
Au Maroc, les femmes continuent de subir toutes sortes de violence dont les cas enregistrés ne cessent d’augmenter au point d’inquiéter.
Une femme, battue et séquestrée par son mari, libérée par un bout de papier jeté par la fenêtre
BRUXELLES Un drame conjugal. Il date du week-end. Les faits se passent à Bruxelles, rue de l’Abattoir. Le couple y habite au troisième étage. Il s’est marié au Maroc, il y a deux ans. Ils n’ont pas d’enfant. Noureddine, 35 ans, est mécanicien. Sa femme - que nous prénommerons Fatima - a 31 ans. Lundi midi, un petit voisin confirmait qu’effectivement on entendait souvent du bruit chez eux´ et d'ailleurs
la police était déjà venue´.
Vendredi soir, Noureddine est sorti seul. Sa femme s’est mise au lit. Il est rentré, samedi à 2 h du matin. Nous avons raconté (lire nos éditions d’hier) qu’il avait commencé par déverser deux canettes de bière sur son épouse endormie. Fatima confirme et précise même qu’au début, connaissant son mari, voyant l’état dans lequel il se trouvait et craignant par-dessus tout ses réactions, elle s’était interdite de réagir.
Comme elle ne disait rien, Noureddine l’a secouée, l’a bousculée, l’a insultée et l’a traitée de tous les noms. Il lui a dit aussi qu’elle était son esclave et rien d’autre et qu’il la tuerait si elle osait le dénoncer. Le mari s’est assis sur le ventre de sa femme et l’a giflée. Fatima n’oubliera jamais qu’il lui répétait : `La loi est avec moi. Elle ne me fera rien car je suis saoul. Donc je bois pour te frapper et je vais encore boire pour te tuer´.
Le calvaire a duré trois heures. A un moment, Fatima a cru pouvoir s’emparer d’un GSM et appeler une ambulance : son mari le lui a arraché des mains. Idem avec les clés quand Fatima a tenté de s’enfuir. Elle a continué de recevoir des coups. Sa chance ? Elle a réussi à griffonner un appel au secours sur un bout de papier qu’elle a jeté par la fenêtre. Il était temps : vers 5 h, le mécanicien bouclait sa femme dans une chambre d’où elle ne pouvait s’échapper. Le bout de papier est resté pendant encore sept heures sur le trottoir de la rue de l’Abattoir...
Vers midi 40, un passant - qui a souhaité garder l’anonymat - le ramassait et alertait les secours. La police de Bruxelles intervenait à l’adresse, interpellait le mari qui cuvait sa bière et libérait son épouse. Fatima est arrivée en état de choc à l’hôpital Saint-Pierre. Elle est pour sept jours en incapacité de travail et est hébergée entre-temps dans un centre pour femmes battues.
Son mari lui interdisait d’écouter la radio. Il l’empêchait de regarder la télévision. Elle ne pouvait pas non plus faire couler et utiliser de l’eau chaude. Fatima est décidée à demander le divorce.
Gilbert Dupont
La Dernière Heure 2002
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