La mineure, Meriem, est décédée le 7 septembre à Boumia, dans la province de Midelt, des suites d’un avortement clandestin pratiqué par deux agents de santé. Cette énième victime de l’avortement clandestin a relancé le débat sur cette pratique autorisée au Maroc uniquement dans le cas où la vie de la mère est en danger. Sur les réseaux et médias marocains, les citoyens appellent depuis lors à la réforme du Code pénal qui prévoit des exceptions comme le viol, l’inceste ou la maladie mentale de la mère.
« Nous savons que la société marocaine est une société conservatrice, mais nous demandons, pour des raisons exclusivement de santé, que l’interruption volontaire de grossesse soit dépénalisée », a déclaré à EFE Chafik Chraibi, président de l’Association marocaine de lutte contre l’avortement clandestin (AMLAC). « Nous exigeons que l’interruption de grossesse soit réglementée par le Code de la santé et non par le Code pénal, car cette pratique fait partie de la politique de santé publique et de la santé reproductive des femmes », ajoute pour sa part Atifa Timjerdine, Vice-Présidente de l’Association Démocratique des Femmes au Maroc.
À lire : La mort d’une Marocaine de 14 ans relance le débat sur l’avortement
Selon Chraibi, entre 600 et 800 avortements clandestins sont enregistrés quotidiennement au Maroc. La majorité ne sont pas réalisées dans les conditions sanitaires et médicales requises, déplore le militant et gynécologue, soulignant qu’un avortement pratiqué dans un hôpital coûte entre 3 000 et 15 000 dirhams (entre 280 et 1 400 euros), un montant très élevé pour une bonne partie des Marocaines qui recourent à l’avortement traditionnel, au péril de leurs vies. L’avortement clandestin peut entraîner des déchirures utérines, des infections graves comme le tétanos, des hémorragies, etc., et même la mort, comme ce fut le cas de Meriem.
Le Code pénal marocain punit toute personne qui aide une femme à avorter à une peine allant jusqu’à 5 ans de prison et, en cas de décès, jusqu’à 10 et 20 ans. La femme qui subit un avortement, elle, risque une peine de six mois à deux ans de prison. « Beaucoup de médecins et d’infirmières sont en prison pour avoir pratiqué des avortements illégaux. Cette persécution pousse les femmes à recourir à l’avortement traditionnel », déplore Chraibi pour qui « la seule solution est la dépénalisation de l’avortement ».