Dans son rapport annuel de stabilité financière en 2023, Bank Al-Maghrib (BAM) met en avant la solidité des institutions bancaires, principale source de financement de l’économie marocaine.
Selon une étude réalisée au Maroc par The Abdul Latif Jameel Poverty Action Lab (J-Pal), un centre de recherche américain crée au sein du Massachusetts Institute of Technology (MIT), le microcrédit est tout sauf une bénédiction et ne permet aucunement de combattre la pauvreté. Tout au contraire… Du moins, à moyen terme.
L’étude de J-Pal, relayée par The Economist, compare des familles ayant reçu des microcrédits et d’autres qui ont vécu sans. Les premières ont quitté « le salariat » pour investir dans toutes sortes d’infimes entreprises (achat de bétail, textile…) et leurs revenus ont régressé. Tandis que les seconds jouissent, comme de coutume, d’une certaine stabilité.
Cette enquête qui cherchait à étudier l’impact de la microfinance dans ce qu’elle promettait, à savoir développer les revenus des couches sociales défavorisées, en est sortie avec le constat suivant : A moyen terme, la microfinance ne réalise pas le bénéfice escompté auprès de ces couches sociales.
L’enquête d’ailleurs ne laisse pas de doute. Elle a été réalisée dans exactement 162 villages marocains, divisés en deux catégories : des villages où on propose des microcrédits, d’autres où on n’en propose pas.
Selon les auteurs de l’enquête, la microfinance se heurte à deux problèmes majeurs. Le premier est que le salariat fournit souvent plus de revenus qu’un projet autonome mis sur pied grâce à un microfinancement. Le second et dernier est plus logistique qu’autre chose : marchés désorganisés, filières d’approvisionnement et de redistributions des produits de la micro-entreprise souffrantes d’aléas considérables, donc produits inaccessibles aux marchés. Ce second problème crée « un baisse considérable du nombre d’heures de travail », au contraire du salariat où le nombre reste le même. Par ailleurs, le premier problème semble la résultante du second.
Cette enquête vient en démentir une autre, cette fois-ci réalisée par la Banque mondiale au Bangladesh. Cette dernière affirme que le chanteur irlandais Bono avait raison en disant : « Donnez à un homme un poisson, il aura à manger pour un jour. Offrez un microcrédit à une femme, elle, son mari, ses enfants et sa famille élargie auront à manger pour toute une vie ».
En effet, cette enquête, étalée sur une vingtaine d’années, révèle que la microfinance réduit la pauvreté et que le microcrédit augmente les dépenses personnelles, rend les ménages plus actifs et augmente le taux de scolarisation des enfants. Par contre, l’étude du MIT au Maroc prouve l’inverse, à moyen terme : l’accès au microcrédit n’a pas conduit à des gains de revenu, à une augmentation de la consommation ou à un plus grand taux de scolarisation des enfants.
The Economist en ressort avec la remarque suivante : « Il est possible que le microcrédit puisse augmenter les revenus et réduire la pauvreté, mais seulement dans le long terme […] Une autre hypothèse est que ce qui semble fonctionner au Bangladesh ne fonctionne pas au Maroc. Cette question est ce que les économistes appellent habituellement « validité externe » abordant le thème des résultats d’une étude particulière et de leur validité à l’extérieur du contexte dans lequel elle a eu lieu. L’espoir de trouver un remède à la pauvreté qui fonctionnera partout n’a jamais abouti. L’accès au microcrédit ne peut pas être une exception ».
Ce débat est donc fait pour perdurer.
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