Les binationaux, une chance pour l’équipe nationale marocaine de football
Le Maroc doit en grande partie sa performance à la Coupe du monde au Qatar aux binationaux qui faisaient plus de la moitié de l’équipe nationale (14 sur 26).
L’entraîneur maroco-espagnol Juan Pedro Benali, 53 ans, donne son point de vue sur le football marocain. Il évoque les difficultés que rencontrent les joueurs pour intégrer la ligue et le cas des binationaux qui font plus de la moitié de l’équipe nationale marocaine.
Fort d’une douzaine d’expériences en tant qu’entraîneur de plusieurs clubs marocains, Benali reconnaît que le football marocain a beaucoup évolué, « surtout depuis six ou sept ans ». « Il y a le VAR, tous les terrains sont désormais en gazon naturel, la fédération investit beaucoup dans les académies et elle a transformé toutes les entités en sociétés anonymes pour essayer de les rendre plus compétitives », a-t-il déclaré à El País.
En revanche, ce qui n’a pas changé, selon Benali, ce sont les critiques internes. « Vous allez au stade du Raja ou du Wydad, à part la tribune principale, les gens ne prêtent pas attention au jeu. Ce sont des fans qui sautent et chantent, et ensuite ils vous frappent. Les entraîneurs ne font pas long feu. J’ai pris l’Ittihad Tanger deux fois, je les ai sauvés et ils m’ont dit qu’ils voulaient faire venir un entraîneur plus connu. Maintenant ils sont au fond, et depuis juillet, trois autres sont partis », se désole l’entraîneur qui rappelle aussi le grand débat sur la nationalité comme critère d’entrée dans l’équipe nationale.
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« Il y a quatre ans, les joueurs qui n’étaient pas nés au Maroc ou formés en Europe n’étaient pas considérés comme Marocains. Des acteurs importants du secteur ne voulaient que des joueurs de la ligue. Hervé Renard et Vahid Halilhodzic [les entraîneurs avant Walid Regragui] ont eu beaucoup de problèmes avec ça. Dès qu’ils perdaient un match, ils faisaient appel aux joueurs locaux. Même Walid Regragui, après la demi-finale à la coupe du monde, a été critiqué pour avoir changé le système de jeu contre la France », confie Juan Pedro Benali.
Mais à l’analyse, les clés du succès du Maroc au Mondial au Qatar résident en ses binationaux. Sur les 26 joueurs convoqués, 14 sont nés à l’étranger et seulement 3 avaient connu le championnat marocain. Un réseau de recruteurs dirigé par Nasser Larguet, et répartis dans les grandes villes d’Espagne, de France, des Pays-Bas, de Belgique, d’Allemagne et d’Italie, recherche des joueurs d’origine marocaine susceptibles de jouer en équipe nationale. Sergio Piernas, 46 ans, entraîneur des U-17 entre janvier 2020 et avril 2021, et actuel entraîneur adjoint de l’équipe olympique d’Arabie saoudite, affirme que plus de 200 joueurs de cet âge avaient été recensés en Europe.
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La création de l’académie Mohammed VI, qui a formé des joueurs comme En-Nesyri, Aguerd, Ounahi et Tagnaouti, est aussi un pas en avant important. « Le centre recrute les meilleurs joueurs du pays, et les autres clubs forts ont dû se réveiller pour être compétitifs. Dans tous les cas, ceux qui partent ont encore besoin de deux ou trois ans pour poursuivre leur développement, car le contexte marocain ne leur permet pas de jouer à un haut niveau », explique Xavi Bernal, ancien responsable de la formation et de la post-formation au centre.
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