C’est le cas notamment des riverains de la non moins célèbre place de la Colombe Blanche qui a donné son surnom à la ville. Il est devenu coutume pour les jeunes mariés, depuis quelques années, de battre le macadam pour se prendre en photo avec le volatile en question. Une Colombe qui reste d’ailleurs de marbre devant les nombreuses allées et venues de couples en noir et blanc. Ce n’est, je vous l’assure, pas le cas du commun des mortels.
Imaginez-vous plongé dans un profond sommeil et que vous devez vous réveiller toutes les demi-heures par un boucan de tam-tam, un brouhaha indescriptible, une cacophonie de voix mêlées aux sons des klaxons offrant un concert gratuit, un crissement de véhicules dont les propriétaires, après une longue nuit de veillée, ne distinguent plus la droite de la gauche, sans parler des longues processions sans fin… Joue-t-on au rabat-joie en faisant ces remarques ? Que nenni ! Il s’agit tout simplement d’un irrespect de la tranquillité d’autrui.
Vous me répondrez ainsi : équipez votre domicile d’une bonne isolation acoustique, achetez un lot de boules quiès et munissez-vous d’un peu de patience !
Solutions à méditer mais que doit-on dire des nombreux malades alités dans les quatre cliniques et hôpitaux à proximité de la Colombe Blanche ? Clinique du Croissant-Rouge, l’Hôpital espagnol, la Clinique Nakhil et la Clinique de Tétouan ? Etablissements qui se situent à quelques mètres seulement du site tant convoité par les nombreux fêtards…
De plus, l’on n’hésite point à user de feux d’artifice et autres pétards ; des explosifs conçus pour faire du bruit lors des fêtes mais alors…. beaucoup de bruits.
D’ailleurs, lors de la détonation de ces explosifs « festifs », le riverain lambda aurait tendance à avoir peur en s’imaginant le pire ! Trois jeunes femmes enceintes auraient perdu leur bébé après avoir assisté à un mariage durant lequel des pétards avaient été lancés.
Des questions restent en suspens. Existe-t-il tout d’abord des textes qui prévoient des normes quant aux nuisances sonores ? De quelle manière peut-on contrôler l’utilisation des systèmes d’artifices-pétards ? Quand prendra-t-on conscience que l’émission ou la propagation des bruits peuvent nuire à la santé de l’homme et à la tranquillité publique et porter atteinte à la qualité de la vie et à l’environnement ?
Des interrogations qui trouveront un jour, peut-être, des réponses. D’ici là, pour vaincre ces pollutions sonores, seules les boules quiès feront l’affaire !
Nuisances sonores et occupation de l’espace public
Qu’en est-il de ces tentes caïdales qui s’éparpillent çà et là dans les villes marocaines et d’où chant, musique, et youyous fusent jusqu’aux premières lueurs de l’aube ? Ces festivités offrent aux invités différentes réjouissances en ces temps de vacances et des moments de joie et de divertissement, puisqu’elles constituent de véritables mini-concerts.
Implantés au milieu des rues et avenues, ces campements provisoires occupent l’espace public. Ils bloquent le passage des véhicules et donnent, de par la manière dont ils sont érigés et les éléments qui les constituent, une mauvaise image des villes. Le voisinage est obligé de faire montre de patience. La construction des « tentes » commence le matin dans un bruit d’enfer. Le soir, musique et chant amplifiés par de haut-parleurs causent une nuisance sonore insupportable.
Celle-ci trouve, en la nuit, un domaine propice et porte sérieusement atteinte au calme des lieux et au repos des mitoyens, sachant que nos cérémonies se font en majorité les soirées des vendredis, samedis, et dimanches, nuits de détente pour les marocains.
La loi, est très claire. Chaque célébration de mariage et chaque installation de tente caïdale doivent faire l’objet d’une autorisation accordée par les responsables concernés. Toute célébration qui utilise un amplificateur doit en suspendre le fonctionnement avant 22h, et tout dépassement est jugé illégal et passible d’amende.
Entre les avantages de la loi et les attitudes, souvent transgressives des gens, le mariage demeure une occasion dûment espérée par les uns mais nullement appréciée par les autres.
Libération - Amel Nejjari & Abdelhakim Dahi