Mariage : entre virginité et tradition, la nuit de noces ruine la vie des femmes

23 janvier 2020 - 08h20 - Maroc - Ecrit par : S.A

Certaines pratiques traditionnelles continuent de résister au temps dans des pays arabes et musulmans comme le Maroc, au point que le mariage peut voler en éclats après la nuit de noces. Les femmes en paient le lourd tribut.

Bon nombre de femmes vivent mal leur nuit de noces en raison des pesanteurs sociologiques. La femme doit garder sa virginité avant le mariage dans plusieurs pays arabes et musulmans. Le média britannique BBC est allé à la rencontre de certaines d’entre elles.

Contre vents et marées, Somayya* s’était mariée à Ibrahim* qu’elle aimait tant. Seulement, elle était à mille lieues d’imaginer que sa nuit de noces allait la faire déchanter à tout jamais. "Avec empressement, et sans lui donner le temps de reprendre son souffle, son nouveau mari s’est mis à pénétrer son hymen dès qu’il le pouvait, prétendant que son amour pour elle justifiait son empressement", relate-t-on.

Âgée de 23 ans à l’époque, la jeune confie avoir coopéré, malgré son épuisement. "Nous pensions en savoir beaucoup l’un sur l’autre, mais tout est passé par la fenêtre quand "aucun signe de virginité n’est apparu", raconte-t-elle. Lorsque le gynécologue déclara le lendemain que l’hymen de Somayya était épais et ne pouvait se rompre après un accouchement naturel, son mari a poussé un ouf. Seulement, la jeune femme s’était résolue à divorcer ; un divorce qu’elle n’a pas obtenu jusqu’à quitter la Syrie, en juin dernier, pour l’Europe.

Tout comme Somayya, Jumanah* avait vécu un cas similaire. "Il a fermé la porte et nous a dit de nous dépêcher, car les anciens de la famille attendaient la vérification. C’était absolument horrible. (…) Malgré ma douleur physique et ma détresse émotionnelle, la seule préoccupation de mon mari était cette tache de sang. (…) Je n’ai pas saigné cette nuit-là, alors mon mari a brisé le silence de la nuit en hurlant : "Il n’y a pas de sang !", raconte-t-elle. Après 20 ans de conflit conjugal, elle mit fin à son mariage, puis s’installa à Bruxelles avec ses enfants. Jumanah, 45 ans, confie vivre désormais heureuse, car elle a pu divorcer de son mari et de la société qui ne la traitait pas du tout équitablement.

*prénoms d’emprunt

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Femme marocaine - Mariage - Virginité

Aller plus loin

France : vers la pénalisation de la délivrance des certificats de virginité

Près d’une vingtaine de pays dans le monde dont le Maroc, selon l’OMS, font du “certificat de virginité”, la pièce maitresse qui détermine le caractère précieux du mariage. Mais...

Vers la fin des tests de virginité au Maroc ?

Trois organisations viennent de lancer un appel aux gouvernements de plusieurs pays, dont le Maroc, pour mettre fin aux tests de virginité.

Campagne pour l’interdiction des tests de virginité au Maroc

Quelques jours après le lancement de la campagne « STOP 490 » pour la dépénalisation des relations sexuelles consenties et extra-conjugales, la société civile marocaine s’engage...

Le Maroc refuse d’interdire les tests de virginité

Malgré l’appel lancé le 17 octobre dernier par l’OMS et l’ONU Femmes pour interdire définitivement les tests de virginité, le Maroc n’a pas encore répondu positivement.

Ces articles devraient vous intéresser :

Hôtels au Maroc : la fin du certificat de mariage ne plaît pas à tout le monde

Au Maroc, la levée de l’exigence d’un certificat de mariage dans les hôtels est loin de faire l’unanimité. Alors que certains Marocains ont célébré cette évolution comme une étape vers plus de liberté personnelle et de vie privée, d’autres estiment que...

Le mariage des mineures au Maroc : une exception devenue la règle

Depuis des années, le taux de prévalence des mariages des mineurs évolue en dents de scie au Maroc. En cause, l’article 20 du Code de la famille qui donne plein pouvoir au juge d’autoriser ce type de mariage « par décision motivée précisant l’intérêt...

Maroc : plus de droits pour les mères divorcées ?

Au Maroc, la mère divorcée, qui obtient généralement la garde de l’enfant, n’en a pas la tutelle qui revient de droit au père. Les défenseurs des droits des femmes appellent à une réforme du Code de la famille pour corriger ce qu’ils qualifient...

Pilules abortives : le Maroc face à un gros problème

Des associations de défense des droits des consommateurs dénoncent la promotion sur les réseaux sociaux de pilules abortives après l’interdiction de leur vente en pharmacie, estimant que cette pratique constitue une « atteinte grave à la vie » des...

Maroc : des changements majeurs pour les MRE en matière de droit de la famille

Le Maroc a décidé d’alléger considérablement les procédures administratives en matière du Droit de la famille, notamment le mariage, le divorce et l’état civil en faveur des Marocains résidant à l’étranger (MRE).

Le mariage qui a sauvé un village

La célébration d’un mariage a sauvé tous les habitants d’un village marocain lors du tremblement de terre meurtrier du 8 septembre, qui a détruit leurs maisons.

Maroc : Une vague de racisme contre les mariages mixtes ?

Des activistes marocains se sont insurgés ces derniers jours sur les réseaux sociaux contre le fait que de plus en plus de femmes marocaines se marient avec des personnes originaires des pays d’Afrique subsaharienne. Les défenseurs des droits humains...

Vers une révolution des droits des femmes au Maroc ?

Le gouvernement marocain s’apprête à modifier le Code de la famille ou Moudawana pour promouvoir une égalité entre l’homme et la femme et davantage garantir les droits des femmes et des enfants.

Le droit des femmes à l’héritage, une question encore taboue au Maroc

Le droit à l’égalité dans l’héritage reste une équation à résoudre dans le cadre de la réforme du Code de la famille au Maroc. Les modernistes et les conservateurs s’opposent sur la reconnaissance de ce droit aux femmes.

Femmes ingénieures : le Maroc en avance sur la France

Au Maroc, la plupart des jeunes filles optent pour des études scientifiques. Contrairement à la France, elles sont nombreuses à intégrer les écoles d’ingénieurs.