L’impact de l’élargissement de l’Union européenne sur le Maroc

10 décembre 2003 - 12h46 - Monde - Ecrit par :

L’élargissement prévu cette année de l’Union européenne, (avec l’adhésion de 10 nouveaux membres de l’Europe de l’Est), pose un défi majeur pour le Maroc, eu égard aux relations commerciales privilégiées qui ont toujours existé entre le Royaume et l’Union, a indiqué M. Fathallah Oualalou, ministre des Finances et de la Privatisation. Le Maroc escompte cependant des avantages de cet élargissement, qui n’ira pas jusqu’à avoir un impact démesuré sur les relations entre l’UE et le Maroc, a tenu à préciser le ministre, dans un article paru lundi dans le quotidien en langue arabe, "Al-Qods Al-Arabi", édité à Londres.

Les exportations marocaines vers le marché européen pourront bénéficier de cet élargissement de l’UE, grâce à l’application de l’accord d’association entre le Maroc et l’UE, a-t-il dit, soulignant la nécessité pour le Royaume de bien gérer les problèmes liés au transport et à la distribution de ses produits écoulés sur le marché européen.

M. Oualalou a indiqué, en outre, que les produits agricoles marocains vont faire face à une concurrence de plus en plus rude avec ceux de l’Espagne qui a pu développer la compétitivité de ses produits.

Cette concurrence est appelée à être plus tenace si la Turquie parvient à adhérer à l’Union européenne, a-t-il poursuivi, relevant que le Maroc sera en mesure d’affronter ces défis à travers l’augmentation et la diversification de ses exportations vers l’Union. L’élargissement de l’UE n’aura pas d’effet sensible sur le plan industriel, a par ailleurs indiqué M. Oualalou qui a noté que la concurrence dans ce domaine sera conditionnée par la capacité des pays concernés de drainer les investissements étrangers, particulièrement dans les secteurs de l’électronique et de l’industrie automobile.

Pour ce qui est du secteur du textile, qui représente 36 % des exportations marocaines vers les pays de l’Union, le ministre a souligné qu’il aura sans doute à faire face à une concurrence sans merci avec les produits en provenance de la Roumanie et de la Pologne. M. Oualalou, qui s’est dit optimiste quant aux avantages que le Maroc devra tirer de l’élargissement de l’UE, a souligné que les pays de l’Europe de l’Est qui vont adhérer à l’UE devront adopter les critères européens concernant la main d’œuvre, dont le coût augmentera à coup sûr dans ces pays.

L’adhésion obligatoire de ces pays au système européen en matière sociale, d’environnement et de santé entraînera une augmentation des coûts de production, a-t-il expliqué, ajoutant que l’adoption par ces nouveaux membres de l’euro ouvrira une brèche pour le cours du dirham, ce qui permettra une marge de compétitivité pour les produits marocains.

Le ministre des Finances et de la Privatisation a, d’autre part, souligné que l’élargissement de l’Union européenne ouvrira de nouveaux horizons d’expansion pourle secteur des services, en particulier celui du tourisme et des nouvelles technologies de l’information. Le marché du tourisme marocain, en dépit d’une ouverture marquée sur le marché français, devra se tourner vers les pays de l’Europe de l’Est, a indiqué M. Oualalou, appelant les opérateurs marocains à intensifier leurs efforts pour drainer les touristes de ces pays et de se concentrer sur d’autres marchés porteurs notamment ceux de la Russie et de la Chine.

La libéralisation et la réforme du secteur marocain des nouvelles technologies de l’information offrent au Royaume la possibilité de tirer bénéfice de l’élargissement de l’UE, a dit M. Oualalou qui a mis en exergue l’expérience accumulée par le Maroc dans ce domaine.

Le ministre a, en outre, indiqué que les études réalisées par son département sur l’élargissement de l’UE montrent que le Maroc jouit de potentialités à même de lui permettre de développer ses exportations vers les pays de l’Union. L’accroissement du taux de croissance économique au niveau de l’Union européenne entraînera une augmentation de la demande des produits marocains de l’ordre de 0,3 %, a-t-il dit, ajoutant que les exportations marocaines vers l’UE connaîtront une hausse de 0,7 % en 2008 et de 1,6 en 2010. Si le Maroc parvient à maintenir ses équilibres macroéconomiques, particulièrement aux niveaux du déficit de la balance commerciale et de l’inflation, il sera avantagé par rapport aux pays de l’Europe de l’Est,a-t-il ajouté.

Un enjeu de taille attend le Maroc au niveau des investissements étrangers, a noté le ministre, soulignant que l’Europe de l’Est reste plus attrayante pour les investisseurs que la région maghrébine. Pour faire face à cette situation, le Maroc doit accélérer les réformes et poursuivre la consolidation de son cadre macroéconomique pour parer à l’éventualité d’un flux total des investissements vers les nouveaux membres de l’UE, comme c’était le cas dans les années 1980 suite à l’adhésion de l’Espagne et du Portugal à l’Union. M. Oualalou a également souligné la nécessité de concrétiser le projet d’intégration maghrébine pour faire face à la nouvelle donne et pour une meilleure visibilité dans les rapports avec l’interlocuteur européen.

MAP

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