Si l’on jette un regard de plus près, nos réserves de change ont drastiquement baissé et ne peuvent plus couvrir que trois mois. Ce qui risque de poser de sérieuses difficultés aux importations du pays. Les dernières statistiques du HCP affirment une légère hausse du chômage, le taux le plus élevé est toujours détenu part les jeunes.
En plus de cela, le gouffre de la balance économique ne fait qu’augmenter … Etant donné que l’Europe constitue notre premier partenaire économique, nos indicateurs économiques seront intimement reliés au contexte du vieux continent. Et ces temps-ci, les grandes puissances de l’UE puisent dans tous les stratagèmes pour sauver l’union et éviter la dérive.
Au Maroc, la nouvelle trouvaille du gouvernement est de mener une réforme de la caisse de compensation pour éviter la banqueroute des comptes publics. Faut-il rappeler qu’une augmentation des prix des carburants a eu lieu des mois auparavant. Les tarifs de certains moyens de transport ont ainsi augmenté pour "couvrir" le déficit engendré par ladite augmentation. Fruits, légumes et autres denrées n’ont pas attendu longtemps pour prendre le pas. Et ce selon les régions et les produits concernés, sans aucun contrôle réel malgré les longs discours.
"Ce n’est pas suffisant, la caisse de compensation prend des milliards et il faut mettre fin à cela", rétorquent les responsables pour justifier la prochaine réforme. Oui, il faut réformer cette caisse et l’on ne peut maintenir sa subvention, tous les économistes vous diront cela. Cependant, si le gouvernement fait preuve d’une vigueur remarquable à l’égard de cette caisse, ce n’est guère le cas pour d’autres chantiers aussi importants, si ce n’est plus.
"Nous ne devrons guère mener les corrompus devant la justice, cela risque de faire fuir les investisseurs." C’est le leitmotiv de Benkirane. Dès lors on s’arroge en un clément salvateur qui abandonne les milliards dérobés du contribuable… Pour la rente, on génère un tapage médiatique où l’on chante encore les slogans de transparence et autres friandises. À la fin, on publie des listes. Et c’est tout. Les indicateurs économiques du pays tirent l’alarme, c’est le contexte idéal pour prolonger l’exonération de l’agriculture. Ajoutez à cela que plus de la moitié des entreprises installées au Maroc déclarent des déficits annuels pour éviter le fameux impôt sur les sociétés. Ne citons guère une certaine taxe sur la richesse, dont le chantier s’est soudainement évaporé…
Toutes ces pistes recèlent les démons qui effrayent Benkirane, laissons-les donc et attelons nous donc à puiser encore dans le peuple. Achetons de nouvelles voitures luxueuses, ajoutons-les au parc automobile public dont le nombre dépasse celui des Etats-Unis et de la France réunis et demandons au Marocain de se serrer la ceinture, il est fait pour cela. Chemin faisant, augmentons les salaires de nos chers députés dans notre parlement. La comédie et ses dérives coûtent cher tout comme l’art. L’art de se moquer des marocains.
Changeons de perspective : selon ses chiffres, le HCP considère classe moyenne, tout foyer dont le revenu mensuel est situé entre 2800 et 6800 dirhams à peu près. Les évaluations officielles stipulent que la réforme aura pour conséquence d’élever les dépenses de ces foyers de 500 à 600 dirhams. Si la définition de la classe moyenne est sujette à discussion, l’augmentation lui sera fatidique dans tous les cas. Aussi graduelle, aussi atténuée que la réforme puisse être, dégâts il y aura et pouvoir d’achat se réduira. Des allocations directes seront destinées aux familles les plus démunies nous annonce-t-on, avec l’administration marocaine et ses dédales, c’est le contexte propice pour un nouvel épisode de corruption et de népotisme.
On attendra donc juin pour que notre gouvernement arrive avec sa réforme, on verra probablement encore Benkirane en direct justifier ces augmentations, les spéculations et augmentations vireront dans tous les sens. Certains y voient déjà un retour des "martyrs de la koumira", d’autres restent confiants que le Marocain encaissera silencieusement encore une fois. Le temps nous dira ce qu’il en sera.