Le gouvernement marocain s’apprête à modifier le Code de la famille ou Moudawana pour promouvoir une égalité entre l’homme et la femme et davantage garantir les droits des femmes et des enfants.
Les mariages mixtes présentent une réalité de plus en plus évidente dans notre société. Plusieurs Marocains se sont unis à des étrangères sans que cela ne choque personne. Parfois, certains vous disent que ce sont les plus chanceux. Mais dès qu’on inverse la donne, les regards deviennent perçants, les sourires figés et les tensions montent.
La société devient moins clémente à l’égard des Marocaines qui ont choisi de se marier avec des étrangers. Pis encore, la loi musulmane est intransigeante.
La mixité sous-entend le plus souvent des différences de nationalité, de culture, de religion ou de race. Depuis des décennies, ces mariages mixtes soulèvent les interrogations des uns, l’agressivité des autres…
Répondant au principe de l’homogamie, « qui se ressemble s’assemble », les Marocains choisissent leurs moitiés soit dans le même milieu social soit à travers le domaine professionnel ou encore par le biais des familles.
S’unir en dehors de ces caractéristiques peut quelques fois susciter des controverses surtout lorsque l’intrus est un mâle ! Car si notre petit rentre au pays accompagné d’une jolie blonde, la tradition est moins regardante mais si vous, votre cœur a tressailli pour un Jacques ou un Patrick, les tabous ressurgissent, l’identité religieuse fait surface, la loi se dresse tel un rempart et vous vous retrouvez devant un N-o-N collectif.
Qu’est ce qu’un mariage mixte ?
A l’origine, le mariage mixte était défini comme étant l’union entre un marocain et une étrangère. Une définition se basant uniquement sur le critère de la nationalité.
Par la suite, la caractéristique de la religion a été introduite comme un facteur déterminant de la qualification du mariage mixte pour le considérer comme étant une union entre un marocain musulman et une personne non marocaine et non musulmane.Mais aujourd’hui, certaines modifications ont été apportées par le législateur. Il est ainsi considéré comme mariage mixte, toute union entre marocains et étrangers de statut différent.
Un mariage mixte est un mariage conclu entre un marocain musulman avec un conjoint marocain non musulman ou musulman mais non marocain ou encore un non musulman et un non marocain…
Quelles sont les conditions pour la viabilité de ce mariage ?
La loi nationale de chacun des deux époux établit les conditions préalables et les interdits à ce mariage.Si vous êtes une étrangère, sachez que vous ne pouvez vous unir à un Marocain musulman que si vous appartenez aux gens du livre, à savoir les juifs et les chrétiens. Au regard du droit marocain par exemple, basé sur la chariâa, vous jouissez de la qualité d’épouse et vos enfants nés de cette union sont légitimes. En aucun cas, ces derniers ne sont naturels puisque votre mariage est valable et n’est entaché d’aucun vice.
Par-contre, si vous êtes une Marocaine musulmane, vous pouvez épouser un étranger à condition de partager la même confession, c’est à dire que vous êtes tous les deux musulmans. Le mariage avec un non-musulman, quelle que soit la religion de celui-ci, est rejeté par le droit musulman et donc proscrit par votre loi nationale.
Il est important que vous sachiez qu’au Maroc, la loi tire son fondement de la chariâa. Vous répondez au code du statut personnel propre aux musulmans et aux musulmanes. Vous êtes ainsi conditionnée par les règles du Coran.
Vous pouvez toujours vous marier à l’étranger notamment devant l’officier de l’état civil des pays laïcs (en France par exemple), dans la mesure où cet officier ne prend pas en considération la disparité du culte comme empêchement au mariage. Seulement, cette union est inexistante. Sur le sol marocain, vous serez considérée comme non-mariée, voire vivant en état de concubinage. Vous risquez d’être frappés tous deux par des sanctions pénales.
En revanche, cette prohibition est levée par la conversion de votre partenaire. Ce dernier, converti, devra demander une autorisation préalable du ministre de la justice. Le pouvoir de celui-ci est délégué auprès des procureurs généraux des cours d’appel.
Ces actes de conversion sont exonérés de toute taxe de chancellerie. Une fois cette pièce administrative fournie, l’acte de mariage peut être rédigé par les adouls.
Le mariage mixte n’est pas un engagement simple. Réfléchissez mûrement avant de prendre cette décision, prenez le temps de vous informer auprès de votre ambassade pour les papiers à fournir, essayez de faire les choses dans les règles. Dénigrée par tout un système social, lésée par une législation vétuste, vous risquez de baisser les bras face à une machine administrative lente et butée. Sachez faire la distinction entre votre affectif, les possibilités présentes et surtout Mesdames, gardez votre calme !
Linda Rfaly pour menara Femmes
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