
Blanchiment d’argent : la justice marocaine frappe fort
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Sur la base de soupçons de blanchiment d’argent émanant de professionnels du secteur de l’immobilier, les services de contrôle de l’Autorité nationale du renseignement financier (ANRF) ont lancé des enquêtes dans les villes de Casablanca et Marrakech concernant certains projets immobiliers de type « plateaux bureaux ».
Ces investigations portent sur des investisseurs, dont des Marocains résidant à l’étranger (MRE), n’ayant aucune formation et expérience spécifique dans le secteur immobilier ou du BTP, et dont la capacité à mobiliser des fonds pour réaliser des projets d’envergure est remise en cause, ont indiqué des sources à Hespress, précisant que les concernés ont réalisé des projets immobiliers à Casablanca, où les prix de l’immobilier sont assez élevés, sans contracter des prêts bancaires ni recourir à des financements extérieurs. Une situation qui a éveillé les soupçons des contrôleurs.
Dans leurs investigations, ces derniers ont découvert que les comptes bancaires des sociétés de certains promoteurs, spécialisées dans la location, ont réalisé des transactions importantes, malgré un taux d’occupation inférieur à 50 %. Les échanges de données électroniques avec la Direction générale des impôts (DGI) ont révélé des écarts considérables entre les loyers déclarés et ceux réellement perçus.
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Les enquêteurs de l’ANRF ont vérifié l’existence possible de liens entre ces promoteurs suspects et des personnes impliquées dans le trafic de stupéfiants ou le blanchiment d’argent. En tout, 54 dossiers portant sur des soupçons de blanchiment d’argent et de financement du terrorisme ont été transmis aux procureurs des tribunaux de première instance de Rabat, Casablanca, Fès et Marrakech, ainsi qu’au procureur général près la Cour d’appel de Rabat. En 2024, l’ANRF a reçu 5 171 déclarations de soupçon de blanchiment d’argent, soit une hausse de 53,76 % par rapport à 2023.
Les contrôleurs n’écartent pas l’hypothèse d’une complicité entre les propriétaires de ces « plateaux bureaux » et certains locataires qui signent des contrats de location à des montants excessifs, en déphasage avec leurs chiffres d’affaires et la nature réelle de leur activité commerciale. Autre constat : ces sociétés disposaient de stocks immobiliers inactifs dans des zones stratégiques dans plusieurs villes où les prix sont stables, ce qui leur permet de vendre rapidement ces biens en cas de besoin et de blanchir les fonds.
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