Elle s’appelle Hayat et habite la région parisienne. Elle aura bientôt trente ans. Il y a quelques années de cela, elle s’est fait recoudre l’hymen lors d’un voyage au Maroc. Hayat a eu recours à cet acte chirurgical pour pouvoir se marier. « Il était impossible pour moi d’envisager un avenir d’épouse sans être vierge. » L’opération réalisée, la jeune femme s’est mariée avec un Français d’origine maghrébine. Le couple a aujourd’hui des enfants.
Le témoignage d’Hayat éclaire d’un jour particulier l’information qui fait beaucoup de bruit depuis hier : le tribunal de grande instance de Lille a annulé une union début avril pour « erreur sur les qualités essentielles du conjoint », car l’épouse avait menti sur sa virginité. Hayat, elle, vit avec son secret. Voici comment les choses se sont passées.
Née au Maroc, elle à grandi dans la banlieue de Paris où vit une partie de sa famille. « J’ai eu beaucoup d’amis, je me suis beaucoup amusée », dit-elle. Comprendre : Hayat a eu des rapports sexuels bien que non mariée. Elle n’a pas suivi ce conseil de chasteté qui se transmet de mère en fille et qu’on peut traduire ainsi en français : embrasse, caresse mais prends garde à ta boîte d’or.
Promise à son futur mari, Hayat se rend dans une ville marocaine où réside l’autre partie de sa famille, pour y subir une hyménoplastie. Une opération intime et délicate, mais son exécution reste simple. Elle permet la reconstitution naturelle de l’hymen sans traces visibles. « C’est une amie en France qui m’a indiqué l’adresse d’une femme docteur au Maroc, raconte-t-elle. Sur place j’ai déboursé 5000 dirhams (environ 450 euros au taux officiel), coût de l’intervention. L’opération a été effectuée sous anesthésie locale, elle a duré une demi-heure, elle s’est bien passée. »
Avant de la laisser partir, le docteur lui prodigue ces conseils : « ne pas faire de sport, ne pas courir ou grimper en courant les escaliers, ne pas faire du vélo, éviter de porter du lourd, comme les jerricans ou les sauts d’eau, interdiction absolue d’aller au hammam ou au sauna, au moins pour une semaine. »
Après son opération, elle reste encore quelque temps au Maroc, auprès de ses proches qui ne se doutent de rien. Hayat invente un subterfuge pour pouvoir suivre les recommandations du médecin. Son séjour marocain terminé, elle rentre en France pour célébrer son mariage.
Hayat dit ne rien regretter de son acte. « J’estime ne pas avoir trahi mon mari, et aujourd’hui je l’aime », affirme-t-elle. Si c’était à recommencer, elle ne se ferait pas recoudre l’hymen au Maroc, mais « en banlieue parisienne ». Hayat assimile ce type d’intervention « à de la chirurgie esthétique ». Mais ce qu’elle a vécu, elle ne le souhaiterait pas pour sa fille. Si le cas devait se présenter, elle l’accompagnerait dans sa démarche. « J’aurais bien aimé qu’une sœur ou ma mère me soutienne au cours de cette épreuve. »
Ce que la tradition musulmane exige des jeunes femmes, elle le réclame aussi, en principe, des jeunes hommes : pas d’actes sexuels avant le mariage. Mais la nature et la culture ont fait que ces derniers peuvent se marier sans avoir à produire de preuves de virginité.
Source : BondyBlog - Nicolas Fassouli