Procès à Paris : des mineurs marocains drogués et exploités par des Algériens
Le procès visant six hommes, tous d’origine algérienne, accusés d’exploiter de jeunes mineurs isolés d’origine marocaine, s’est ouvert ce jeudi 14 décembre à Paris.
Plusieurs ex-employés de magasins Casino Shop à Toulouse et en périphérie dont au moins un Marocain, ont décidé de saisir la justice, dénonçant des « pratiques illégales et abusives » de la part de deux gérants. Leur avocat, Me Amin Flissi, évoque une affaire de grande ampleur, actuellement examinée par le conseil des prud’hommes, et qui pourrait prochainement prendre une tournure pénale.
Au cœur des accusations : l’exploitation d’une main-d’œuvre étrangère, en situation régulière pour la plupart, embauchée pour des périodes très courtes, parfois plus longues, sans aucune déclaration aux organismes sociaux, relate La dépêche. « Ces employés travaillent dans des conditions déplorables, enchaînant les journées sans repos », dénonce Me Flissi. Les magasins Casino Shop des Ponts-Jumeaux, Jeanne d’Arc, rue des Lois, Saint-Cyprien, Saint-Pierre ainsi que deux magasins Spar, à la Daurade et à Ramonville-Saint-Agne, seraient concernés.
À lire : Des Marocains exploités en France
Ahmed Zahni, 25 ans, a travaillé dans l’un de ces Casino Shop de septembre 2021 à 2023. Venu du Maroc pour ses études, il témoigne : « Mon recrutement a d’abord été effectué au noir, puis un contrat d’apprentissage a été mis en place, non pas pour me former, mais pour bénéficier d’une main-d’œuvre bon marché ». Selon lui, certains employés étaient contraints de facturer en tant qu’auto-entrepreneurs pour être payés, et ce, à un taux horaire bien inférieur au SMIC. « On m’a payé 8 euros de l’heure, en espèces, sans aucune possibilité de négociation. Quand j’ai demandé une augmentation, on m’a répondu : “C’est moi qui décide, si ça ne te plaît pas, tu peux partir” », raconte le jeune homme.
Ahmed décrit des conditions de travail épuisantes : des journées à rallonge, des heures supplémentaires non payées, des refus de congés… « Je travaillais en moyenne 180 heures par mois, sans compter mes études », précise-t-il. Un rythme infernal qui l’a conduit à un arrêt maladie pour cause d’anxiété.
« Nous attendons le résultat des prud’hommes », indique Me Flissi, qui compte ensuite déposer plainte au pénal. L’avocat espère également que l’Urssaf et la direction des finances publiques se saisiront de l’affaire.
De son côté, le groupe Casino assure ne pas avoir été informé de ces pratiques. « Les magasins Casino Shop concernés sont exploités par un franchisé, indépendant dans la gestion de son personnel », souligne une porte-parole. « Nous attachons une importance fondamentale au respect de la législation et suivons avec attention les pratiques de nos franchisés. Nous restons pleinement collaboratifs avec les autorités compétentes pour clarifier la situation. »
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