Le Maroc aura une meilleure connectivité avec le câble sous-marin « Medusa »
La câble sous-marin « Medusa », qui reliera l’Europe du Sud depuis le Portugal à l’Afrique du Nord, passera par le Maroc avant d’atteindre l’Égypte.
Des serpents métalliques sous terre ! Est-ce les prémices d’une odyssée futuriste ? Economiquement, oui. Car « le marché de la fibre optique est un marché émergent. Après avoir équipé les sites des opérateurs télécoms, la 2e phase serait de brancher directement les zones résidentielles », souligne David Morvant, DG de Finetis Maroc. En France, par exemple, un projet de loi sur la modernisation de l’économie prévoit de déployer la fibre optique jusqu’au sein des foyers. Un produit qui prend la forme d’un fil, en verre ou en plastique, très fin. Il peut conduire la lumière et sert dans les transmissions terrestres et océaniques de données. Dans le jargon télécoms on parle d’une « infrastructure alternative ».
Depuis son implantation, en janvier 2006, Finetis Maroc « a installé un réseau de plus de 900 km de fibre optique pour le compte de Wana et Méditel », poursuit le top management. A ce jour, plusieurs liaisons sont opérationnelles : Settat, Casablanca, Rabat, Tanger. On déploie actuellement les liaisons Tanger-Tétouan et Marrakech-Agadir. « En juillet prochain nous aurons terminé l’axe Tétouan-Agadir et la liaison Rabat-Fès. Et à la fin de l’année, nous allons disposer d’un réseau de 1.200 km », selon le DG de Finetis Maroc. Dakhla serait également en ligne de mire.
L’ensemble du projet représente un investissement global de 150 millions DH. Finetis Maroc, c’est aussi le nom de la marque déposée pour lancer une boucle africaine. Le Maroc a été choisi pour être le « fer de lance » de cette plate-forme de fibre optique. « Deux éléments ont été déterminants : stabilité politique et dynamisme économique ». Finetis Maroc ne compte pas s’arrêter là. Elle envisage de déployer sa toile en vue de la connecter à l’Algérie, à la Mauritanie et au continent européen. Pour l’instant, son DG vise à rendre la plate-forme marocaine incontournable pour les opérateurs télécoms.
Micros tranchés
Pourtant, son activité reste peu connue. D’abord parce que Finetis Maroc est l’une des rares entreprises à s’activer, aux côtés d’opérateurs publics, dont l’ONE, dans un secteur technologiquement assez sélect. A tel point que « lorsqu’on construisait des boucles urbaines de fibre optique, l’on nous assimilait à Wana », commente Morvant. Si elle a implanté un réseau pour la filiale télécoms de l’ONA, cela ne l’a pas empêchée d’installer des fibres optiques pour son propre compte. Un ouvrage qui a également ses contraintes. Avant de lancer le chantier, on établit évidemment une feuille de route détaillée du projet. Ensuite, il faut s’occuper de la paperasse : « Les autorisations sont délivrées généralement par les concessionnaires (communes, direction régionale de l’Equipement, l’Office national des autoroutes…) », précise Morvant.
Ces derniers « ne sont pas toujours au fait des technologies de génie civil. Il faut donc les convaincre que l’installation de fibres optiques ne dégrade pas forcément la chaussée ». Les câbles sont enfouis dans des micros tranchés qui ne dépassent pas 50 cm en milieu urbain et un mètre en interurbain. C’est le « clean-fast » : une tronçonneuse découpe le sol (goudron ou roche) tout en aspirant simultanément les déblais. Ce qui permet d’implanter directement des câbles télécoms, électriques ou d’assainissement.
Côté taxes, une redevance annuelle de droit de passage est payée par les entreprises qui construisent des réseaux dans le domaine public. Elle est de 15 DH par mètre linéaire de fibre optique. « Comparée à la France, elle nous coûte quarante fois plus cher. Ce ratio représente aujourd’hui un frein à l’investissement », souligne le DG de la filiale Marais Groupe. Toujours est-il que Finetis Maroc s’est spécialisée dans la gestion et la construction (300 DH/m), clés en main, d’infrastructure de fibre optique. Elle dispose d’un parc de trois ateliers urbains et trois autres interurbains. Leur cadence de travail est en moyenne de 700 m/jour en milieu urbain et 1.200 m/jour dans l’interurbain. Tout dépend de la nature des terrains et du réseau à poser.
Il y a deux ans, Finetis Maroc a été créée d’abord pour réaliser des chantiers commandités par Maroc Telecom. Il fallait installer des réseaux de fibres optiques en milieu interurbain. Son tour de table est composé de deux actionnaires. Daniel Rivard, Pdg de Marais Groupe, qui disposera de 60% des parts. Quant à la société mère, elle détient directement le reste des actions. « Durant l’année en cours, nous tablons sur un chiffre d’affaires prévisionnel de 90 millions DH », pronostique le DG de Finetis Maroc. En 2007, elle a réalisé les deux tiers de ce CA.
Fibres
Les câbles de fibres optiques offrent un débit d’informations nettement supérieur à celui des câbles coaxiaux par lequel peuvent transiter aussi bien la télévision, le téléphone, la visioconférence ou les données informatiques. L’émergence de la 3G, de l’ADSL, du télétravail (call center)… exige des bandes passantes plus larges offrant un haut débit. Pour le moment, la fibre optique est la seule technologie qui permet de le réaliser. Ce procédé a été développé dans les années 70 par une entreprise US, Corning Glass Works.
Source : L’Economiste - Faiçal Faquihi
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