Ces gisements qui s’étendent sur une superficie de près de 25.000 ha produisent environ 2.700 tonnes en moyenne par an de ghassoul et assurent la totalité de la consommation nationale. Si le gisement du ghassoul de Tamdalet reste le plus important au niveau mondial, le produit connaît actuellement des difficultés d’écoulement en raison de l’importance des stocks existants et de la faible utilisation de cette matière notamment en industrie, a confié un responsable de la délégation régionale des mines à la MAP.
Il a ajouté que des actions de marketing et de prospection de nouveaux marchés seront lancées pour rechercher de nouveaux débouchés particulièrement au niveau du secteur industriel. Concernant le traitement de l’argile sur les lieux, le ghassoul, a-t-il dit, est trié manuellement sur le tas aussitôt après son extraction. Les produits grossiers qui sont généralement purs sont ensachés et livrés en vrac aux clients.
Les morceaux les plus fins sont, quant à eux, acheminés à la laverie située au lieu dit "gare Tamdaleft" sur la rive d’Oued Moulouya et par la suite étendus sur des surfaces bétonnées pour être séchés au soleil avant leur livraison. Réputé pour ses vertus astringentes, absorbantes et adoucissantes, le ghassoul a toujours été, dans la tradition fassie, l’élément incontournable de la trousse de bain des femmes au même titre que le savon noir et le gant de crin.
Et il était hors de question d’utiliser le ghassoul à "l’état brut" ou sous la forme vendue dans le commerce. Sa préparation à la maison, relevait d’un véritable rituel, jalousement préservé à travers le phénomène de transmission de mère en fille et le ghassoul faisait ainsi partie des provisions de l’année de la femme fassie. L’opération de préparation consistait en la macération pendant toute une nuit du produit brut dans de l’eau additionnée à plusieurs essences notamment des fleurs d’oranger et du myrte en vue de le faire bien gonfler, grâce aux sels minéraux qu’il renferme, dont les plus importants sont les "smectiques".
La matière ainsi obtenue (une forme de boue liquide) était passée au tamis, décantée et ensuite malaxée à la main telle une patte à pain et ce en vue d’éliminer toute impureté et saleté. Ainsi nettoyé et parfumé, le produit était étendu sur des tôles propres loin des poussières pour le faire sécher au soleil. Les plaquettes très fines obtenues par la suite, sont stockées dans des boites en fer hermétiques et conservées dans des endroits secs.
Ce produit à 100 pc écologique, faisait également partie des offrandes faites à la mariée par la famille du fiancé aux cotés du henné, des dates et du lait, le jour de la conclusion de l’acte de mariage. Le dahir d’Intifâa (Jouissance) du 14-9-1796 pour l’exploitation des carrières fût promulgué par le Sultan Sidi Mohammed Ben Abdellah au profit des chorfas ouled Moulay Ali Ksabi de la Moulouya pour l’exploitation du gisement en contrepartie du versement de la moitié des redevances au trésor de l’Etat.
Ce droit est resté maintenu jusqu’au 23 mai 1947 quant les chorfas Ksabi et l’administration des domaines décidèrent de le remettre à l’époque à une entreprise "moderne". En 1954, une société marocaine a pris la relève et depuis cette date les droits d’exploitation se font selon un cahier de charges réglementant l’adjudication, dont la dernière remonte au mois de février dernier pour une durée de 10 ans.
MAP