Dans les pays où la démocratie est le mot d’ordre, le parlement constitue l’organe du pouvoir législatif. De par sa composition, il comporte des élus représentant les citoyens des différentes régions du pays. Grâce à une structure de fonctionnement bien spécifique à chaque état, il permet de ponctuer la vie citoyenne de lois selon la demande et de contrôler les actions du gouvernement.
Etant donné que le Maroc constitue une "exception démocratique" exemplaire, le modèle universel ne pouvait guère nous être adapté et il fallait ainsi le personnaliser et le rendre plus … marocain.
Premier constat de cette adaptation, la chambre des conseillers en son état actuel est anticonstitutionnelle. Son mandat a été prolongé jusqu’à fin 2013. 90 membres verront ainsi leur mandat se terminer avec la fin du mois d’octobre 2012. Cependant, le mandat a été prolongé sous prétexte du report des élections communales et afin de participer à l’élaboration des lois organiques de la nouvelle constitution. Les conseillers auraient mené des pressions afin de maintenir leur statut de "représentants" le plus longtemps possible, surtout lorsqu’on sait que la deuxième chambre a vu le nombre de ses membres drastiquement réduit à 120 membres au maximum. L’aspect de légitimité et le caractère constitutionnel de cette situation reste bien inextricable.
Délaissons cet angle là et attelons-nous au travail saisonnier de notre instance bicamérale. À chaque session, des images insolites nous parviennent de cet édifice : des députés qui confondent leurs chambres à coucher avec le parlement, tandis que certains somnolent et d’autres bavent dans notre agora marocaine. D’autres encore plus nombreux auront choisi de ne pas y assister tout simplement. Certaines sessions se retrouvant ainsi avec quelques dizaines de représentants éparpillés dans la vaste salle.
La qualité des interventions quant à elle laisse souvent à désirer. L’élocution et le contenu sont souvent absents : entre un député grommelant un texte écrit avec des fautes dans chaque phrase ou une diatribe criée avec toute sa force pour illustrer sa "ferveur" lorsqu’il se retrouve filmé, l’essence et la noblesse du travail législatif se perdent. Le parlement n’affiche complet que lors de son ouverture, lorsque nos chers représentants viennent avec leur fameux habit traditionnel écouter les directives royales. Une scène que les marocains ont pris pour un rituel dont ils se moquent ouvertement.
Avec ce piètre produit législatif et ces comportements indignes des représentants des citoyens, nos chers représentants n’hésitent guère à défendre voracement leurs avantages. Avec un salaire bien touffu, ils exigent des allocations de plus pour "encourager leur présence" et demandent qu’on lègue leur salaire de parlementaire à leurs famille après leur décès… Sans oublier leur raid honteux et synchronisé sur le buffet de l’ouverture de la session d’octobre, une scène bien désolante qui illustre une mascarade qu’on appelle le parlement marocain.