Basma Boussel, la célèbre styliste et chanteuse marocaine, a annoncé son divorce avec le chanteur égyptien Tamer Hosny. L’annonce a été faite sur le compte Instagram de Boussel, avec un message qui a ému ses fans.
« Si on ne met pas un terme au piratage, il n’y aura plus personne pour faire des chansons au Maroc au cours des prochaines années ». Depuis toujours, Malek n’a de cesse de faire le même plaidoyer sans trop croire qu’un jour il serait entendu.
Chanteur compositeur, il est l’un des rares artistes à dire qu’il vit (difficilement) de son métier. « Nous travaillons pour les pirates, c’est eux qui vivent de notre travail, pas nous ».
Injustice ? c’est peu dire. C’est tout un secteur aux potentialités productives insoupçonnables, celui de la musique, qui est pris en otage par des trafiquants de cassettes qui, dans l’impunité totale, se plaisent à détourner la propriété intellectuelle d’autrui à leur seul profit.
Comment expliquer le contraste, plus que criant, entre la richesse et la diversité dont tout le monde parle s’agissant de la musique marocaine, et l’absence de vedette de stature arabe et encore moins internationale, sinon par l’absence d’une production musicale structurée et viable qui englobe aussi bien l’édition que l’animation en passant par la réalisation et la promotion ? En fait, il s’agit d’une industrie qui, comme telle, a besoin d’un tissu d’entreprises de production, de promotion et d’animation, pour assurer un niveau respectable de croissance à la fois quantitatif et qualitatif de production ; générer des emplois et des richesses qui profitent à tout le monde.
Or, comment une telle industrie pourrait-elle s’installer quand elle est confronté à tous les entraves imaginables qui oeuvrent toutes à la saper à la base. Le piratage est entre tous, le plus redoutable. « Beaucoup de sociétés de production ont été contraint de mettre la clef sous le paillasson , celles qui survivent ont de moins en moins envie de produire des artistes connus » affirment Malek. Et pour cause. La production des chanteurs anonymes ne coûte pas grand chose et en plus, il ne sont pas trop regardant sur ce qu’advient de leur produit. On l’a dit, le piratage fausse tout.
Malek en sait quelque chose, non seulement en tant que chanteur-compositeur, mais également en tant que producteur avant de s’en mordre les doigt .
Pourtant l’itinéraire de Malek, son talent, aurait pu le mener très loin.
C’est à 14 ans qu’il se découvrit un talent de poète. Le lycée, l’adolescence, les belles filles, le temps des fleurs quoi ; et comme tous les jeunes de son âge, Malek était beau et croyait lui aussi au ciel.
A 16 ans, il commence déjà à gratter la guitare, Brel, Brassens, Piaf, Serge Reggiani, Gilbert Becaud, ont pignon sur rue et il est difficile de ne pas succomber à leur influence. Nous sommes dans les années 70.
C’est à Montpellier, où il s’est rendu pour terminer ses études, que le Jeune Malek, affronte pour la première fois le public. Il commence déjà à faire les cafés théâtres avec un groupe. Il réussit même à éditer un 45 tours sous le titre : Une Mère.
C’est alors qu’il décide d’abandonner les études pour se donner tout entier à sa passion : la musique. En 81, c’est la sortie de son premier album : La Mal-vie, une très belle chanson qui connaît un grand succès. Bientôt suivie d’autres, 8 album en tout.
L’influence de Brel est manifeste dans certains, mais déjà le cachet Malek prend de l’ampleur. Un cachet fait d’une double culture, celle française du côté de la mère, Marie-Louise Belarbi pour ne pas la nommer : « une dame de culture qui m’a élevé dans la tolérance ».
Celle marocaine aussi, le père, Oujdais de naissance et dont Malek garde les marques dans sa musique, le parfum raï. La parfaite harmonie avec Hamid Bouchnak viennent-ils de là ? Sans doute. « J’assume ma double culture et j’essaie au mieux d’en faire une source de créativité » dira Malek.
A la fin des années 80, Malek et quelques autres artistes dont Hamid Bouchnak, Mouskir, Saïd Fikri, Sidonie et d’autres, dans un élan d’enthousiasme, ont cru pouvoir s’investir dans la production en créant Maya Productions. L’idée était de mettre leurs efforts et leurs talents en commun au service de la promotion de la chanson marocaine. Après tout, les société de productions n’étaient pas légion et tout reste à faire dans le domaine. C’est ce qui se fait dans les autres pays où la musique est une véritable industrie. Pas au Maroc malheureusement. Malek est ses amis ne tarderont pas le découvrir.
Encore une fois à cause du piratage. On imagine la suite. « Nous ne sommes pas les seuls à abandonner, d’autres sociétés de productions ont été contraintes à fermer boutique ».
Est-ce une fatalité ? « Oui, tant qu’il n’y a pas une réelle volonté politique de mettre un terme au piratage », conclut Malek .
Le Matin
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