"Les 650 malades du Sida sont aujourd’hui traités par la trithérapie, nous en avons même deux traités par quadrithérapie", explique le Dr Hakima Himmich, présidente de l’ALCS, dans les colonnes du journal "Tel Quel", qui consacre un dossier complet sur "Avoir le Sida au Maroc".
La mobilisation des autorités sanitaires marocaines, effective depuis 1999, a entraîné la mise en oeuvre d’un plan national de lutte contre le Sida et a permis au royaume d’accéder au programme ONUSIDA et de bénéficier du fonds mondial de financement aux trithérapies.
Les malades les plus démunis sont ainsi totalement pris en charge tandis que le coût du traitement a été ramené de 1.200 euros en 2001 à 200 euros, par mois et par patient, grâce au mécanisme de démantèlement sélectifs des brevets des molécules entrant dans la trithérapie.
L’ALCS, qui compte une trentaine de permanents assistés de 200 bénévoles répartis dans 11 sections locales, s’inquiète toutefois des conséquences de l’accord de libre-échange commercial que le Maroc est en train de négocier avec les Etats-Unis.
Les Américains "veulent prolonger la période de protection des brevets et compliquer sa levée", s’inquiète Hakima Himmich en s’interrogeant sur la possibilité de maintenir cet accès des trithérapies à tarif préférentiel après la conclusion de cet accord, prévu début 2004.
L’autre grande difficulté de la lutte contre le Sida au Maroc repose sur le caractère tabou de cette maladie, régulièrement dénoncée par les partis politiques islamistes et leurs organes de presse comme "le virus des prostituées et des homosexuels".
Le mode de transmission hétérosexuel ne cesse pourtant d’augmenter (74% selon les statistiques du ministère de la Santé) tandis que le taux des femmes infectées par le virus VIH a véritablement explosé, passant de 8% en 1988 à 38% en 2001.
Pour lutter contre l’épidémie et les préjugés moraux et religieux qui l’accompagnent, l’ALCS a mis en place une une ligne anonyme d’information téléphonique baptisée "allo..info Sida".
AP