Le Maroc, nouveau refuge des investissements chinois face aux sanctions US

4 juillet 2024 - 07h00 - Economie - Ecrit par : S.A

La Chine multiplie ses investissements au Maroc pour contourner les États-Unis qui ont adopté de nouvelles subventions destinées à stimuler la production nationale de véhicules électriques et à réduire la domination de Pékin sur la chaîne d’approvisionnement.

Les fabricants chinois se ruent vers le Maroc. Ils sont huit à avoir annoncé des projets d’implantation de nouvelles usines pour fabriquer des pièces pour véhicules électriques près de Tanger et dans les parcs industriels près de l’océan Atlantique, qui pourraient donner droit à des crédits de 7 500 $ pour les acheteurs de voitures aux États-Unis, rapporte Associated Press. Ils comptent étendre ses investissements à d’autres pays qui partagent des accords de libre-échange avec les États-Unis, notamment la Corée du Sud et le Mexique. Cette stratégie chinoise est mise en place depuis la promulgation par le président Joe Biden de l’Inflation Reduction Act, la loi américaine de 430 milliards de dollars conçue pour lutter contre le changement climatique. « En déplaçant leurs opérations vers des partenaires commerciaux américains comme le Maroc, les acteurs chinois qui dominent depuis longtemps la chaîne d’approvisionnement des batteries cherchent un moyen de tirer profit de la demande croissante des constructeurs automobiles américains comme Tesla et General Motors », a déclaré Kevin Shang, analyste senior des batteries au cabinet de conseil Wood Mackenzie.

À lire :Tanger Med : deux géants chinois pour l’industrie automobile

Depuis mai, les États-Unis et l’Union européenne (UE) ont tous deux imposé de nouveaux droits de douane importants sur les importations de véhicules chinois. Le même mois, les États-Unis ont également finalisé les règles d’éligibilité régissant les crédits d’impôt en mai. Ces derniers limitent les entreprises ayant des liens avec des adversaires américains, mais donnent aux constructeurs automobiles le temps de réduire leur dépendance à la Chine, fait-on savoir. Pour avoir droit aux subventions, les constructeurs automobiles ne peuvent pas s’approvisionner en minéraux critiques ou en pièces de batterie auprès de fabricants dans lesquels la Chine et d’autres « entités étrangères préoccupantes » contrôlent plus de 25 % de l’entreprise ou de son conseil d’administration. Aux yeux de certains observateurs, ces règles constituent un « cadeau » à la Chine et elles vont étendre sa domination sur les véhicules électriques. Selon l’administration Biden, ces règles ouvrent la voie à des milliards d’investissements dans la fabrication de véhicules électriques aux États-Unis.

À lire :Batteries : Le Maroc au cœur de la stratégie chinoise pour l’Europe

« Ces règles ont conduit les producteurs chinois à accroître leurs investissements dans les pays avec lesquels les États-Unis ont conclu des accords de libre-échange, à savoir la Corée du Sud et le Maroc, pour contourner certaines barrières de l’IRA », a déclaré le cabinet d’études politiques Rhodium Group dans un rapport publié plus tôt cette année. Parmi ces entreprises chinoises figurent CNGR, l’un des plus grands producteurs chinois de cathodes de batterie, qui a annoncé en septembre dernier un plan de 2 milliards de dollars pour construire une « base dans le monde et la région panatlantique » dans une coentreprise avec le groupe d’investissement de la famille royale marocaine, Al Mada, et Gotion High-Tech, l’entreprise sino-allemande qui a signé l’année dernière un accord avec le Maroc pour un investissement de 6,4 milliards de dollars afin de construire la première usine de batteries pour véhicules électriques d’Afrique.

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Investissement - États-Unis - Automobile - Chine - Pékin

Aller plus loin

Face à Donald Trump, les entreprises chinoises misent sur le Maroc

Face aux menaces du président américain élu Donald Trump de durcir les droits de douane sur les produits en provenance de Chine, du Mexique et du Canada, de nombreuses...

Stellantis mise sur le Maroc face à la concurrence chinoise

Carlos Tavares, PDG de Stellantis, a déclaré que le manque d’aide « intérieure » en Espagne et la rude concurrence de la Chine obligent à investir hors de l’Europe et notamment...

Un géant chinois de l’automobile à la conquête du marché marocain

La marque automobile chinoise Lynk & Co part à la conquête du marché marocain. À Marrakech, elle a noué un partenariat avec LK Automotive Maroc, la nouvelle entité affiliée...

La Chine, poule aux œufs d’or du tourisme marocain ?

Le Maroc déroule le tapis rouge aux touristes chinois. Après la visite du président Xi Jinping, les relations entre Rabat et Pékin se réchauffent, ouvrant la voie à une...

Ces articles devraient vous intéresser :

Maroc : ruée vers la location de voitures

Grâce à l’embellie du tourisme marocain, le secteur de location de voitures a connu une forte croissance en 2024.

Au Maroc, Porsche ne connaît pas la crise

Selon les récentes statistiques de l’Association des importateurs de véhicules au Maroc (AIVAM), les ventes de voitures neuves au Maroc ont connu un recul de 2,83 %, s’établissant à 130 214 unités durant les dix premiers mois de 2023. Toutefois, les...

Bonne nouvelle pour les automobilistes marocains

La Direction Générale des Impôts (DGI) vient de faire une fleur aux automobilistes marocains en ce qui concerne la Taxe Spéciale Annuelle sur les Véhicules (TSAV).

Maroc : Une année record pour l’industrie automobile

L’année 2023 a été exceptionnelle pour l’industrie automobile au Maroc, affichant une hausse des ventes de 30,5 % et atteignant 116,38 milliards de dirhams à fin octobre.

Maroc : boom des exportations automobiles à fin novembre 2023

Les exportations de voitures ont augmenté de 30,2 % à fin novembre 2023 par rapport à la même période de l’année précédente, atteignant plus de 130,64 milliards de dirhams (MMDH).

Cession de véhicules par les MRE : ce que dit la douane marocaine

La douane marocaine autorise les Marocains résidant à l’étranger (MRE) à introduire leurs véhicules au Maroc dans le cadre de l’admission temporaire (AT). Ce régime douanier permet d’importer un véhicule sans payer de droits de douane, sous certaines...

Mohammed VI : un discours centré sur les MRE

Dans son discours à l’occasion du 49ᵉ anniversaire de la Marche verte, le roi Mohammed VI a annoncé une réforme dans le mode de gestion des affaires des Marocains résidant à l’étranger (MRE). Ceci, en vue de mieux répondre aux besoins de cette communauté.

C’est la fin des auto-écoles sauvages au Maroc

Le ministre du Transport et de la logistique, Mohamed Abdeljalil, a annoncé une série de réformes concernant les auto-écoles, tant au niveau des conditions d’octroi, de suspension et de retrait des licences que de la formation des instructeurs.

Maroc : les autoroutes en projet

Le programme d’investissement de la Société nationale des autoroutes du Maroc (ADM) devrait atteindre plus de 8 milliards de dirhams pour les trois prochaines années, révèle le rapport sur les entreprises et établissements publics (EEP), annexé au...

Maroc : la "hausse des prix" des voitures reportée

L’appel des professionnels de l’automobile pour un report de la décision conjointe de Mohamed Abdeljalil, ministre des Transports et de la Logistique et de Leila Benali, ministre de la Transition énergétique et du Développement durable sur l’obligation...