Abdessamad Ezzalzouli sera bien présent pour la finale de la Coupe du Roi face au Real Madrid, le 6 mai prochain. Le Marocain a écopé d’une sanction plutôt légère pour le carton rouge qu’il a reçu lors du match contre Cadix, le 20 avril dernier.
Les Lions de l’Atlas reviennent cher à la Fédération de football. Chaque année, un budget de 50 millions de dirhams leur est consacré, accaparé pour moitié par l’équipe A.
Cafouillis, indiscipline technique et inefficacité offensive ont marqué le dernier match de l’équipe nationale contre le Gabon. Les Marocains n’en ont pas eu pour leur argent. Et pourtant, Dieu sait que les Lions de l’Atlas en brassent. En un seul exercice annuel, le budget alloué à
toutes les sélections nationales (A, olympique, juniors, cadet, féminine et de futsal) dépasse 50 millions de dirhams. “Ce budget est financé par les sponsors et par l’Etat, qui accorde une subvention annuelle à la Fédération”, nous explique un de ses membres. L’équipe A se taille la part du lion. Les Chamakh, Kharja et consorts “coûtent” chaque année entre 20 et 30 millions de dirhams “en fonction du calendrier international”, souligne la même source. Le dernier rapport financier établi par l’instance fédérale, et certifié par un commissaire aux comptes, permet de mesurer l’importance accordée aux Lions de l’Atlas.
Hôtel 4 étoiles, minimum
En 2004, 22 millions de dirhams ont été alloués à l’équipe A. Sachant que la même année, l’ensemble des produits et recettes de la Fédération, dont deux subventions conséquentes (Bank Al-Maghrib avec 12,5 millions de dirhams et le ministère de la Jeunesse et des Sports avec 8 millions de dirhams), n’a pas dépassé les 49 millions de dirhams. Les Lions de l’Atlas ont donc “bouffé” à eux seuls 60% du budget d’une fédération qui a aussi à sa charge le championnat de football local (GNF), les autres équipes nationales, etc. Dans ce budget, les principaux postes de dépense sont les salaires (6 millions de dirhams) et les frais de séjour à l’étranger (5,6 millions de dirhams). D’autres frais, somme toute normaux pour une sélection nationale, sont également pris en compte. Les billets d’avion (et les Boeing de la RAM spécialement affrétés pour les déplacements difficiles en Afrique) ont coûté 3,4 millions de dirhams. Les chambres d’hôtel et les repas se sont élevés à 1,6 million de dirhams. C’est que nos internationaux ne logent que dans des 4 étoiles minimum. Pour la petite histoire, les Lions de l’Atlas ont changé d’hôtel peu avant le coup d’envoi de la CAN 2008 au Ghana. Le “petit” 3 étoiles, mis à la disposition des Marocains par le comité d’organisation, ne leur a pas plu alors que la sélection ghanéenne, pays hôte de la CAN, y séjournait également. Les 33 membres de la délégation officielle ont opté pour un beach resort de luxe, qui ne figurait pas sur la liste des hôtels choisis par la commission d’organisation. Coût du caprice : 168 000 dollars (1,4 million de dirhams). Cela fait beaucoup.
Un produit commercial comme un autre ?
En 2005, le budget réservé à l’équipe nationale a littéralement explosé, passant de 22 à 33 millions, soit une hausse de 50%. En cause, cette année-là, la rubrique primes de résultats, avec plus de 14 millions encaissés par les joueurs sélectionnés en équipe A. En 2006 et 2007, le budget est revenu à “des proportions beaucoup plus normales (25 millions de dirhams)“, comme le précise ce membre de la fédération. “Ces deux années-là, le sélectionneur était marocain (M’hamed Fakhir, ndlr), dont les prétentions salariales étaient bien moindres que celles d’un entraîneur étranger”, explique cet ancien membre de la fédération. Il faut dire aussi que les piètres résultats des Lions de l’Atlas, éliminés au premier tour de la CAN égyptienne en 2006 et non qualifiés pour le Mondial allemand, ont contribué à réduire les dépenses. Même si le retour de l’ancien sélectionneur, Henri Michel, qui percevait 450 000 DH de salaire mensuel (au lieu des 300 000 DH de son prédécesseur marocain, Baddou Zaki), a gonflé la rubrique salaires, qui a atteint 10 millions de dirhams en 2007. Ce train de vie, malgré les échecs successifs, n’a pas vraiment changé en 2008, un Français en ayant remplacé un autre à la tête de la sélection. Roger Lemerre, arrivé en juillet de 2008, coûte 50 000 DH plus cher à la Fédération.
Mais l’équipe nationale est également une marque qui rapporte de l’argent. “Nous avons constaté une explosion des recettes de l’équipe nationale en 2004 après la saga tunisienne”, souligne un membre du cabinet TSM, qui gère la marque des Lions de l’Atlas. En 2005, sous la pression de certains membres, la Fédération a tenté de changer de prestataire. Un appel d’offres international a même été lancé, avant d’être rapidement déclaré infructueux. Le cabinet TSM, dont le directeur est un ancien de Sportfive, structure créée par Jean-Claude Darmon puis cédée à des Américains, gère donc toujours l’image du onze national. “Aucun soumissionnaire sérieux ne s’est présenté”, explique Hamid Souiri, à l’époque président de la commission marketing. D’autres observateurs font état du recul des résultats de la sélection comme cause principale. “Les Lions de l’Atlas ne font plus vendre comme auparavant”, conclut ce spécialiste.
Roger Lemerre. 500 000 DH, deux logements de fonction, une voiture
Al’été 2008, lorsque le Français Roger Lemerre a officiellement rejoint l’équipe nationale de football, beaucoup a été dit sur la rémunération de celui qui a été érigé en sauveur. A l’époque, son salaire était tenu secret par les membres de la Fédération de football. Actuellement, notre sélectionneur national touche près de 500 000 DH, en plus des primes. En outre, la Fédération lui assure deux “logements de fonction” : une villa à Casablanca et un appartement à Rabat. Un sponsor a même mis à sa disposition une voiture flambant neuve. Ces avantages en nature, son prédécesseur y avait également droit. Henri Michel roulait en 4x4, gracieusement offert par un sponsor, et disposait également de deux résidences de fonction. Même si son salaire était un peu moins élevé (450 000 DH). Mais quand il s’agit d’entraîneurs nationaux, Housni Benslimane se montre plus avare. M’Hamed Fakhir disposait d’un salaire de 330 000 DH, contre 300 000 DH pour Baddou Zaki. Ce dernier, qui touchait au moment de la conclusion de son contrat 240 000 DH, doit beaucoup à la CAN 2004. Fort de sa grande popularité auprès du public marocain, il a forcé le bras aux membres fédéraux, qui ont revalorisé sa rémunération mensuelle.
Dépenses. Les extras de la CAN
Participer à une Coupe d’Afrique des nations est prestigieux pour nos Lions de l’Atlas, mais coûte cher aux contribuables. La dernière Coupe d’Afrique, organisée au Ghana, n’a pas dérogé à cette règle. Les phases de qualification ont coûté 6 millions de dirhams en primes de joueurs. Pour ce qui est des préparatifs, l’instance fédérale a déboursé 4 millions de dirhams (2 millions pour le match amical contre la France et 2 supplémentaires pour les rencontres face à la Zambie et l’Angola). Pour ces deux derniers matchs, la Fédération a pris en charge les frais de transport aérien des équipes et des arbitres internationaux, en plus de leurs séjours au Maroc et de leur transfert à Accra. Un avion de la RAM a d’ailleurs spécialement été affrété à cet effet. Sur place, les chambres d’hôtel ont été facturées à 168 000 dollars (1,4 million de dirhams). S’ajoutent des per diem quotidiens de 120 dollars par joueur et 240 dollars par accompagnateur pour un séjour marocain à Accra de 17 jours, et une élimination au premier tour. La Fédération marocaine a également dépêché dans la capitale ghanéenne une quinzaine de ses membres, ne faisant pourtant pas partie de la délégation officielle, qui ont coûté chacun 800 dollars par jour. Clou de leur voyage, un safari sur les berges du lac Volta, et ce au lendemain de la défaite des Lions face à la Guinée !
Recettes. Les Lions de l’Atlas à guichets fermés ?
L’équipe nationale, produit marketing et commercial phare de la Fédération de football, n’est pas uniquement un gouffre financier. Il rapporte également. Les recettes des rencontres des équipes nationales ont atteint, entre 2004 et 2005, une moyenne annuelle de 2,65 millions de dirhams, en progression de 20% par rapport à la moyenne de la période 2000-2003. Le dernier match joué à domicile, samedi 28 mars, contre le Gabon pour les éliminatoires combinées de la Coupe d’Afrique des nations et du Mondial 2010, a accueilli 21 000 spectateurs payants, qui ont laissé dans la caisse de la Fédération un peu moins de 800 000 DH.
Budget. Quid des autres sélections ?
Au Maroc, on ne s’occupe que des grands. Pour la Fédération, la sélection la plus importante, d’un point de vue financier, est l’équipe A. Au moment où le budget réservé à cette dernière dépasse en général les 25 millions de dirhams par an, ceux alloués aux autres équipes se sen trouvent d’autant plus réduits. Commençons par l’équipe olympique, dont la dotation financière varie considérablement d’une année à l’autre. En 2004, année des JO d’Athènes, ce budget était de 8,9 millions de dirhams. Douze mois plus tard, les olympiques ont dû se contenter de 570 000 DH. En 2007, année du tournoi qualificatif pour les Jeux de Pékin, ce budget a été revu à la hausse (5 millions de dirhams). L’échec des olympiques à atteindre les phases finales s’est répercuté sur leur train de vie. L’année dernière, ils n’ont pas dépassé la barre du million de dirhams. L’équipe des juniors est soumise au même régime. Cette dernière a coûté cher en 2004 et 2005, avec les éliminatoires et les phases finales du Mondial juniors qui s’est tenu aux Pays-Bas. Les Lionceaux de l’Atlas avaient atteint les demi-finales pour 12,2 millions de dirhams dépensés en 24 mois. Le budget de l’équipe nationale des cadets fluctue de 480 000 à 800 000 DH par saison, selon leur calendrier international. Celui de l’équipe féminine tourne autour des 700 000 DH par saison.
Source : TelQuel - Fadoua Ghannam
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