La fête des démocrates célèbre les femmes et les jeunes

24 juillet 2003 - 11h25 - Maroc - Ecrit par :

Samedi 26 juillet, la démocratie se fait festive. Le temps d’une journée et jusqu’au bout de la soirée, la démocratie n’est plus discours ; elle est joie de vivre. Le message est délivré en musique, dans la bonne humeur, entre la poire et le fromage. La fête des démocrates, qu’organise l’association Alternatives ce samedi à Casablanca, au complexe Al Amal, est d’abord et avant tout un espace de résistance pour montrer aux yeux du monde qu’ « on peut vivre son islamité dans la joie de vivre ».
Dès le matin, à 9h30 et jusqu’à 23h, la fête sera « rencontre d’échanges culturels et de convivialité pour la promotion et la défense des valeurs de progrès et de modernité au Maroc ».

La fête des démocrates n’en est pas à sa première fois. L’été dernier, les démocrates faisaient la fête à Casablanca mais à une bien petite échelle. « Cela s’est passé dans une petite salle. Le concept était très limité », se souvient la vice-présidente d’Alternatives. Une année et des événements douloureux plus tard, ceux de l’association pour le changement et le développement, pionnière du discours sur la recomposition politique, ont pensé et vu les démocrates en grand. « On voulait qu’il y ait plus de monde, plus de jeunes, plus de femmes. Tous les Marocains ont souffert dans leur chair et leur esprit après ce qui s’est passé le 16 mai. On voulait faire partager cette envie de faire autrement, d’être heureux après des moments de grande tristesse ».

Redonner espoir de vie

Alors la fête des démocrates s’est offert un thème fédérateur, un fil conducteur qui mène obligatoirement vers la modernité, l’égalité, la reconnaissance de l’autre. Passionnément et avec force, la femme marocaine est au cœur de la thématique de ces démocrates qui font la fête ce samedi 26 juillet à Casablanca. « La femme y sera donc à l’honneur car nous nous sommes dit que suffisamment de mal lui a été fait. Plus que jamais, les Marocains doivent se réconcilier avec la femme. C’est aussi une manière pour nous de montrer qu’il y a des Marocaines extraordinaires et qu’il faut y croire. Il est tout aussi important pour nous de montrer qu’une femme libre représente ce qu’il y a de mieux dans un pays ».

A travers son programme d’animation, la fête dédiée aux démocrates a voulu montrer une certaine image du Maroc. D’abord et forcément la vie dans un Maroc de jeunes et qui ne craint pas de se conjuguer au féminin.

Des hard rockers qui ont fait la triste et douloureuse expérience du procès en sorcellerie seront là samedi. Hip hop, break dance, hard rock, jazz gnaoua ou rap, autant de sons et de groupes musicaux qui se produiront, libres et sans contrainte, une manière de signifier que ces jeunes fous de rock ont droit à la création, à la parole. « Ce sont des Marocains, issus de quartiers populaires.

Il faut leur redonner cet espoir ». L’affiche en témoigne. De jeunes musiciens en concert : musique andalouse, Dakka marrakchia, etc, et une table-ronde dédiée à la condition féminine (à laquelle participeront Sabah Chraïbi, Leïla Rhwi, Farida Bennani, Bahia Trabelsi et Nezha Guessous) , le message est sans la moindre ambiguïté : Le Maroc ne se fera pas sans ses femmes ni sa jeunesse. « Les jeunes ont trop été livrés à eux-mêmes. La responsabilité est ici collective », soupire Nadira Barkallil

Démocrates, où étiez-vous ? Où étiez -vous quand la bête immonde rampait et que les obscurantistes décrétaient leurs fetwas contre la femme, la créativité, la liberté ? N. Barkallil a plus d’une fois entendu cette antienne. Elle refuse l’autocritique et évoque ici la frange démocrate de la société civile qui convie à la fête. Elle reconnaît toutefois que « les partis doivent réfléchir et plancher à de vrais programmes ». « A travers cette manifestation festive, la société civile considère qu’il faut redonner un espoir de vie. La vie c’est aussi la fête ».

L’interrogation n’en finit pas de tarauder les uns et les autres. Pourquoi les démocrates de la société civile-ceux-là même qui ont le beau rôle, tapant trop facilement sur les partis, ne s’engagent-ils pas ? « Mais c’est un sujet de débat chez nous, s’exclame cette membre du bureau de l’association que préside Driss Benali.

A Alterna-tives, on est arrivés à la conclusion selon laquelle nous n’avons pas été créés pour être un parti mais une association de réflexion politique. Les partis ont mandat pour l’action politique. Je le répète, il serait dramatique de pousser la société civile à se substituer aux formations partisanes.

Ce ne sont pas les associations, y compris Alternatives qui doivent se substituer aux partis politiques. Il serait dramatique qu’Alternatives en vienne à devenir un parti politique. Ce serait la reconnaissance qu’il n’y a rien, qu’il n’y a pas de parti.

La société civile a son rôle à jouer. Il en est ainsi pour les partis qui ne le jouent pas pour l’heure. Je suis affolée quand je lis les journaux partisans. Ils sont dans de petites histoires qui ne sont pas celles du pays. Même si j’ai tendance à penser dans le même temps que s’il faut y aller... » Mais en attendant, pas question de se laisser accuser d’abstentionnistes donneurs de leçon. « Bien sûr qu’il faut aller voter, assumer jusqu’au bout. Le Maroc doit se réveiller pour ne pas être orphelin de cet espace démocrate. »

La fête des démocrates se déroulera le 26 juillet de 9h30 à 23h au complexe Al Amal à Casablanca. Animation, tombola, espace enfants et restauration sur place.

Lematin

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