Le Maroc a connu une croissance économique assez soutenue depuis 2000, après l’accession au trône du roi Mohammed VI. Le royaume prend des mesures pour attirer les investissements étrangers et devenir une grande puissance régionale.
La contrebande est tellement importante au Maroc que de nombreuses entreprises du pays boudent l’économie intérieure et ne se consacrent qu’à l’international, a dénoncé vendredi Hassan Chami, responsable de la principale organisation patronale marocaine.
"Tout ce qui s’achète et se vend maintenant au Maroc est touché par ce phénomène. Dans toutes les villes marocaines, il y a des marchés où on vend des produits de contrebande, que ce soit des produits informatiques, audiovisuels, des tissus ou des chaussures", a déclaré Chami, qui dirige la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM).
Pendant des années, l’économie parallèle demeurait limitée aux produits venant des enclaves "duty free" espagnoles de Sebta et Melilla dans la région septentrionale du Rif.
"Maintenant, cela touche des produits en provenance de l’Afrique sub-Saharienne et de notre voisin, l’Algérie, même si Sebta et Melilla restent tout de même les chefs-lieux de ce phénomène", ajoute Hassan Chami.
Selon les chiffres officiels, la contrebande coûte 400.000 emplois au Maroc chaque année. Une récente enquête a montré que 30% des cigarettes circulant au Maroc proviennent du marché noir.
"PLUS DIFFICILE DE VENDRE AU MAROC QUE D’IMPORTER"
Le manque d’alternative viable à l’économie parallèle dans le Rif, zone clé de la culture du cannabis, a contraint les autorités à la laisser se développer pendant de nombreuses années.
"Au cours de ces années-là", poursuit Hassan Chami, "l’économie marocaine n’était pas libéralisée et la contrebande était une sorte de moyen de réguler le marché face aux monopoles locaux."
Mais il estime que ceci ne peut plus être toléré, dans le contexte de libéralisation à grande échelle de l’économie nationale.
"Le Maroc est en train de devenir un Etat de droit dans tous les domaines, il n’y a aucune raison pour qu’il ne devienne pas un Etat de droit dans ce domaine."
"Nos producteurs doivent inclure la contrebande comme un facteur de concurrence déloyale. Il est plus difficile de vendre sur le marché intérieur que d’exporter. Quand on exporte vers les pays européens, on est soumis à une concurrence loyale." Chami a exhorté le gouvernement à veiller au respect de la loi : "Il serait mieux pour tout le monde de créer 400.000 emplois plutôt que de laisser 40.000 personnes tirer profit de ce phénomène."
Mais pour de nombreux experts, l’éradication de la contrebande ne se fera pas sans une élévation du niveau de vie de la population marocaine.
"On ne s’attend pas a ce que le gouvernement endigue totalement la contrebande mais (il ne faut) pas (qu’elle) devienne un phénomène national", a expliqué Chami.
Reuters
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