15% de Marocains consanguins

28 janvier 2009 - 11h53 - Maroc - Ecrit par : L.A

L’exode rural, la transition démographique et le travail de la femme ont fait que le mariage consanguin (mariage entre proches) a diminué ces dernières années. « Les chiffres diffèrent selon les études publiées et les régions du Royaume, ils varient de 15% à 20% dans un échantillon représentatif de la population marocaine », indique Abdelaziz Sefiani, professeur de génétique médicale et chef du département de génétique médicale à l’Institut national d’hygiène (INH) qui cite d’ailleurs les résultats d’une étude qui sera publiée prochainement dans une revue internationale.

L’endogamie familiale ou la consanguinité est en effet un cas particulier des liens matrimoniaux entre les conjoints. Cependant, la fréquence des unions consanguines dépend de la taille de la population, de son degré d’isolement et de l’existence de pratiques socioéconomiques et culturelles qui favorisent ou évitent un certain type d’unions. Le mariage est dit consanguin lorsque les conjoints ont un ou plusieurs ancêtres communs. L’union avec la cousine paternelle constitue la première forme d’endogamie familiale possible. La consanguinité est à l’origine de plusieurs maladies génétiques.

D’après d’autres études, la consanguinité est plus fréquente en milieu rural et régions lointaines : les taux varient de 20 à 28%. « Chez la population marocaine en Belgique par exemple, le taux du mariage consanguin est évalué à 51% », explique le Pr. Sefiani avant d’ajouter que ces chiffres concernent un isolat génétique (des gens qui cherchent à se marier de la famille).

Les autres pays arabes ne sont pas en reste. Une enquête réalisée dans 12 wilayas en Algérie révèle aussi les dangers des mariages consanguins. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : la moyenne de consanguinité est de 38,30% et varie selon les régions du pays. Il est à relever que l’Algérie demeure le pays le moins touché par rapport à la Jordanie (55%), le Koweït (54%), l’Arabie saoudite (50%) ou encore Oman (38%).

Ce phénomène qui demeure un tabou fait des dégâts sur plusieurs générations. Ces taux varient aussi selon les diverses études effectuées par pays. Le professeur Sefiani a constaté que 60% des couples qui viennent consulter dans son service et qui ont déjà un enfant atteint d’une maladie génétique autosomique récessive sont consanguins. C’est vrai que l’on ne peut interdire le mariage consanguin, mais les médecins proposent une politique de prévention de l’handicap qui commence à partir de l’école (des cours sur la consanguinité dans le programme de génétique du baccalauréat). « Il y a 4000 à 5000 maladies génétiques dont le nom peut changer d’une famille à une autre », précise Sefiani. Et de poursuivre : « Ce sont des maladies rares, prises séparément, mais ensemble constituent un vrai problème de santé. Des problèmes de diagnostic et de prise en charge qui est lourde et onéreuse. D’où l’importance de sensibiliser les familles pour consulter des médecins généticiens ». « Malheureusement la plupart des analyses biologiques qui confirment ces maladies sont envoyées à l’étranger et coûtent cher », souligne le professeur.

Vu la nécessité de mettre en place au Maroc un centre d’analyses pour répondre, à moindre coût, aux besoins spécifiques des Marocains. Il est également impératif d’avoir un système pour le conseil génétique et de prise en charge de ce type de maladies.

Risque

Les médecins ne peuvent prédire tous les types de maladies génétiques chez l’enfant à naître. En général, le risque d’avoir un enfant malade chez un couple est évalué de 3 à 4%. Chez le couple qui a choisi ce type de mariage, ce risque augmente légèrement sauf si une maladie génétique liée à la consanguinité est déjà connue dans la famille. A préciser que les maladies génétiques peuvent concerner tous les domaines de la médecine (ophtalmologie, pédiatrie, neurologie…).

Source : L’Economiste - Fatim-Zahra Tohry

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