
Face au refus de nombreux propriétaires de cafés et restaurants de payer les droits d’auteur pour l’exploitation d’œuvres littéraires et artistiques, l’association professionnelle entend saisir la justice.
En Belgique, l’un des procès les plus retentissants depuis celui du tueur Marc Dutroux a débuté lundi 8 décembre. La cour d’assises du Brabant wallon juge une enseignante de 42 ans, Geneviève Lhermitte, auteure, en février 2007, d’un quintuple infanticide. Elle avait méthodiquement tué, en les égorgeant à tour de rôle, ses cinq enfants, âgés de 3 ans et demi à 14 ans. Une scène d’horreur de plus d’une heure que les jurés découvriront dans le détail lors des prochaines audiences.
Décrite comme une mère de famille exemplaire, Mme Lhermitte avait elle-même prévenu les secours l’après-midi des faits. Elle avait, apparemment, tenté de se suicider en se plantant un couteau dans le cœur. Son geste ayant échoué, elle se serait, selon ses explications, rendue compte qu’elle devait être "punie" et avait elle-même appelé la police.
Ce procès hors norme, qui suscite un énorme intérêt médiatique dans le royaume, va en fait comporter plusieurs volets. Il tentera d’élucider un acte qui apparaît à beaucoup comme incompréhensible. Mais il va également mettre au jour le système familial qui, selon sa défense, aurait eu raison de l’équilibre psychologique de l’accusée.
Cohabitation
Timide, hésitante, le regard vide, Geneviève Lhermitte a été, à la fin de la première journée d’audience, interrogée par le président de la cour, Luc Maes. Elle a détaillé son enfance dans un milieu qu’elle décrit comme hostile, entre un père violent et une mère surmenée, qui lui lança un jour qu’elle était "bête et moche". Mal dans sa peau, elle se serait enfin sentie "aimée et valorisée" lorsqu’elle a rencontré Bouchaïb Moqadem, un Belge d’origine marocaine. Ils se sont marient lorsqu’elle termine ses études. Mais, pendant dix-sept ans, ils vont en fait vivre avec un médecin, le docteur Michel Schaar, père adoptif du jeune homme et véritable mécène d’une famille dont il couvre de nombreuses dépenses. En échange, il aurait pratiqué avec la famille une forme de cohabitation, et un "chantage affectif" selon Geneviève Lhermitte. C’est cette situation à laquelle elle a dit ne voir aucune issue, qui l’aurait poussée au désespoir. Dès qu’elle a commencé le récit de leur relation, son mari et le docteur Schaar ont quitté l’audience.
Les avocats du médecin se préparent à contrer violemment les raisonnements qui font de la mère infanticide une victime, poussée à bout et souffrant d’une grave dépression qui l’aurait menée au pire. Les experts psychiatres qui l’ont examinée ont évoqué son souhait d’amener avec elle des enfants qu’elle aimait au-delà de tout. Un "suicide altruiste", selon une expression utilisée par les psychiatres. La mort serait apparue à la mère de famille comme la seule issue à sa vie ratée.
Les défenseurs de Bouchaïb Moqadem vont s’efforcer de rectifier l’image que l’accusée, ses défenseurs et des médias ont forgée de lui. Celle d’un être souvent absent, parfois violent et que ses enfants semblaient exaspérer. A ceux qui, de manière encore feutrée, évoquent aussi ses origines maghrébines pour expliquer son comportement parfois rude, son avocate a répliqué lundi matin : "Il ne succombera pas à la tentation de faire du communautarisme. Il est Belge, ce n’est pas un islamiste. Il aborde la session d’assises avec calme."
Le procès devrait durer deux semaines.
Source : Jean-Pierre Stroobants - Le Monde (France)
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