Mariage : un rêve transformé en cauchemar

4 octobre 2002 - 22h30 - Maroc - Ecrit par :

La violence conjugale revêt de nombreuses facettes : violence physique, violence morale, menace et tout type de chantage. L’injustice d’un mari à l’égard de sa femme et de ses enfants marque une profonde déchirure qui sévit malheureusement dans notre société actuelle.

Ce témoignage en est le parfait symbole et prouve que nous n’avons pas encore trouvé le moyen d’y remédier pour répondre aux valeurs morales de toute société qui se respecte : l’unité de la famille.

Prendre en charge le foyer conjugal et venir en aide à un mari en difficulté n’est plus l’apanage de films égyptiens et autres « mexicaneries ». La réalité s’y conforme et nous remarquons aujourd’hui que plusieurs jeunes femmes se battent contre les mauvais jours pour garder l’équilibre au sein de la famille.

S’entraider est une situation normale, direz-vous mais l’iniquité relevée est que la réciprocité fait défaut. Comment ? Lisez et vous comprendrez pourquoi…

« Je suis née en 1965 dans une famille modeste. A l’âge de 20 ans, je perds mes parents dans un accident de circulation et peu de temps après, mon frère unique connaît des difficultés avec les autorités judiciaires pour une affaire de vol d’où son emprisonnement.

Devant faire face à mes besoins et étant sans héritage, j’ai dû abandonner mes études pour travailler dans une usine de confection. Engagée d’abord comme ouvrière, je fus rapidement promue au rang de secrétaire pour ma connaissance du français mais aussi pour mon sérieux.

Au fil des jours, un collègue s’est rapproché de moi et nous avons eu des projets de mariage. Ne cherchant pas éterniser cette situation par peur du « qu’en dira-t-on », j’ai décidé d’accepter la demande de Hamid croyant que c’était le meilleur moyen de le mieux connaître tout en coupant court aux mauvaises langues.

Quelques jours après le mariage, Hamid est licencié pour détournement de marchandises. Cédant à mes responsabilités de bonne épouse, je ne l’ai pas abandonné et je l’ai soutenu de mon mieux. Charges domestiques, loyer… le tout reposait sur mon salaire.

Mais il était hors de question que je flanche. Je devais tenir pensant que cette situation serait passagère et que mon mari redresserait la barre. Malheureusement, la situation ne s’est pas améliorée et Hamid a sombré dans l’alcoolisme et a multiplié les mauvaises fréquentations.

Réagissant contre cet état de choses et en guise de réponse, il m’a battue et m’a violentée physiquement jusqu’au jour où on m’a conduite aux urgences. Cursus habituel, il me supplie de lui pardonner et me promet de changer.

Mes enfants d’abord
Acceptant de reprendre la vie commune, nous avons décidé d’un commun accord d’améliorer notre condition de vie en investissant dans une petite affaire de lingerie féminine. Prenant le crédit en mon nom, je me lance et le commerce tourne à peu près correctement sauf que le bénéfice est divisé entre le remboursement de l’emprunt et… l’alcool.

Le temps passe et je mets au monde deux jumeaux. Leur père s’en décharge et refuse de les inscrire au registre de l’état civil. Mes responsabilités se sont accumulées aussi bien à la maison qu’au travail et j’ai été obligée de prendre une jeune fille à la maison pour m’aider.

N’ayant plus de vie intime avec mon époux en raison de certaines complications provoquées par l’accouchement, j’ai accepté sa demande d’épouser la domestique à condition qu’il inscrive mes enfants en son nom.

Entre temps, la situation a dégénéré et j’ai été expulsée de la maison avec mes enfants. Ne cherchant pas à compliquer les choses et ce, pour l’avenir de ces derniers, j’ai essayé de trouver un arrangement avec leur père mais en vain.

J’ai finalement volé le livret d’état civil pour essayer d’arranger les choses par moi-même ; malheureusement Hamid me menace continuellement, ce qui m’oblige à déménager à chaque fois. Je me sens perdue, je ne sais plus que faire. Que me conseillez-vous ? Quelle voie dois-je suivre ?

Je me désiste de tout pourvu que mes enfants recouvrent leur droit d’être inscrits dans le registre de l’état civil » demande Kawtar, les yeux pleins de larmes et la voix fébrile.

Linda Rfaly pour menara femmes

Bladi.net Google News Suivez bladi.net sur Google News

Bladi.net sur WhatsApp Suivez bladi.net sur WhatsApp

Sujets associés : Droits et Justice - Femme marocaine - Mariage

Ces articles devraient vous intéresser :

Une Marocaine meurt après avoir pris des pilules achetées sur Instagram

Une Marocaine de 28 ans est décédée après avoir pris des pilules amincissantes achetées auprès d’une inconnue qui faisait la promotion de ces produits sur Instagram.

Maroc : Vague d’enquêtes sur des parlementaires pour des crimes financiers

Une vingtaine de parlementaires marocains sont dans le collimateur de la justice. Ils sont poursuivis pour faux et usage de faux, abus de pouvoir, dilapidation et détournement de fonds publics.

Maroc : les femmes divorcées réclament des droits

Au Maroc, les appels à la réforme du Code de la famille (Moudawana) continuent. Une association milite pour que la tutelle légale des enfants, qui actuellement revient de droit au père, soit également accordée aux femmes en cas de divorce.

L’appel des chrétiens marocains

La communauté chrétienne au Maroc a réitéré, à l’occasion de la célébration de la fête de Noël, sa demande d’abrogation de l’article 220 du Code pénal et de la dépénalisation du prosélytisme.

ADN au Maroc : vers un fichage incontrôlé ?

L’utilisation à des fin illégales des empreintes et des échantillons d’ADN des Marocains, prélevés dans le cadre des enquêtes criminelles, préoccupe des parlementaires qui ont interpelé le gouvernement à ce sujet.

Au Maroc, le parti au pouvoir dit niet au mariage homosexuel

Le parti Rassemblement national des Indépendants (RNI) présidé par Aziz Akhannouch, chef du gouvernement marocain, affiche son opposition au mariage homosexuel.

Une bague et un « oui » : Sammy Mahdi et Nawal Farih se fiancent

Le président du CD&V, Sammy Mahdi, a annoncé ce 1ᵉʳ janvier ses fiançailles avec Nawal Farih, députée fédérale d’origine marocaine.

Maroc : des soupçons d’adultère conduisent à un drame

Le corps sans vie d’une jeune femme a été retrouvé au domicile de sa famille dans les environs de Berrechid. Soupçonné d’homicide, son mari en fuite a été arrêté par les éléments de la Gendarmerie royale relevant du centre territorial de Deroua.

Maroc : Une vague de racisme contre les mariages mixtes ?

Des activistes marocains se sont insurgés ces derniers jours sur les réseaux sociaux contre le fait que de plus en plus de femmes marocaines se marient avec des personnes originaires des pays d’Afrique subsaharienne. Les défenseurs des droits humains...

Maroc : un magistrat sévèrement sanctionné

Le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire vient d’ordonner la révocation d’un juge exerçant dans un tribunal de première instance, condamné pour corruption. Le magistrat a été pris en flagrant délit, alors qu’il recevait la somme de 500 dirhams de la...