Les banques marocaines ont-elles été contaminées par les produits toxiques ?
Dès que la crise des subprimes a éclaté, les enquêtes que nous avons diligentées nous ont permis de nous assurer qu’aucune de nos banques n’avait de tels produits en portefeuille. Nous avons contrôlé l’exposition des banques marocaines vis-à-vis des non-résidents : elle ne dépasse pas 4% de leurs actifs. Enfin, nous avons mis en place des indicateurs d’alerte. La Bourse de Casablanca a enregistré une légère baisse qui traduit davantage certaines corrections techniques qu’un mouvement de retrait des capitaux étrangers, lesquels n’excèdent pas 2% de la capitalisation globale. Aujourd’hui, les cours sont étals.
Comment se porte votre secteur immobilier ?
L’ensemble des actifs immobiliers pèse 14% de notre produit intérieur brut (PIB), quand il représente 70% en Grande-Bretagne et 100% aux Etats-Unis. Pour éviter toute "bulle", nous avons exigé des banques qu’elles mettent en place un code de bonne conduite qui exclut un financement risqué des programmes immobiliers. Les banques nous adressent un reporting mensuel concernant les grands groupes du secteur. Le gros du secteur immobilier marocain est investi dans le logement social et le moyen standing qui bénéficie de l’intervention d’un fonds de garantie étatique.
L’économie marocaine résistera-t-elle au ralentissement mondial ?
Il serait présomptueux de prétendre à ne pas être touché, d’autant que les évolutions restent très incertaines. Les exportations traditionnelles comme le textile vont souffrir. Le tourisme résiste : aucun contrat n’a été dénoncé, même par les groupes espagnols en difficulté, et le flux de visiteurs ne baisse pas de façon significative. D’autre part, nous pouvons espérer que le retournement des prix du pétrole et des produits alimentaires nous sera favorable.
Pourquoi avez-vous augmenté votre taux de base ?
Depuis 2002, il était de 3,25% et nous l’avons porté à 3,50%, le 23 septembre. Il faut dire que le taux d’inflation moyen depuis dix ans s’élevait à 1,8% et qu’il devrait être de 3,9% en 2008 et de 2,6% en 2009. Il s’agissait d’éviter un effet de "second tour" et de défendre la valeur du dirham.
Un rapport du FMI juge élevées les subventions accordées à certains produits d’importation. N’est-ce pas dangereux ?
Le FMI note aussi que le budget de l’Etat a fait face à l’augmentation de la dotation de la Caisse de compensation qui octroie ces subventions, sans que le déficit budgétaire dépasse 2,4% en 2008 et 3% en 2009. Il ne s’agit donc pas d’un financement monétaire. Le gouvernement travaille sur un ciblage des subventions avec l’aide du FMI et le Maroc se dirige vers un plafonnement des montants de ces compensations à un maximum de 3% du PIB. On ne ciblera plus des produits, mais des populations mises en difficulté par l’augmentation des prix alimentaires et énergétiques.
Source : Le Monde - Alain Faujas