.

Au Maroc, le mariage des mineures persiste malgré la loi

Le mariage des mineures prend des proportions alarmantes au Maroc. En 2021, 19 000 cas ont été enregistrés, contre 12 000 l’année précédente.

L’affaire "Escobar du désert" : les dessous du détournement d’une villa

L’affaire « Escobar du désert » continue de livrer ses secrets. L’enquête en cours a révélé que Saïd Naciri, président du club sportif Wydad, et Abdenbi Bioui, président de la région de l’Oriental, en détention pour leurs liens présumés avec le...

Maroc : Vague d’enquêtes sur des parlementaires pour des crimes financiers

Une vingtaine de parlementaires marocains sont dans le collimateur de la justice. Ils sont poursuivis pour faux et usage de faux, abus de pouvoir, dilapidation et détournement de fonds publics.