Plus de 200 personnes ont manifesté, samedi après-midi, dans les rues de la ville pour dénoncer la « double peine » qui frappe cet habitant des Mureaux. Le jeune homme doit sortir le 30 avril de la maison d’arrêt de Bois-d’Arcy où il a purgé une peine de six ans de prison pour des délits commis en 1995. Mais il reste sous le coup d’une mesure de reconduite à la frontière. « Le tribunal de Versailles ne l’a condamné qu’à une seule peine, la prison, mais le ministère de l’Interieur ajoute cette expulsion. Les étrangers payent deux fois », dénonce Mohamed Hocine. Cet autre muriautin a fondé dès 1989, après avoir été touché lui aussi par cette sanction, le Comité national contre la double peine, puis en 1995 le MIB, Mouvement de l’immigration et des banlieues.
« Nous avons la même mère, mais pas les mêmes lois », ajoute Youssef, le frère cadet d’Abdelkrim, qui est français alors que son frère a conservé la nationalité marocaine. « Mon frère est né au Maroc, il est arrivé en France à l’âge de 6 ans, il a grandi et passé sa scolarité aux Mureaux, il est marié à une Française, il a un fils, Nabil, de 6 ans, qui est français, et il risque dès le 30 avril d’être envoyé de force par avion vers un pays qu’il ne connaît pas », s’insurge-t-il. « Abdelkrim a payé sa dette pour des erreurs passées, il devrait retrouver sa famille et ses amis, reconstruire sa vie, il n’en est rien », ajoute sa maman en larmes qui tient dans ses bras son petit-fils Nabil. La manifestation pourtant bruyante, sur fond de musique rap et de slogans « police partout, justice nulle part » ou « Première, deuxième, troisième génération, on s’en fout, on est chez nous », s’est déroulée dans le calme. Seuls les sit-in aux principaux carrefours de la ville ont provoqué de beaux embouteillages. Une délégation a été reçue par le maire des Mureaux qui attend pour aujourd’hui une réponse du ministre de l’Interieur. « S’il le faut, nous irons manifester le lundi 30 au matin devant la prison de Bois-d’Arcy pour empêcher son expulsion », affirment sa famille et ses amis.