Suite à la directive de Bank Al-Maghrib (BAM) publiée le 25 septembre 2024, qui plafonne désormais le taux d’interchange domestique à 0,65%, le Centre monétique interbancaire (CMI) a été contraint de s’aligner.
Le Méditerranée a le vent en poupe. Les investisseurs du monde entier s’y bousculent. Avec en prime une toute récente attractivité de la partie sud du bassin, constate le Réseau euroméditerranéen des agences de promotion des investissements (ANIMA) dans son dernier rapport.
Pour l’heure : « La quantité semble enfin présente, reste à travailler à l’avenir sur la qualité des investissements directs étrangers », précise l’institution dans son document établi par l’Agence française des investissements internationaux, « Les investissements directs étrangers dans la région MEDA en 2006 ». Il est vrai que les principales sommes injectées sont le plus souvent destinées à trois secteurs en particulier, que sont l’immobilier-tourisme, les finances et les télécommunications. La région aura attiré pas moins de 65 milliards d’euros en 2006. C’est L’Egypte qui détient le palmarès des flux avec près de 16 milliards.
Le Maroc se positionne en quatrième place sur 13 pays. Il s’en sort bien et a même réussi à gagner deux places par rapport à 2005 avec un montant injecté de 5,4 milliards d’euros (environ 60 milliards de DH). Nos voisins directs en ont, pour leur part, attiré moins. 3,8 milliards pour la Tunisie et à peine 2,3 milliards pour l’Algérie. D’ailleurs sur les 26 investissements supérieurs à un milliard d’euros annoncés en 2006, quatre concernent le Maroc. Tous émiratis : Al Qudra qui va investir 2,72 milliards de dollars en partenariat avec Addoha et Somed, Dubaï Holding pour le projet Amwaj avec 2 millions de dollars et enfin Emaar avec deux projets l’un de 1,55 milliard pour Saphira et l’autre de 1,44 milliard pour l’aménagement de la station d’Oukaïmeden. A noter que ces projets portent sur plusieurs années.
Qui sont donc les investisseurs dans la région MEDA ? Les Etats-Unis sur la période 2003-2006 restent de loin le premier investisseur avec 25 milliards d’euros injectés. Destination privilégiée des Yankees : Israël, avec pratiquement les trois quarts des flux (18,1 milliards d’euros). La Turquie, l’Egypte, l’Algérie, la Libye et dans une moindre mesure le Maroc se partagent les miettes restantes. En entrant davantage dans les détails on constate que de l’Europe, ce sont les pays latins qui investissent le plus dans la région. Français, Espagnols et Belges ont une nette préférence pour le Maroc. Les trois pays auront injecté sur la même période près de 90 milliards de DH. Les Italiens plus intéressés par l’Egypte y ont investi quelque 20 milliards d’euros. Par contre l’apport de petits Etats comme la Suisse et les Pays-Bas n’est pas négligeable.
Les deux pays disposent de multinationales très dynamiques dans la région notamment dans l’agroalimentaire, l’énergie et l’ingénierie. A noter aussi que la France a perdu son rôle de leader dès le début du millénaire. Elle est en effet passée au rang de 3e investisseur avec un montant cumulé de 10,8 milliards d’euros sur les quatre ans. La Turquie continue de battre les records des plus gros investissements. 8 pays, dont la Suède, y ont misé plus d’un milliard d’euros chacun pour la même période. Elle aura cumulé plus de 30 milliards d’euros. Et nouvelle tendance, l’avalanche d’investissements en provenance des pays du Golfe, dans la région MEDA en 2006. Emiratis, Saoudiens, Koweïtiens et autres découvrent l’attrait de la Méditerranée. A la surprise générale, les pays du Golfe sont même devenus le premier investisseur en valeur, devançant les USA, l’Asie et les pays européens. Ils totalisent 36% de l’ensemble des investissements directs étrangers dans la région, contre 25% d’origine européenne : soit donc 23,7 milliards d’euros.
La tendance ne semble pas s’estomper, au point que les analystes n’hésitent plus à prendre en compte un espace plus large que l’Euro Méditerranée. L’Euro-Med-Golfe est désormais un espace avec lequel il faudra compter. Parmi eux, les Emirats sont les plus offensifs. En deuxième position des pays investisseurs sur la période concernée avec 17,7 milliards d’euros, les hommes d’affaires émiratis marquent une grande préférence pour l’Egypte et le Maroc. Les investissements saoudiens ont été sur la même période orientés vers le Machrek alors que les Koweïtiens font des affaires sans aucune prédilection pour l’un ou l’autre des pays de la région.
Qu’est-ce qui explique le retour en grâce de cette région du monde longtemps déshéritée en termes d’investissements ? Plusieurs signaux, bien reçus, par les investisseurs ont été lancés. Constructions de pôles logistiques ou technologiques compétitifs abondent dans la rive Sud (Maroc, Tunisie, Jordanie). Le lancement concomitant des privatisations et de projets de concession ainsi qu’une accélération de l’immobilier, du BTP et du tourisme avec de mégaprojets en provenance du Golfe ( Maroc, Syrie, mer Morte et mer Rouge...), jouent aussi. Le document note, enfin, un sentiment de plus en plus fort en Europe, poussant à privilégier le voisinage (Est et Méditerranée), plus facilement accessible que la Chine ou l’Inde pour les PME. Ceci va de pair avec les délocalisations, même si beaucoup d’opérateurs les présentent autrement.
Les bons coups des autres
Après avoir plus que doublé en 2004 et 2005, les investissements directs étrangers de la région MEDA ont encore progressé de 60% l’année suivante. C’est la Tunisie qui en a le plus profité, avec une poussée de 288%, contre 132% pour Israël et 127% pour le Maroc. Celui-ci devance toutefois son voisin tunisien en termes de flux.
L’Egypte a pris la tête du peloton, avec près de 16 milliards d’euros d’IDE, déclassant du coup la Turquie (14 milliards). Le pays des pharaons doit sa performance à une nouvelle politique volontariste et à des réformes économiques, selon le rapport. Sa situation géographique, au carrefour de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient, aurait également contribué à attirer les investisseurs, notamment du Golfe. Un des bons coups de l’Egypte pour 2006 est le rachat de la Banque d’Alexandrie par l’italienne Sanpaolo, pour 1,6 milliard US$.
La Turquie, normalement reconnue pour son industrie automobile, a carburé aux services pour l’année 2006. Plus de la moitié (55%) de ses IDE ont visé les banques, assurances et médias. Elle a également misé sur sa position de hub énergétique entre l’Europe, le Moyen-Orient et l’Asie centrale. La construction du pipeline Samsun-Ceyhan a drainé à lui seul 1,5 milliard US$.
Israël, qui occupe le troisième rang, devant le Maroc, a de son côté attiré 13,7 milliards d’euros d’IDE. Sur 18 projets dirigés vers MEDA, dans la production et la conception des composants électroniques, 11 lui ont été destinés.
De son côté, la Tunisie est en sixième position du palmarès, derrière la Syrie mais devant la Jordanie. Elle a surtout attiré les flux émanant du Golfe : 93% du total de ses IDE en étaient originaires, en 2006.
L’Economiste - M. H. G.
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