Marrakech, au top, mais à quels prix !

27 décembre 2006 - 14h24 - Maroc - Ecrit par : L.A

Marrakech, s’est-elle transformée en ville élitiste ? La question semble pertinente tant le visage de la ville ocre s’est métamorphosé. Projets immobiliers, investissements étrangers, proliférations de restaurants ou centres commerciaux ont fait de cette ville une cité à dimensions internationales.

Faisant du tourisme le leitmotiv de sa croissance, Marrakech est en train de se doter de parcs résidentiels et hôteliers uniques au Maroc.

Le groupe Latsis, prévoit dans la nouvelle zone touristique de Chrifia, la construction de 2 hôtels de luxe, un spa moderne, un golf de 18 trous et un complexe résidentiel de 175 villas haut standing. Cet investissement global de 1,82 milliard de dhs a fait de la Famille Latsis le premier financier grec au Maroc.

Quant au projet “ Samanah, country club ”, c’est une enseigne indienne qui construira et gérera, en partenariat avec le groupe français Alain Green, les trois unités hôtelières prévues à Tamesloht.

L’édification de deux hôtels hors catégorie et d’un 5 étoiles qui offriront au total 1500 lits a donc été planifiée. La première des 5 unités sera opérationnelle fin 2008. Un parcours de Golf 18 trous appartenant à l’investisseur Green et nécessitant quelque 18 mois de travaux, est aussi en construction.

Le Four Season prévoit, quant à lui, la construction de 40 propriétés en plus d’un hôtel de luxe. La société Eden Développement appartenant à Guerrand Hermes, pour un montant de 500 millions de dhs, réalisera un hôtel 5 étoiles, une résidence, un centre commercial ainsi que 3 parkings en sous-sol.

Les investissements marocains ne sont pas en reste. Hormis les résidences de la Palmeraie 2 et 3 qui remportèrent un franc succès, sur la route du barrage au km 5, un homme d’affaires marocain, investit quelque 120 millions de dhs dans un projet purement hôtelier. Ce palace sera doté -pour la première fois- d’un haras de pur-sang arabes. Entièrement décoré par Jacques Garcia, il bénéficiera d’une capacité de 120 lits. Son inauguration est prévue pour décembre 2008.

Ainsi pour l’année 2005, 30 milliards de dhs en projet d’investissement ont été décidés en commission Ad Hoc. Quant à 2006, 232 projets touristiques ont reçu un avis favorable de la commission. 13 de ces accords, ont fait l’objet de conventions signées avec le gouvernement marocain. Ainsi, toutes ces réalisations permettront-elles la création de quelque 34 000 d’emplois.

Certes, tout ceci parait très positif mais pourrait créer une dichotomie entre cette offre haute gamme et une population qui probablement restera spectatrice de cette envolée. De plus en plus, Marrakech ne pourra être côtoyé que par une frange restreinte de personnes capables de faire face à la cherté de la vie. A l’Hivernage, quartier central, le prix de vente du M2 atteint les 20 000 dhs. Sur Guéliz, les logements récents se vendent à 15 000 dhs/M2. Quant aux terrains nus, en pleine palmeraie le prix s’élève aujourd’hui à 8,5 millions de dhs/hectare. Au niveau de Bab Atlas le prix est de 4,5 millions de dhs/hectare. Les régions alentour ne sont pas en reste : jusqu’au km 14 sur la route e l’Ourika le prix à l’hectare atteint les 3 millions de dhs. La route d’Amesmiz prend elle aussi de la valeur puisque c’est à 2 millions de dhs l’hectare nu que se vendent aujourd’hui les terrains.

Devant cette flambée des prix, pouvons-nous conclure que les Marrakchis seront de plus en plus contraints d’aller vivre en périphérie. La ville de Tamansourt en est un exemple. M Mounir Chraïbi, voit au contraire dans cette cité nouvelle “la suite logique à tout développement économique”. D’autre part, il affirme que des logements économiques “Azzouzia” et “Et M’Hamid” sont en construction.

Dés lors, la ville opte-t-elle pour une politique ségrégationniste ? Le nouveau visage de Marrakech se concrétisera t-il par des logements économiques en périphérie et habitations haut de gamme au centre-ville ? Tels seraient les nouveaux critères de Marrakech. D’aucuns rétorqueront alors que des complexes moyens standings ont été construits et aisément vendus. Ceci semble être la réalité, mais qui en sont les propriétaires ?

Les études montrent que souvent, ces résidences sont acquises par des étrangers ou des marocains non résidents. L’essor de cette ville se ferait-il donc au détriment de sa population dite de classe moyenne ? Cette équation ne reflète qu’une partie visible de l’iceberg. De ce positionnement permettant la création d’une ville à écho international, émaneront probablement deux villes en une. Il serait pourtant dommage de faire de Marrakech une ville élitiste…

La Nouvelle Tribune – Fatim-Zahra Tahiri

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Sujets associés : Marrakech - Implantation - Croissance économique - Pauvreté

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