L’immunologue marocain Moncef Slaoui, responsable de la stratégie vaccinale des États-Unis, était ce 8 février l’invité de France Inter. Face à la journaliste Léa Salamé, l’ex–conseiller scientifique en chef de l’Opération Warp Speed, lancée par l’ancien président américain Donald Trump pour la recherche et la mise en place d’un vaccin contre le coronavirus aux États-Unis, a évoqué divers aspects de la lutte que mène le monde à travers les campagnes de vaccination.
Depuis quelques semaines, plusieurs pays du monde, dont le Maroc, ont démarré la vaccination anti-Covid-19. Selon l’immunologue marocain Moncef Slaoui, « un très grand progrès a été fait vers l’élimination de la pandémie grâce à l’utilisation des vaccins ». Pour celui qui a supervisé le développement des vaccins aux États-Unis, il y a encore du chemin à faire pour atteindre l’immunité tant souhaitée.
Se basant sur son expérience d’immunologue, il pense que les États-Unis ont fait d’énormes progrès en termes de mise au point de vaccins, depuis que la pandémie s’est installée. « Jamais un vaccin n’a été découvert, développé, produit, testé, approuvé en une période plus courte qu’une année. Je pense que vers la fin du mois de mars, on aura vacciné les 100 millions de personnes les plus à risque. En Europe, on aura à mon avis un retard de trois ou quatre mois », a-t-il déclaré.
Au départ de l’opération, le professeur se souvient des susceptibilités, des hésitations, des propos décourageants. « Tous les démocrates ont dit que c’était impossible. Mais c’est un grand cadeau fait à la nouvelle administration, dont je suis partisan. J’étais étonné que la politique se mêle de la pandémie, j’avais espoir qu’on serait plus factuels. Créer la confusion est toujours un élément qui encourage l’hésitation par rapport aux vaccins », a-t-il souligné, se référant aux critiques dont l’administration Trump a été criblée, surtout concernant la gestion de la pandémie.
Au Maroc comme aux États-Unis, la population est restée sceptique, évoquant des raisons pour mettre en doute la sécurité et l’efficacité des vaccins. Mais après le démarrage de la campagne de vaccination, plus de sérénité et de compréhension ont été enregistrées. « Aujourd’hui, les gens sont très frustrés parce qu’il faut attendre des heures pour pouvoir être vacciné. Je pense que le fait que les vaccins soient à 95 % efficaces, et que l’on ait vacciné 30 millions de personnes, montre bien que leur innocuité et leur efficacité sont excellentes, et les hésitations diminuent ».
Compte tenu des ravages causés par la pandémie du coronavirus sur le système sanitaire du monde, sur l’économie mondiale et sur le plan social, le professeur Moncef Slaoui appelle les pays à financer en urgence, la lutte contre les pandémies, en utilisant par exemple, une partie du budget de la Défense. « Il y aura d’autres pandémies, j’espère qu’elles seront contrôlées beaucoup plus vite, avec moins d’impact. Mais tous les pays ont des armées au cas où, or les virus sont des ennemis particulièrement adaptés à nous échapper : donc allouer une partie des budgets de la Défense à la lutte contre les menaces biologiques me semble extrêmement nécessaire ».
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