Rhône-Alpes : pas de places pour enterrer les musulmans morts du covid-19
Les familles musulmanes résidan à Lyon ont du mal à trouver de places dans les cimetières disposant d’un carré musulman pour leurs proches décédés des suites du covid-19.
Avec la saturation des carrés musulmans due aux nombreux cas de décès du coronavirus, plusieurs familles musulmanes en France sont dans la tourmente. Et le fait que certains pays maghrébins refusent le rapatriement des défunts, pour limiter le risque de propagation du virus, n’arrange pas la situation.
Les familles musulmanes endeuillées du fait du covid-19, vivent un véritable casse-tête. Elles sont confrontées au manque de place dédiée à leur culte dans les cimetières en France, et l’impossibilité pour leur pays de recevoir les défunts pour des obsèques selon le rite islamique. C’est le cas de Mohamed, qui de son vivant, avait cotisé dans "la caisse familiale pour garantir le rapatriement de sa dépouille et ses obsèques au pays". Mais ses dernières volontés ne pourront être respectées, rapporte France24.
Les autorités algériennes ont catégoriquement refusé le rapatriement, car la famille n’a pas pu présenter "le certificat de non contagion" du vieillard. Finalement, c’est loin de chez lui et d’un cimetière musulman, qu’il sera inhumé en petit comité à Seine-Saint-Denis, là où il a vécu pendant plus de 50 ans.
La situation est devenue préoccupante pour toutes les familles musulmanes, même les pompes funèbres. Le responsable des pompes funèbres musulmanes, Al Janaza a expliqué au micro de France24 que "le Maroc et la Tunisie ont suspendu les rapatriements des corps ; l’Algérie fait des exceptions, sauf pour les morts du covid-19. Pour les pays de l’Afrique subsaharienne, il n’y a pas plus de trafic aérien". "Seuls des vols cargo sont maintenus vers la Turquie", affirme-t-il, ajoutant qu’il est "débordé" depuis un mois par les appels et le nombre de décès qui ne fait qu’augmenter. "On doit gérer les émotions des familles, les rassurer et surtout, essayer d’enterrer rapidement", comme le prescrit le rite funéraire musulman.
Il explique comment il a dû batailler pour trouver une place dans un cimetière musulman à son père, décédé le 4 avril du covid-19, à 87 ans, dans une commune du Val-de-Marne dépourvue de carré musulman. "Il se sera écoulé presque 15 jours entre le décès et l’inhumation, alors que dans la tradition, c’est trois jours ! C’est inhumain", déplore-t-il, rappelant que le souhait initial de son père était de se faire enterrer au Maroc.
Avec la suspension presque totale de ces rapatriements, "la crise vient révéler le manque de carrés musulmans" en France, estime Mohammed Moussaoui, qui évalue ces espaces dédiés à "environ 600", sur 35 000 cimetières. Mais pour l’Association des maires de France, avoir un carré confessionnel "n’est pas une obligation pour une commune", même s’il existe une circulaire datant de 2008 qui encourage les maires à le faire.
Dans plusieurs villes, les cimetières communaux affichent complet. Certaines familles se tournent vers les cimetières intercommunautaires ou vont négocier avec d’autres mairies, loin de leur ville de résidence. Mais la décision d’accepter une inhumation dans son cimetière étant une prérogative du maire, certains sont "contraints" de refuser les demandes des familles qui ne sont pas de leur commune.
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