Le Maroc est le septième producteur mondial de dattes, avec un volume de 170 000 tonnes par an. Toutefois, des défis restent à relever pour le développement de la filière et satisfaire la demande nationale.
Tout pays agricole qu’il est - ou présenté comme tel - le Maroc importe beaucoup pour se nourrir. Du blé au beurre, en passant par le sucre, le thé ou encore le lait, la facture alimentaire (y compris les boissons et le tabac), avec le renchérissement des prix sur les marchés extérieurs, ne cesse de s’alourdir. Sur les neuf premiers mois de 2007, elle se monte à 17,3 milliards de DH, soit 6,6 milliards de plus (+ 47,5%) par rapport à la même période de 2006, représentant ainsi 9,5% du total des importations. Pire : les importations des 9 premiers mois sont supérieures à l’ensemble de celles de 2006, les dépassant de quelque 2 milliards de DH.
On s’en doute, le blé occupe la première place avec 5,2 milliards de DH, soit 30,3% de la facture alimentaire, toujours sur la période allant de janvier à septembre. En 2006, année de bonne récolte, les importations de blé n’ont représenté que (!) 20 % des importations alimentaires. Mais, à vrai dire, si on regarde sur une longue série les statistiques relatives aux achats de ce produit à l’extérieur, on se rend bien compte que, depuis 2002, le poids du blé dans la facture alimentaire reste toujours élevé : plus de 30%. Idem pour le maïs, dont la valeur des importations n’a fait qu’augmenter depuis 2002, même si son poids dans l’ensemble des importations de produits alimentaires est resté à peu près au même niveau (environ 13%). Il n’est jusqu’à l’orge, produit destiné surtout à l’alimentation du bétail, qui n’a vu sa facture tripler entre 2006 et les neuf premiers mois de 2007, passant de 289,3 MDH à plus de 900 millions. Au total, les approvisionnements en céréales (blé, maïs et orge) ont plus que doublé en valeur de janvier à septembre 2007 : 8,4 milliards de DH, contre 4,1 milliards à la même période de l’année dernière, soit une augmentation de 105,3 %.
La productivité des cultures céréalières reste faible
Il n’y a rien à dire, le secteur céréalier, dont la superficie en blé tendre (le plus cultivé et le plus consommé) a pourtant été multipliée par 4 en l’espace d’une vingtaine d’années (passant de 500.000 ha à 2 millions d’ha), a besoin d’être repensé. Bien sûr, il fait vivre encore de nombreuses familles, mais son rendement reste faible (environ 20 quintaux à l’hectare contre une moyenne de 60 ailleurs), sans parler de la qualité de sa production, qui laisse à désirer, à en croire les professionnels du blé.
En revanche, les importations de lait (en poudre principalement) restent quasiment stables depuis cinq ans : quelque 16.000 à 17.000 tonnes par an, soit une moyenne de 2% dans la facture alimentaire ; sauf sur les neuf premiers mois de 2007 où les achats ont augmenté et en volume (19.500 tonnes) et en valeur (542,2 MDH, contre une moyenne de 300 millions de DH les années précédentes).
Situation quasi identique pour le beurre : depuis 2002, le Maroc importe, à quelques centaines de kilogrammes près, la même quantité (environ 35.000 tonnes), sauf sur les neuf mois de cette année où seulement 18.700 tonnes ont été importées. Par contre, en valeur, la hausse a commencé dès 2005 : d’une moyenne de 525 MDH jusqu’en 2004, la facture pour ce produit tourne autour de 650 millions depuis 2005. Le recul des achats de ce produit en 2007 s’expliquant sans doute par la hausse des prix qui l’ont affecté puisque pour 18.700 tonnes importées seulement, la facture s’élève déjà à 356 MDH.
Le sucre, autre produit dont le Maroc importe chaque année entre 500.000 et 600.000 tonnes, a connu une hausse des prix vertigineuse en 2006. Pour la même quantité achetée en 2005 et 2004, la facture en 2006 a quasiment doublé : 2,3 milliards de DH, contre quelque 1,2 milliard les années précédentes. Mais cette année, une certaine accalmie est observée sur le prix du sucre : 1,5 milliard de DH pour 562.000 tonnes, soit la moyenne des achats et de la facture déboursée pour les années avant 2006.
La réduction de la dépendance alimentaire doit être une priorité
Il existe de nombreux autres produits (non pourvus de classification dans la nomenclature douanière), tous rangés dans la rubrique « autres produits alimentaires », et dont le volume ne cesse d’augmenter depuis 2004 (de 693.000 tonnes à plus de 1 million de tonnes à fin septembre 2007) tout autant que la valeur (près de 5 milliards de DH sur les neuf premiers mois de 2007, contre 5 milliards sur l’ensemble de l’année 2006).
Cela étant, si la facture alimentaire est en effet élevée, elle l’est par le fait qu’elle implique des sorties de devises, rognant ainsi sur les transferts des Marocains résidents à l’étranger (MRE) et des recettes de voyages, et aggravant le déficit de la balance commerciale.
Par ailleurs, pour les produits subventionnés comme le blé et le sucre, le poids sur la Caisse de compensation devient énorme, comme cette année. N’oublions pas cependant que, s’agissant de la subvention, l’Etat récupère une partie de sa mise par le truchement des droits de douane, certes fortement en baisse cette année, s’agissant du blé.
Mais quelle que soit l’importance des recettes pouvant provenir des droits de douane, lesquels, de toute façon, sont en baisse tendancielle, toute politique doit d’abord tendre à limiter au maximum la dépendance alimentaire. Nous sommes loin, pour le moment, d’être dans ce schéma.
La vie éco - Salah Agueniou
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