Maroc : les Amazighs dénoncent le « génocide linguistique »

23 avril 2021 - 08h40 - Culture - Ecrit par : J.K

Un an et demi après l’adoption de la loi organique relative à la mise en œuvre du caractère officiel de la langue amazighe, l’Assemblée Mondiale Amazighe se désole des blocages de l’Exécutif marocain. Elle l’a fait savoir à l’occasion du 41ᵉ anniversaire du printemps amazigh.

Le chef de gouvernement, Saad Eddine El Othmani a présidé le 20 avril la réunion de la commission interministérielle permanente chargée du suivi et de l’évaluation de la mise en œuvre du caractère officiel de la langue amazighe, fait part Amadalamazigh, soulignant que cette rencontre qui coïncide avec le 41ᵉ anniversaire du printemps amazigh, intervient à cinq mois des échéances électorales.

Ce fut l’occasion pour Saâid Amzazi, ministre de l’Éducation nationale, d’exposer le peu de réalisations, avec la promesse du recrutement tous les ans de 400 enseignants pour une mobilisation de 5000 enseignants spécialisés en amazigh d’ici 2030. Un effectif de formateurs juste suffisant pour la première année du cycle primaire, ce qui prendrait une douzaine d’années. Et d’imaginer le temps qu’il faut pour avoir 100 000 professeurs pour 4,5 millions d’écoliers, pour former le reste des années du primaire se préoccupe l’Assemblée.

Dans son rapport du 28 mai 2019 sur les formes contemporaines de racisme et de discrimination raciale, la Rapporteuse spéciale des Nations Unies sur les formes contemporaines de racisme et de discrimination raciale, Mme Tendayi Achiume, avait exhorté les autorités marocaines à des efforts pour le respect des droits fondamentaux des Amazighs, particulièrement en ce qui concerne l’éducation, l’accès à la justice, les libertés d’opinion et d’expression, de réunion pacifique et d’association…

Des recommandations auxquelles n’a pas fait suite l’actuel gouvernement. Pour preuve, indique le site, le gouvernement jusqu’ici refuse de reconnaître le calendrier amazighe. Il n’a pris en compte, ni la langue amazighe, ni sa graphie tifinagh dans la nouvelle loi sur la carte électronique d’identité nationale, tout comme il a exclu l’enseignement de la langue amazighe aux enfants des citoyens marocains résidents à l’étranger.

Et le média de dénoncer le maintien de la politique de génocide linguistique de la langue maternelle des filles et fils du Maroc, en violation des articles 7 et 8 de la Convention internationale des droits de l’enfant (CIDE), adoptée par l’Assemblée générale des Nations unies le 20 novembre 1989, et du préambule de la Constitution et l’article 5 qui consacre que « l’amazighe constitue une langue officielle de l’État, en tant que patrimoine commun à tous les Marocains sans exception ».

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Amazigh - Patrimoine - Enfant - Menaces - Conseil de gouvernement

Aller plus loin

Le Maroc accusé de « génocide linguistique » envers l’Amazigh

Rachid Raha, président de l’Assemblée mondiale amazighe a, dans une lettre adressée à la directrice générale de l’UNESCO, dénoncé vigoureusement, comment « le Maroc, avec la...

Maroc : les Imazighen en lutte pour une reconnaissance identitaire et culturelle

Les Imazighen marocains sont dans une lutte permanente pour une plus large reconnaissance identitaire et culturelle.

Les Amazighs demandent le changement de nom de « Maghreb arabe presse »

La loi régissant l’« Agence Maghreb arabe presse », mérite un toilettage en vue de la modification de sa dénomination conformément à l’actuelle constitution. Dans ce sens,...

Les activistes trouvent une astuce pour l’officialisation de l’amazighe

Bon nombre d’activistes connus pour leur défense de la cause amazighe se lanceront dans la course aux élections du 8 septembre prochain. De quoi permettre d’accélérer la mise en...

Ces articles devraient vous intéresser :

Maroc : une école mise en vente avec ses élèves ?

Au Maroc, un agent immobilier se retrouve malgré lui au cœur d’une polémique après avoir publié une annonce de vente d’une école privée en incluant les élèves.

L’enseignement de la langue amazighe généralisé dans les écoles marocaines

Le ministère de l’Éducation nationale, du Préscolaire et des Sports vient d’annoncer son plan de généralisation de l’enseignement de la langue amazighe dans tous les établissements du primaire d’ici à l’année 2029-2030.

Le Groupe Barid Al-Maghrib promeut la langue amazighe

Le Groupe Barid Al-Maghrib entend intégrer la langue amazighe dans ses services. Dans ce sens, il a signé une convention de partenariat avec l’Institut Royal de la Culture Amazighe (IRCAM).

Maroc : plus de droits pour les mères divorcées ?

Au Maroc, la mère divorcée, qui obtient généralement la garde de l’enfant, n’en a pas la tutelle qui revient de droit au père. Les défenseurs des droits des femmes appellent à une réforme du Code de la famille pour corriger ce qu’ils qualifient...

Maroc : le salaire des militaires augmente

À l’instar des autres fonctionnaires publics, les agents des Forces armées royales (FAR) vont bénéficier d’une augmentation progressive de leurs salaires.

Maroc : moins de français dans les administrations

Les Marocains souffrent de la prédominance de la langue française dans les transactions informatiques des administrations marocaines. Tel est le constat fait par le groupe parlementaire du Rassemblement national des Indépendants (RNI), qui appelle la...

Maroc : où en est l’aide au logement ?

Des discussions sont en cours entre les parties prenantes pour finaliser le décret relatif à l’aide directe au logement en vue de sa présentation au Conseil de gouvernement dans les prochains jours.

Maroc : l’État «  adopte  » les enfants devenus orphelins après le séisme

Le Maroc va procéder au recensement de tous les enfants devenus orphelins après le séisme du 8 septembre et leur accorder le statut de « pupille de la nation ».

Maroc : appel pressant des exportateurs de légumes

Les associations de producteurs et exportateurs de fruits et légumes appellent le gouvernement d’Aziz Akhannounch à autoriser la reprise des exportations.

Maroc : un ancien diplomate accusé de prostitution de mineures risque gros

L’association Matkich Waldi (Touche pas à mon enfant) demande à la justice de condamner à des « peines maximales » un ancien ambassadeur marocain, poursuivi pour prostitution de mineures.