Ibrahim Salah, du football amateur aux Lions de l’Atlas

L’attaquant belgo-marocain Ibrahim Salah a connu des hauts et des bas, sans jamais abandonner. Parcours d’un footballeur tenace.

Né à Saint-Josse en 2001, Ibrahim Salah fait ses premiers pas rue Verbist. Il inscrit ses premiers buts sur les pelouses d’Evere et de Zaventem dès l’âge de 8 ans. « Ensuite je suis parti à l’Union Saint-Gilloise. J’ai commencé ma première année en élite, mais je me suis blessé au doigt, et je suis revenu en groupe B. J’ai joué 3 ans en groupe B de mes 13 à 15 ans », a raconté Salah il y a deux ans à Stade Rennais Online. À l’époque, il venait de rejoindre la Bretagne depuis La Gantoise. Mais avant de briller avec les Buffalos, Ibrahim a connu les vicissitudes de la vie. Après l’Union, il a intégré l’équipe élite de l’Excel Mouscron, avant de signer au Beerschot à 17 ans. « Mais à la fin de l’année, le directeur sportif me dit qu’ils vont recruter beaucoup de joueurs, que je n’ai pas le niveau, qu’il ne croit pas en mes qualités, que je ne deviendrai peut-être pas professionnel, et qu’ils veulent m’envoyer en prêt en 3ᵉ division. J’ai refusé directement. », explique-t-il à la Dernière heure.

À 18 ans, il n’a ni de club ni agent. Il s’entraîne individuellement en attendant de trouver un nouveau club. « Un jour, je suis à la maison et mon frère me dit d’aller courir. À la fin de mon footing, je vois des potes qui jouent en 5 contre 5. Je joue un peu avec, et là, j’aperçois un gars qui était venu voir un de ses joueurs. Il me propose de faire un tournoi à Bristol, en Angleterre. » Ibrahim saisit l’opportunité. Mais l’aventure tourne court. Après Bristol, il enchaîne treize tests en dix-huit mois au Royaume-Uni : Brighton, Leicester City et même Chelsea. Mais il s’est heurté à une difficulté : il était toujours affilié au Beerschot. « Je faisais des tests qui ne servaient à rien, vu que j’avais des problèmes d’administration. Je suis resté 4 mois à Leicester, ils faisaient tout pour que je signe. Il y avait aussi Brentford, c’étaient les deux clubs que j’avais ».

Après cette mésaventure, il retourne en Belgique à 19 ans. La chance lui sourit : un club professionnel de Dubaï le contacte et lui fait une offre alléchante. Mais suivant les conseils de son père, il décline la proposition et espère poursuivre sa carrière footballistique en Europe. La Gantoise s’intéresse à Ibrahim et lui propose de venir s’entraîner, avec d’abord une convention de 700 € pour six mois. Il brille avec l’équipe réserve, en 2021 et devient pro. Il prend du temps de jeu en équipe première la saison suivante (3 buts en 21 matchs), Tarik Tissoudali étant blessé. En janvier 2023, le Stade Rennais lui tend la main. « J’étais au cinéma, mon frère m’appelle et me dit “je crois que ça va se faire”. Je lui demande quel club et il me répond “Rennes”. J’ai directement quitté la salle de cinéma, je m’en foutais du film. » Il signe un contrat de 4 ans dans le club d’Arthur Theate.

Cette nouvelle signature lui ouvre la porte de la tanière des Lions de l’Atlas. Walid Regragui l’aligne pour le match contre le Brésil. Sa carrière prend enfin son envol. Ibrahim sera prêté à Brest l’été dernier. Son souhait, c’est de faire lever son option d’achat en fin de saison. Il a marqué 1 but et délivré 1 assist en 16 matchs. Une performance certes modeste mais le Bruxellois affiche son optimisme. « Je ferai tout pour que le coach m’utilise un maximum ; ça va venir avec le futur. Je sais que le coach a confiance en moi, il me l’a déjà dit », a-t-il expliqué il y a deux mois. Le joueur de 23 ans a défié le grand Real Madrid, mercredi soir (3 à 0). « C’est incroyable, on écrit l’histoire du club. On savait qu’on allait tout faire pour gagner les matchs comme on l’a fait. On s’est donné à fond, ça a payé », se réjouissait-il en novembre « quand le Stade Bretois avait déjà quasiment validé sa qualification pour le deuxième tour en démarrant avec 10 points sur 12. »