Si les programmes ponctuels de lutte contre les effets de la sécheresse ont permis de réaliser quelques avancées, la pauvreté est encore très répandue dans les campagnes marocaines. Environ, 3,5 millions de ruraux vivent en dessous du seuil de pauvreté (moins de 3 dollars par jour).
La Banque Mondiale tire la sonnette d’alarme sur l’infrastructure et le faible accès aux services de base : éducation, santé, eau potable, électricité, etc.
La forte dépendance de l’agriculture accroît la vulnérabilité des populations rurales qui basculent dans la pauvreté à la moindre sécheresse.
La fréquence des sécheresses, environ une tous les deux ans, a rendu la disponibilité permanente de l’eau d’irrigation et parfois de l’eau potable douteuse. Le rapport signale que d’ici 2010, le Maroc sera en situation de pénurie d’eau, vu les niveaux supérieurs de salinité et de limitation au pompage des eaux souterraines. Le programme de secours d’urgence en cas de sécheresse injecte entre 30 et 100 millions de dollars aux travaux d’utilité publique destinés aux agriculteurs. Ces dépenses sont devenues de plus en plus fréquentes et importantes (trois fois le budget d’investissement du ministère de l’Agriculture en 2000), d’où la nécessité de les adopter comme norme plutôt que les considérer comme des exceptions, propose la Banque Mondiale.
L’amélioration des conditions de vie de la population rurale passe absolument par le développement de l’infrastructure qui fait cruellement défaut. Le manque d’eau potable (seuls 30% des ruraux ont accès à l’eau potable et à l’assainissement), de routes primaires et d’électricité (20% bénéficient de l’électricité) crée de facto un climat d’exclusion de ces populations.
La situation sanitaire est aussi catastrophique. Sur le plan national, en moyenne, 40% de la population résident à plus de 10 km d’un dispensaire. Sans doute, faut-il parcourir encore plus de distance dans le monde rural. Le ratio médecins/habitants dans son ensemble est très loin de la norme dans des pays similaires, encore plus dans le milieu rural. Un médecin dans la campagne en vaut quatre en zone urbaine. Résultat : plus de 80% des femmes rurales accouchent à domicile.
Les dépenses publiques consacrées à la santé sont peu importantes en comparaison avec des normes internationales. Elles s’élèvent à 16 dollars par personne contre 35 dans des économies comparables. En termes de vulgarisation sanitaire, la Banque Mondiale propose d’envisager une coopération avec le projet BAJ santé (programme des priorités sociales), des ONG et avec l’appui de l’Agence de développement social.
Côté éducation, la population rurale se trouve à la traîne. Près de 70% sont analphabètes. En revanche, la scolarisation nette des filles rurales est passée de 28% en 1990-91 à 47% en 1998-99(1) et ce grâce à l’action
des ONG. Le rapport suggère de mettre en place un programme national de bourses financées par le ministère de l’Enseignement avec la participation des associations communautaires locales.
La Banque Mondiale critique l’efficacité des politiques de soutien des prix de produits alimentaires (subventions). Elle considère que ces politiques n’ont pas réussi à garantir l’approvisionnement céréalier interne, ni à fournir une source significative de revenus pour la majorité des agriculteurs pauvres. Ce sont les grands exploitants agricoles les principaux bénéficiaires de ces aides financières.
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