Le henné, plante du Paradis : un instrument de parure doté d’un pouvoir magique

20 avril 2004 - 10h54 - Culture - Ecrit par :

Le henné reste une composante majeure dans les rites qui ponctuent la vie des marocains mais surtout des marocaines. Car, si elle est l’apanage des femmes, il n’en demeure pas moins que l’enfant de sexe masculin y trempe les mains à une phase cruciale de sa vie à savoir, le moment de la circoncision. Néanmoins, il ne s’agit là que d’un badigeonnage unique contrairement à la fille qui se pliera à ce cérémonial au cours de différentes étapes de sa vie de femme.

La plante dite du Paradis pour sa couleur verte et pour les bienfaits -y compris sur le plan médicinal- qu’on lui prête depuis la nuit des temps, est vecteur de bon nombre de symboles, lesquels sont porteurs de message ou encore protecteurs des méfaits de la magie, du mauvais oeil et des esprits.

Le début de la jeune fille marocaine avec le henné se fait très tôt. D’abord bébé et ensuite lors des cérémonies de circoncision de ses frères.

Cependant, le moment où son usage prend le plus d’importance reste la fête du mariage, car tout un rituel se décline inhérent au caractère de légende, de mysticité et de croyances qui ont accompagné au fil des siècles aussi bien cette fête que la plante magique.

Le henné constitue aussi un instrument de séduction et un élément incontournable de la parure de la mariée. Et si dans les compagnes marocaines la tendance est toujours au badigeonnage lors du mariage, dans le milieu citadin c’est N’kich qui l’emporte. Toute une soirée est réservée à la pose de dessins. Les mains et les pieds de la mariée deviennent ainsi non seulement un espace plastique mais un champ fertile pour l’exploration ethnologique vu la richesse des signes et des formes.
Le henné est également présent dans d’autres étapes essentielles de la vie des femmes : celle de la procréation et de la fin du deuil qu’elles portent pendant quatre mois et dix jours à la suite du décès du mari.

Ainsi, chaque étape a son propre cérémonial au niveau de la pose du henné. Parfois, ce rituel traduit le non-dit, le refoulé notamment lors des cérémonies de transe collective L’Hadra et J’dba, à titre d’exemple. Mais aussi lorsque la plante moulue et préparée est donnée en offrande aux Saints, censés être investis de pouvoirs surnaturels et que les femmes de tous les âges approchent sollicitant leur intervention ou une faveur.

Le henné reflète, également, le lien du patrimoine avec la mémoire, ses représentations, ses sources d’inspiration et avec les composantes socioculturelles de la société.

Quel que soit l’objectif qui préside à son utilisation, le henné est intimement lié à l’histoire du Marocain. Ce dernier à l’aise dans son appartenance identitaire l’assume et en fait un domaine d’exploration artistique en perpétuelle innovation pour l’adapter, chaque fois que nécessaire, et l’incruster, comme d’autres traditions, dans la modernité tout en préservant l’essence de ce patrimoine et ses spécificités culturelles.

Fatima Boutarkha

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