Le ministre qui s’exprimait lors d’une conférence de presse a souligné "l’importance et la gravité" de ce dossier dans la mesure où plusieurs des personnes impliquées sont des responsables à qui l’Etat a confié la tache d’assurer l’ordre public et de généraliser la justice entre les gens.
Neuf magistrats ont été suspendus dont cinq ont été déférés devant la cour spéciale de justice et l’enquête se poursuit, a précisé M. Bouzoubaa.
Au total, ce sont vingt sept (27) personnes qui ont été déférées devant la cour spéciale de justice dont un préfet de police, un inspecteur général, deux commissaires principaux ainsi que trois éléments de la gendarmerie royale.
Pour ce qui est des montants offerts dans le cadre de la corruption en relation avec le trafic de drogue, le ministre qui a souligne la "difficulté" de définir ces montants - qui est du ressort de la justice- a indiqué que suite à une perquisition faite dans le domicile d’un magistrat, 80.000 DH et 10.000 Euros ont été saisis, alors que certains trafiquants ont déclaré avoir versé des sommes allant jusqu’à deux cent millions de centimes.
M. Bouzoubaa a en outre déclaré que les affaires de corruption mises à jour ne datent pas seulement des dernières années mais que certains magistrats ont continué à recevoir des sommes de la part de trafiquants et que la dernière affaire remonte au 20 juillet dernier.
Par ailleurs, le ministre a déclaré que tous les dossiers jugés dans le cadre de la campagne d’assainissement de 1996 et dont les personnes poursuivies avaient bénéficié de l’acquittement, ont été rouverts et il s’est avéré que des personnes ayant bénéficié de l’acquittement ou de la liberté provisoire dans certains dossiers, ont influé sur la décision de justice. Il a ajouté que la campagne de 1996 "n’a pas atteint tous ses objectifs" dans le cadre de la lutte contre le fléau de la drogue.
Concernant le cas du journaliste Hocine Mejdoubi qui a été interpellé en relation avec le démantèlement du réseau de Mounir Erramach, le ministre a indiqué que Mejdoubi qui a été libéré lundi soir a été présenté devant le juge d’instruction près la cour d’appel de Tetouan "pour implication dans le faits de corruption, non dénonciation".
Il a ajoute que selon certaines déclarations contenues dans des procès verbaux, Mejdoubi avait des liens avec un des chefs de bande de trafic de drogue dont il a reçu une certaine somme d’argent pour rédiger un article comprenant des informations impliquant un autre chef de bande rivale, mais que l’enquête se poursuit pour vérifier la véracité de ces déclarations.
Toujours en relation avec les affaires de corruption, le ministre a confirmé l’existence d’une liste de personnes auxquelles il a été demandé de ne pas se présenter aux prochaines élections locales et ce suite aux doutes soulevés concernant leur élection, notamment l’utilisation de l’argent. Certaines personnes ont été convaincues et se sont retirées, alors que d’autres ont contesté cette décision et ont décidé de porter l’affaire devant la justice, a-t-il ajouté.
En réponse à une question sur les dernières condamnations à la peine capitale de certains individus impliqués dans les attentats du 16 mai dernier, le ministre a indiqué que cette sanction existe dans le code pénal marocain et que les personnes condamnées à mort ont porté l’affaire devant la cour suprême.
L’implication de plusieurs responsables des services de police et de la gendarmerie royale ainsi que des officiers des forces armées royales et des magistrats dans un réseau de trafic de drogue qui a été démantelé dans la région de Tetouan (nord du Maroc), a été mise à jour et des armes ont été saisies en relation avec cette affaire, rappelle-t-on.
C’est l’enquête sur l’affrontement entre deux bandes rivales de trafiquants de drogue ayant provoqué la mort d’une personne qui a révélé l’existence de ce réseau et la complicité de ces responsables.
APS