« Les résultats des différents programmes appliqués depuis la Conférence de Barcelone ont eu peu d’incidence sur le niveau de vie des citoyens de la région Meda. Le gap entre les deux rives de la Méditerranée reste encore très large », explique ce cadre au sein du ministère français des Finances. Venant d’une gestionnaire du partenariat Euromed et Affaires méditerranéennes, ce témoignage est fort. En clair, les objectifs que l’Union européenne s’est fixé à travers les programmes Meda n’ont pas été remplis, surtout celui ayant trait à la construction d’une zone de prospérité partagée à travers un partenariat économique et financier. Et cela vaut encore plus pour le Royaume.
Et pour cause : sur les trois pays du Maghreb, c’est bien le Maroc qui bénéficie de la plus grande manne de l’UE. Notre pays a bénéficié l’année dernière d’aides budgétaires et d’un financement direct sous forme de dons, soir 183 millions d’Euros, loin devant la Tunisie (71 ME) et l’Algérie (26 ME). Réforme de la fiscalité, assainissement, programme de soutien au développement institutionnel, mise à niveau de la stratégie migratoire et même un appui aux actions de réparation pour les régions touchées par les années de plomb, tout y est. Plus encore, le Maroc est une fois de plus à la tête des pays bénéficiaires de prêts de la Banque européenne d’investissement (BEI) avec, pour les années 2005-2006, un peu plus de 400 millions d’Euros de crédits. Il est question, cette fois-ci, d’emprunts pour les PME à travers la BMCE, de prêts pour la construction de routes rurales et autoroutes (alors que l’on attend depuis des mois déjà que les travaux de l’autoroute reliant Casablanca à Marrakech se terminent !), pour l’assainissement des petites villes ainsi que pour les infrastructures du logement social.
Enfin, les instances européennes vont réserver, pour la période 2007-2010 et dans le cadre du plan indicatif national (l’assistance technique en particulier), une enveloppe de 654 millions d’Euros, soit plus du double de la Tunisie et un peu moins que le triple de l’Algérie. Et pourtant, le constat des spécialistes de la question est clair et net. En substance, ils répètent tous que « les pays partenaires méditerranéens n’ont pas connu, à l’exception de la Tunisie, de processus de convergence économique avec les pays de l’UE ». La Commission européenne, à travers le nouvel outil de la politique européenne de voisinage (PEV), espère que les réformes dans les pays de la rive sud se multiplient afin que leur niveau de vie augmente. Mais ce vœu restera certainement pieux si le Maroc n’ouvre pas les chantiers des transformations nécessaires pour que ces programmes soient effectifs : réforme de la justice, alphabétisation accélérée, assainissement de l’administration et mise en place d’une bonne gouvernance.
Le Journal Hebdo