
Dans le Tarn-et-Garonne, des Marocains exploités
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En France, une dizaine de travailleurs sans-papiers majoritairement venus du Maroc et d’Algérie réclament justice aux géants du secteur des déchets et à un sous-traitant qui les a exploités pendant plusieurs années, de 2019 à 2022, en pleine pandémie de Covid-19.
« J’ai travaillé chez NTI pendant trois ans, sans contrat. J’ai trié les déchets sur le tapis alors que j’étais enceinte. J’ai dû travailler la nuit jusqu’à l’accouchement. Aujourd’hui, ma fille à trois ans et demi », raconte à RFI Hind, venue avec sa petite fille, au Conseil des prud’hommes de Paris, tribunal chargé de régler les litiges en lien avec le droit du travail en France. D’autres individus ayant travaillé pour le compte de NTI, une entreprise sous-traitante spécialisée dans le tri des déchets, étaient également sur place. Cette entreprise placée en redressement judiciaire il y a bientôt deux ans les avait engagés pour qu’ils travaillent pour les géants du secteur des déchets, Veolia, Suez ou encore Paprec.
« J’ai travaillé cinq ans au noir, dans l’incinération, dans les fours. Parfois, je travaillais la journée, la nuit. On travaillait sans formation, on faisait des heures supplémentaires sans être payés. On n’a pas eu droit au chômage, on ne pouvait pas refuser un travail. Parfois, ils nous appelaient la nuit pour commencer le matin. Et si tu refusais, tu n’avais pas de travail le mois d’après », confie un autre employé.
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L’avocate de ces anciens employés Katia Piantino accuse les géants du secteur du déchet d’avoir volontairement fermé les yeux : « Le Code du travail demande aux donneurs d’ordres de vérifier que son sous-traitant ne commet pas de travail illégal. Cela veut dire qu’il n’emploie pas de travailleurs étrangers sans titre et ne commet pas de travail dissimulé. On leur demande de ne pas ignorer, parce que, ce qui ressort du dossier, c’est qu’ils ont profité d’une main-d’œuvre hyper bon marché du sous-traitant NTI, qui a raflé tous les contrats de sous-traitance dans le secteur. Pourquoi ? Parce que la main-d’œuvre était vachement moins chère… Bizarrement, puisqu’elle n’était pas déclarée. »
Ali Chaligny, représentant syndical CGT chez Veolia qui accompagne ces anciens employés, dénonce lui aussi un véritable système : « Ce sont des métiers en tension où les entreprises ont du mal à recruter, et du coup, il y a une délocalisation de la masse ouvrière des salariés. Étant donné que l’on ne peut pas délocaliser nos activités de collecte et traitement des déchets ménagers, pour pallier ce manque de main-d’œuvre, on délocalise les salariés en France pour assurer ces services essentiels à la nation. »
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Ces employés vont devoir encore patienter, l’audience étant finalement reportée au 26 septembre 2025.
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