Le droit à l’égalité dans l’héritage reste une équation à résoudre dans le cadre de la réforme du Code de la famille au Maroc. Les modernistes et les conservateurs s’opposent sur la reconnaissance de ce droit aux femmes.
En 2002, 38 femmes franchissaient les portes du Parlement, un antre longtemps masculin. Mais il ne faut pas s’y méprendre, l’image d’Epinal est sérieusement écornée dès que la participation politique des femmes est examinée de plus près.
En politique, la Marocaine revient de loin. “50 ans après l’indépendance, la participation politique de la femme est nouvelle et des obstacles continuent de se dresser, l’empêchant d’accéder au pouvoir même si la première Constitution du pays lui donne le droit de vote et d’éligibilité”, a coutume d’expliquer Aïcha Belarbi. Arrêt sur image : en 1993, deux femmes, l’usfpéiste Badiaa Sqalli et l’Istiqlalienne Latifa Bennani Smires , accèdent au Parlement pour la première fois de l’histoire législative du Royaume. Quelques années plus tard, ce sont les années alternance et une déclaration gouvernementale qui, et c’est une première, fait référence et donc cas de la situation de la moitié de la société. La polémique haineuse soulevée par le plan d’action sur l’intégration de la femme marocaine au développement a donné à voir résistances et instrumentalisation de la “question féminines” à des fins politico-politiciennes. “Aux législatives de 2002, sans la liste nationale, seulement 5 femmes auraient été élues à la Chambre des députés alors que seuls 0,56% des candidates ont été élues aux élections communales,”, rappelle amèrement une femme de gauche.
A la faveur de la liste nationale imposée au forceps aux dernières législatives, 30 femmes, appartenant à 11 partis politiques, feront leur entrée à la Chambre des députés , suivies de 5 autres élues sur des listes locales. “Résultat, le nombre de femmes élues a été 17,5 fois plus élevé qu’en 1997. 35 femmes sont parlementaires sur un total de 325 représentants et constituent un peu plus de 10% des élus. C’est réellement une victoire même si au niveau mondial nous sommes au 72ème rang selon le classement établi par l’Union interparlementaire mais il faut aussi savoir qu’au niveau du monde arabe, le Maroc occupe la deuxième place après la Tunisie”, annonce fièrement une députée, fervente avocate des droits des femmes.
Les militantes, toutes chapelles politiques confondues, en sont convaincues : la réussite de la transition démocratique et le passage à la démocratie ne pourront avoir lieu qu’avec les femmes qui portent haut le projet d’une société de progrès et de modernité. “La liste nationale et le quota sont des acquis importants. Il s’agit aujourd’hui de préserver cette expérience qu’il faudrait surtout voir évoluer. Il est clair que le quota de 10% pour les femmes n’est pas suffisant”, affirme une activiste des droits des femmes qui en a toujours appelé à la formation d’un front de travail regroupant les secteurs féminins partisans, les associations féminines et le forum des femmes du Parlement.
“La décennie 1993-2003 marque un tournant dans l’histoire de la participation des femmes au champ politique. C’est en 1993 que les femmes de ce pays ont accédé au Parlement pour la première fois et en 1997 que les premières femmes sont nommées au gouvernement. De fait, toutes les observations concourent pour souligner les mutations à l’œuvre du statut des femmes qui se déplacent d’une identité définie par les fonctions domestiques et familiales vers un statut de sujet politique qui s’engage dans l’espace public et investit progressivement tous les secteurs. Des progrès réels ont été réalisés ces dernières années en matière de participation politique des femmes, résultante de la pression croissante des associations féminines et d’un programme de gouvernance qui inclut dans ses objectifs l’égalité démocratique entre les hommes et les femmes du Maroc. Malgré cela, le constat des chiffres montre que cet espace résiste à l’inclusion des femmes et que les écarts entre les hommes et les femmes sont encore très importants.
Caractérisé par un faible degré de mixité, le champ politique est incontestablement le terrain qui résiste le plus à la séparation des rôles qui caractérisent les relations hommes-femmes”, résume l’universitaire Houria Alami M’chichi, celle-là même qui a participé à l’ouvrage collectif “Féminin-masculin : la marche vers l’égalité au Maroc, 1993-2003”.
Libération - Narjis Rerhaye
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