En collaboration avec les ministères du Tourisme et de l’Intérieur, les services de contrôle de l’Office des changes mènent un vaste audit des transferts internationaux pour la location de résidences touristiques via la plateforme Airbnb.
Le tourisme national est-il en difficulté sur le marché français ? L’idée ne cesse d’être relayée depuis plusieurs jours, notamment après l’annonce par le cercle d’études des tour-opérateurs (TO) français (Ceto), que la clientèle française d’entrée de gamme préfère désormais la Tunisie au Maroc. L’annonce est assortie d’un commentaire assassin du président du Ceto, René-Mark Chikli, affirmant qu’ « il y a une vraie question sur ce pays (le Maroc), un flou qui montre que la destination s’épuise... », ajoutant que « l’afflux des low-cost n’explique pas tout ».
Selon les chiffres de ce même Ceto, les réservations à forfait vers le Maroc ont chuté de 14,3% et l’été n’a pas été fameux, avec une baisse de -3,5%. Cela a été suffisant pour que les commentaires aillent bon train, désignant le Maroc comme une destination chère qui connaît un retour de manivelle au profit de la Tunisie, la Turquie et l’Egypte. Il faut dire que si la Tunisie marque un retour chez les TO, c’est parce qu’il y a eu, cette année, beaucoup de nouvelles ouvertures d’hôtels et la mise à niveau d’une grande partie des anciens établissements.
Jean Jacques Boucher, responsable du TO Fram au Maroc, est de cet avis : « Ces trois destinations [Tunisie, Turquie, Egypte], qui avaient des problèmes depuis trois ans, repartent en effet très fort avec une tarification adaptée au pouvoir d’achat des Français qui connaît une certaine érosion ». En d’autres termes, le Maroc est, aux yeux de ce TO, une destination onéreuse et la croissance à deux chiffres qu’elle a connue ces dernières années relève de l’exception. « De tels taux de croissance sont rares », la norme se situerait, selon lui, à 3 ou 4%.
Effectivement, le nombre de Français ayant visité le Maroc a tout bonnement doublé entre 2001 et 2006, passant de 840 000 à 1,6 million selon les chiffres officiels, avec des taux de croissance annuels de 4% en 2002 et 2003, et un vrai boom en 2004 avec un taux de croissance de 27% par rapport à 2003 et successivement de 15% et 11% en 2005 et 2006.
Il n’y a pas de quoi paniquer, affirme le DG de l’ONMT
Il faut signaler donc, comme l’explique Abbas Azzouzi, DG de l’Office national marocain du tourisme (Onmt) que si le Maroc a été détrôné par la Tunisie pour ce qui est des voyages en package, il continue d’être une destination en vogue si l’on regarde les arrivées aux frontières à partir de la France qui ont progressé de 8% entre octobre 2006 et novembre 2007. Donc, « il n’y a pas de quoi paniquer », nuance le directeur de l’office qui prépare pour 2008 une vaste campagne de promotion dans les régions de l’Hexagone.
« Le marché français est très lié à Marrakech, précise encore M. Azzouzi, et avec la montée en force de la ville, le développement des résidences et des appartements a créé des connexions nouvelles qui échappent à l’hôtellerie classique ». Chose que ne dément pas Abdellatif Kabbaj, le patron de la chaîne Kenzi et président du CRT de Marrakech. Depuis l’arrivée en masse des compagnies low-cost, il y a de moins en moins de charters qui sont programmés sur Marrakech et donc moins d’engagement de la part des TO vis-à-vis des hôteliers, estime à juste titre M. Kabbaj. Selon lui, le décalage entre les arrivées à l’aéroport et les séjours dans les établissements hôteliers classés peut aller jusqu’à 20%, surtout à Marrakech, « où il existe tout un marché informel d’hébergement dans des appartements et certains riads clandestins ».
Par ailleurs, estime M. Kabbaj, « Marrakech n’a pas bénéficié de subventions de la part des autorités, contrairement aux autres régions ». La question aujourd’hui est de savoir comment réagir face à cette désaffection. Le président du CRT de Marrakech compte, dès la première semaine de janvier 2008, organiser une réunion avec l’Onmt et la RAM pour faire face à ce recul du marché français. Après tout, Agadir qui a connu un désintérêt de la part des Français durant plusieurs années est en train de les reconquérir, à en juger par les chiffres fournis par le CRT de la capitale du Souss où on semble assez satisfait. En effet, Agadir, qui a bénéficié d’une offensive en termes de promotion sur la France, va terminer l’année 2007 avec un taux de croissance intéressant. Déjà, pour les onze premiers mois de l’année, les arrivées en provenance de la France ont progressé de 4% et les nuitées de 6%. Pour le seul mois de novembre 2007, ces chiffres sont respectivement de 9% et 6%.
En tout état de cause, les logiques des uns et des autres sont différentes : les TO vont là où ils ont des hôtels à remplir, les leurs ou ceux de tiers, à des prix raisonnables, alors que les hôteliers voient d’un mauvais œil l’arrivée des low-cost qui les privent d’une partie de leur clientèle.
La vie éco - Mohamed Moujahid
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