Lors d’un débat organisé par le Parti Authenticité et Modernité (PAM), Ghita Mezzour, ministre de la transition numérique et de la réforme de l’administration, a révélé la part du territoire marocain sans couverture internet.
Nikesh Arora, vice-président de Google en charge des opérations européennes, explique le secret de leur success story. Pour lui, Internet sera le marché du futur et la numérisation s’imposera de fait. Le Maroc doit investir dans les infrastructures pour avoir des chances d’attirer le groupe.
• L’Economiste : Pouvez-vous nous expliquer le succès de votre business-model ?
• Nikesh Arora : Au départ, Google avait pour mission d’organiser l’information au niveau mondial et la rendre accessible aux utilisateurs où qu’ils soient. Objectif que nous poursuivons toujours. Même la publicité, pour qu’elle soit plus utile, est choisie en fonction de l’intérêt des utilisateurs. Il faut que l’annonceur soit populaire et d’un bon niveau ; l’important pour nous c’est la neutralité. D’ailleurs, nous n’en mettons jamais sur notre home page. La publicité nous rapporte 90% des ressources. Le marché du Net évolue vite. Il y a quatre ans nous n’avions pas de revenus.
- Comptez-vous vous installer au Maroc ?
• Nous avons un site dédié au Maroc. Votre pays a des atouts, mais les infrastructures manquent et le taux de pénétration d’Internet est faible. Tous ces critères sont tenus en compte lors de la prise de décision. Je pense que la vraie révolution sera créée par les utilisateurs. Les hommes d’affaires et le gouvernement peuvent créer l’environnement propice pour généraliser l’accès à Internet. L’essentiel, c’est d’assurer le bon fonctionnement des nouvelles technologies et non de les créer. Un ingénieur n’a pas besoin de quitter le Maroc pour réussir, il peut le faire d’ici s’il a les outils NTI performants. L’importance, c’est d’innover où que vous soyez sans être présent dans un pays, c’est la philosophie de Google.
- Quel est l’apport de l’information gratuite sur le Net ?
• Si vous observez les sociétés, il y a un grand changement de culture. Je me souviens, quand je vivais en Inde, nous devions écouter la BBC pour connaître ce qui se passe dans notre pays. Internet a créé une révolution sociale et sera un grand marché à l’avenir. Ceci est encouragé par les habitudes et le train de vie rapide qu’on mène : tout le monde est occupé et a besoin qu’on mette à sa disposition ce qu’il veut. Google est bien positionné pour leur rendre l’accès aux informations plus facile. Les gens demandent plus de music, vidéo, blogs... et la numérisation deviendra bientôt une réalité (livres, films, etc.). Ce qui est fascinant c’est la création d’une communauté virtuelle internationale.
- Trouver des résultats à une recherche en quelques secondes est un exploit. Qu’est-ce que cela exige en termes d’infrastructure ?
• Cela demande des équipements informatiques d’une grande puissance, rapides et d’un haut niveau. L’enjeu est de connaître en quelques minutes ce qui vient d’être créé sur la toile mondiale pour le mettre à la disposition des utilisateurs.
- Comment gérez-vous la concurrence et quelle est votre position ?
• Si nous prêtons trop attention aux concurrents nous risquons de perdre le cap. Le challenge est de connaître comment rester en tête dans un marché qui évolue si vite. D’ailleurs, vu cette vitesse, nous ne pouvons prédire quels seront nos concurrents de demain, ça peut être Skype, Amazon ou d’autres nouveaux intervenants. Actuellement Google détient 10% des informations en ligne. Au premier semestre, nous avons réalisé un chiffre d’affaires de 2,2 milliards de dollars.
Propos recueillis par Nadia DREF & Mohamed BENABID pour l’économiste
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