Le ministère de l’Intérieur dirigé par Abdelouafi Laftit mène une lutte contre l’évasion fiscale dans le secteur de l’immobilier. Dans son viseur, les promoteurs immobiliers qui ne paient pas la taxe sur les terrains non bâtis (TNB) et certains...
C’est une affaire qui remonte à près de 25 ans. Une affaire d’escroquerie immobilière à grande échelle. Les victimes, plus de 1200 personnes, sont des ouvriers marocains établis en France.
Le faux promoteur, un ressortissant français du nom d’Alfred Langlais vivant au Maroc, leur a fait miroiter des logements sociaux à Casablanca variant entre 80.000 et 150.000 DH. Posséder un pied-à-terre dans le pays natal était le rêve de ces MRE qui ont fait confiance jusqu’au bout à un homme qui s’est avéré être un escroc professionnel. De manœuvres dilatoires en prétextes divers, il les a fait endormir et leur soutirait à chaque fois plus d’argent en usant de son bagout et de sa tchatche. Nombre d’entre eux ont dû débourser trois fois plus que le prix initial de l’appartement, dans l’espoir d’obtenir le logement promis. Aussi incroyable que cela puisse paraître, le problème durera un quart de siècle.
Ayant compris finalement qu’ils sont tombés dans un piège, les victimes se sont constituées en association et intenté une action en justice contre M. Langlais à Paris où il a ouvert une représentation de sa société civile et immobilière. Les plaignants obtiennent gain de cause. Le jugement du Tribunal de grande instance de la capitale française tombe le 10 juillet 1985. Il sera confirmé ensuite par la Cour d’appel et la Cour de cassation. Mais là où le bât blesse, c’est que la justice marocaine ne fera rien pour exécuter ces arrêts malgré les multiples démarches entreprises par les victimes de Langlais. Quant aux responsables marocains approchés par les intéressés pour les aider, ils ne feront qu’abreuver les victimes de promesses jamais tenues.
Fait douteux, le pseudo-promoteur ne sera jamais inquiété au Maroc. Bien au contraire. Il continuera à vendre dans l’impunité totale des lotissements virtuels à d’autres émigrés de France dans plusieurs zones de Casablanca. Avait-il des complices locaux qui ont couvert ces agissements ? En tout cas, l’escroc aura engrangé la coquette somme de 80 millions de DH en commercialisant des appartements sur papier. La justice marocaine ne daignera se pencher sur le dossier que le 25 octobre 1999, une date très symbolique. Entre-temps, Langlais, qui a compris que des gens comme lui n’ont pas d’avenir au Maroc nouveau qui s’annonce, a pris la poudre d’escampette.
Non sans avoir indemnisé l’association des victimes à hauteur de 3 millions de DH. Mais le chèque était en bois. Résultat : les MRE grugés, qui ont le sentiment de n’avoir pas été défendus par leur propre pays, ont perdu tout espoir d’être rétablis dans leurs droits. Si Langlais s’est enhardi à monter une arnaque pareille, c’est qu’il était assuré dans l’ambiance de l’époque de pouvoir agir à sa guise.
L’Association de défense des intérêts des victimes de cette grosse supercherie ne veut pas baisser les bras. À la faveur des changements opérés au Maroc, les victimes espèrent voir leur dossier pris sérieusement en main pour que justice soit faite.
Abdellah CHANKOU
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