La jeunesse rurale et la participation politique

1er août 2008 - 10h44 - Maroc - Ecrit par : • Journaliste Free lance, • Doctorant en Sciences Economiques, • Président du Forum de la Jeunesse Rurale FOJER

Dans un monde où l’économie du savoir devient le levier du développement, les compétences techniques et professionnelles acquises par la jeunesse rurale au cours de sa formation, le potentiel important de développement au Maroc, les perspectives de création d’activités génératrices d’emplois, représentent des atouts importants qui méritent d’être mis en valeur.

Au Maroc, la jeunesse rurale constitue à la fois un atout formidable et représente un potentiel humain considérable dont la valorisation constitue un défi crucial pour notre pays. Cette catégorie de population est impliquée dans la dynamique du renouveau que connaît le Maroc en transition. Travailleurs, chefs d’entreprise, acteurs de la société civile, etc. Ils concourent tous à la réalisation du développement et de la prospérité.

En effet, la jeunesse rurale est imprégnée par les nobles valeurs de citoyenneté, de démocratie, de solidarité et des Droits de l’Homme. Ceci constitue incontestablement un véritable levier de développement durable pour la société marocaine.

Ceci étant, les potentialités de cette catégorie de la population marocaine restent sous-exploitées et mal connues, pour un grand nombre de ces jeunes les opportunités sont restreintes ils sont fort désavantagés sur le marché d’emploi plusieurs d’entre eux peuvent avoir travaillé durant l’enfance.

Ce qui est, cependant, frappant c’est qu’à chaque fois qu’on parle de la jeunesse, on pense le plus souvent aux jeunes des quartiers urbains qu’à ceux de la campagne. Les sociologues eux même se sont peu intéressés à cette catégorie de population, pourtant nombreuse.

La jeunesse rurale marocaine est confrontée à de nombreux problèmes socio-éducatifs, économiques et culturels. Sa majorité se trouve dans une situation précaire. Elle est souvent marginalisée et son intégration dans le développement reste un défi à relever.

Au niveau politique les choses ne s’améliorent pas, la majorité écrasante des jeunes ruraux se désintéressent de la chose politique par simple indifférence, par méfiance ou même parfois par cynisme. Ce désintérêt se manifeste concrètement par l’abandon du droit de vote ce qui baisse encore plus leur pouvoir politique. Lors des dernières élections législatives, on a pu observé une forte abstention si ce n’est un boycottage des urnes de l’ordre de 63% de la population. Cette abstention peut aussi être assimilé à une forme de contestation passive, d’un système auquel les jeunes ne croient plus.

Les jeunes ruraux sont une frange sociale dynamique capable de faire opérer des changements positifs ,ils sont aussi de véritable acteurs de transformations de la conscience sociale en une forme de conscience politique dynamique apte à susciter un meilleur fonctionnement d’une démocratie nationale indiquée pour les citoyens au Maroc.

En effet, la participation politique de la jeunesse rurale est symptomatique de deux (2) avantages majeurs en sa faveur :

• Entant qu’électeurs, les jeunes ruraux contribuent au développement communal en ouvrant pour la tenue d’élections libres et transparentes qui aboutissent aux droits d’hommes et de femmes honnêtes et responsables, donc capables de faire opérer les mécanismes d’une « bonne gouvernance ».
• En tant que citoyens éligibles, les jeunes ruraux du Maroc constituent une masse critique indiquée à instaurer un exercice de démocratie participative au sein de leurs communes.

Cependant la majorité de la jeunesse rurale reste instrumentalisée et n’a servi que force motrice de compagnes électorales à des politiciens véreux et insoucieux du devenir du pays.

Considérant l’état de sa faible participation aux présidents échéance électorales ; considération que les prochaines élections communales de 2009 constitue un enjeu de consolidation de la démocratie au Maroc ; alors Comment peut on mobiliser les jeunes ruraux pour les faire bouger et les insérer dans le système politique en vue d’assurer leur vraie fonction d’acteur dans le processus de consolidation des actes démocratiques ?

Depuis l’indépendance, le Maroc a connu plusieurs transformations sociologiques profondes. C’est ainsi que le pays a connu des changements profonds, l’accès d’une part croissante de la jeunesse rurale à l’éducation et l’entrée massive des jeunes ruraux sur le marché du travail. Mais ces trois processus sociaux, enclenchés par des réformes politiques, n’ont pas permis une participation significative des jeunes ruraux aux élites politiques locales et nationales.

Le diagnostic du résultat des dernières échéances législatives organisées au Maroc en septembre 2007a démontré clairement une certaine crise si ce n’est un échec au niveau de la participation politique. Cette dernière touche aussi bien la participation dans l’opération électorale et l’adhésion aux partis politiques. La chute du taux de participation aux élections législatives et due principalement à la crise politique, économique et sociale dont sombre le Maroc. Ceci di une relecture du rôle de la jeunesse rurale dans une société en transition se pose avec acuité dans tout les niveaux.

Au niveau socioéconomique :

• promouvoir l’accès à une éducation de qualité ;
• faire de l’amélioration de la situation socio—économique des jeunes, de leur intégration sociale ainsi que de la lutte contre leur exclusion une priorité transversale ;
• favoriser l’accès des jeunes à l’information et assurer qu’ils ne soient pas exclus des nouvelles technologies de la connaissance ;
• promouvoir des dispositifs contre l’exclusion, le chômage et la précarité des jeunes et développer les possibilités de remise en formation pour ceux qui sont exclus des systèmes éducatifs et de formation.

Au niveau politique :

• Associer les jeunes aux décisions prises les concernant ;
• Promouvoir la démocratie et les droits humains ;
• Réhabilitation des partis politiques et création de pôles démocrates apte à constituer un gouvernement responsable formé de deux à trois partis au maximum ;
• Révision immédiate de la constitution ;
• Reconstitution de la deuxième chambre, 
• Adopter un système électoral adéquat uninominal à deux tours,
• Encourager la société civile pour être dynamique et participative.

Un demi siècle s’est écoulé depuis l’indépendance du Maroc. Au cours de cette période, le pays a connu plusieurs changements sociologiques, politiques et économiques importants. Pourtant, la place de la jeunesse rurale au sein des institutions représentatives locales et nationales et donc son intégration au sein des élites du système politique demeurent strictement limitées. Ce phénomène est lié à une construction culturelle des relations entre les deux espaces géographiques urbains et ruraux.

La construction démocratique reste incomplète, fragile, peu satisfaisante tant que les jeunes ruraux ne sont pas intégrés dans les sociétés dans lesquelles ils vivent, tant que les décideurs ne prennent pas en considération leurs besoins dans l’élaboration des politiques publiques.

La société humaine n’évolue jamais de manière linéaire et c’est grâce aux contributions des uns et des autres elle peut y avoir progrès.

Rachid Beddaoui - Président du Forum de la Jeunesse Rurale

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Sujets associés : Elections - Pauvreté - Développement - Jeunesse

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